
( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / MARIO TAMA )
Un petit mieux mais un contexte toujours difficile: le groupe de spiritueux Rémy Cointreau a annoncé vendredi relever son objectif annuel de résultat, dont le recul devrait être moins marqué que prévu après l'accord trouvé début juillet sur les prix du cognac en Chine.
Pour autant, la maison mère du cognac Rémy Martin et de la liqueur Cointreau constate encore des "conditions de marché difficiles" dans ce pays, et anticipe des impacts plus forts qu'attendu liés au conflit commercial avec les Etats-Unis, ainsi que des effets de change marqués du fait de la force de l'euro.
Sur son exercice décalé 2025-26, le résultat opérationnel courant devrait reculer de quelques points (moins de 10%) hors variations de change et de périmètre, a indiqué l'entreprise, qui prévoyait précédemment une baisse pouvant approcher les 20%.
Après la signature d'un accord avec Pékin sur des engagements de prix minimum et au vu des dernières déclarations du président américain Donald Trump, Rémy Cointreau, particulièrement dépendant du cognac, a revu à la baisse l'impact maximal net total de ces deux conflits douaniers, désormais estimé à 45 millions d'euros contre 65 millions précédemment.
Ce calcul inclut des mesures de réduction de coûts (sur la logistique, la commercialisation) et les hausses de prix en Chine.
L'impact net anticipé sur le résultat est ainsi désormais de 10 millions en Chine, et non plus 40 millions.
En revanche, le groupe français envisage désormais 35 millions d'impact net venu des Etats-Unis, et non plus 25, alors que Donald Trump menace l'UE de relever ses droits de douane de 10 à 30% au 1er août.
- Réouverture des duty-free chinois -
Peu avant 13H, l'action Rémy Cointreau gagnait 6,3% à la Bourse de Paris, sur un marché globalement atone.
Au premier trimestre, son chiffre d'affaires a progressé de 1,8% à 220,8 millions de dollars, au-delà des attentes des analystes recueillies par Factset.
Cette hausse du revenu a été soutenue par une "très forte croissance" des ventes de cognac aux Etats-Unis (avec une base de comparaison favorable sur un an, quand les grossistes américains déstockaient).
Rémy Cointreau observe aussi "un recul limité des ventes de cognac en Chine", où les conditions de marché restent difficiles et le duty free est toujours inaccessible pour les eaux-de-vie de vin européennes sur fond de conflit avec l'UE sur la taxation des voitures électriques chinoises.
Le directeur financier Luca Marotta a évoqué vendredi un déblocage officiel acté sur les duty free. Les prévisions annuelles du groupe n'incluent à cette heure pas leur fermeture au-delà de l'été.
"Aujourd'hui la situation semble s'améliorer, officiellement ça ouvre, mais dans les faits il y a une différence entre la déclaration officielle et les opérations spécifiques", a-t-il dit lors d'un échange avec des analystes.
La performance du premier trimestre est en revanche pénalisée par la force de l'euro, qui a gagné 13% sur le dollar depuis le début de l'année, un facteur qui pèse sur les résultats des sociétés européennes au moment où elles convertissent leurs ventes à l'export.
Rémy Cointreau estime entre 50 et 60 millions d'euros pour l'année l'impact des devises sur son chiffre d'affaires (contre 30-35 millions auparavant). Sur le résultat opérationnel courant, ce serait 15 à 20 millions d'euros.
Le groupe anticipe un retour à la croissance organique de son chiffre d'affaires au second semestre, principalement portée par le "fort rebond +technique+" des ventes aux Etats-Unis.
En raison du "manque de visibilité macroéconomique persistant", Rémy Cointreau a en revanche retiré ses objectifs 2029-30, annoncés en 2020.
Dans ce contexte mouvant, il a indiqué vendredi qu'il profiterait de l'amélioration attendue en Chine pour investir, notamment dans ce pays.
Pour diversifier sa clientèle, il prévoit de lancer en septembre le cognac Rémy Martin VS en Afrique du Sud et au Nigeria, visant les 25-35 ans.
Enfin il a annoncé une prise de participation au capital de JNPR, jeune marque française de spiritueux sans alcool, profitant de la montée en puissance des boissons non alcoolisées.
Dans ce contexte général, toutes les marques de spiritueux souffrent. LVMH a fait état jeudi d'un recul de 8% au premier semestre de ses ventes de vins et spiritueux.
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