
( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / ROB KIM )
Le groupe de spiritueux Rémy Cointreau a annoncé vendredi l'abaissement de ses prévisions en raison de l'atonie des ventes aux Etats-Unis et de la morosité en Chine. Il anticipe désormais un recul "à deux chiffres" de son chiffre d'affaires annuel.
Le portefeuille de l'entreprise est très dépendant du succès du cognac (près des deux tiers de son chiffre d'affaires) et de la demande des Chinois pour cette boisson haut de gamme.
Or ce marché se contracte et la volonté de Pékin d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les eaux-de-vie de vin, en raison d'un conflit commercial avec l'Union européenne, assombrissent l'horizon pour Rémy Cointreau.
Cette dépendance aux ventes de cognac en Chine rend "cette période encore plus compliquée pour nous que pour nos concurrents" (Pernod Ricard avec Martell, LVMH avec Hennessy), a reconnu le directeur financier du groupe, Luca Marotta, lors d'une audioconférence avec des investisseurs et des analystes vendredi.
"Le manque de visibilité persistant relatif au calendrier de reprise aux Etats-Unis, associé à la détérioration des conditions de marché en Chine, conduisent Rémy Cointreau à mettre à jour ses hypothèses" pour l'exercice 2024-2025, avait indiqué un peu plus tôt le groupe dans un communiqué.
Au premier semestre de cet exercice décalé, le chiffre d'affaires a reculé de 16,2% à 533,7 millions d'euros, plombé par des baisses de prix mais surtout des baisses de volumes.
Rémy Cointreau, qui comptait auparavant sur une "reprise graduelle" de ses ventes, prévoit désormais "une nouvelle année de baisse (...) à deux chiffres" du chiffre d'affaires (hors effet des variations de change). Ce dernier avait déjà reculé de 19,2% en 2023-24.
Le groupe qui détient notamment le cognac Rémy Martin, la liqueur Cointreau ou le gin The Botanist, s'attend également à une "dégradation" de sa marge opérationnelle courante - un indicateur de rentabilité.
Pour éviter de trop grever ses marges, le groupe a annoncé un "plan de réduction des coûts de plus de 50 millions d'euros", dont les modalités n'ont pas été précisées.
Le directeur financier a simplement évoqué vendredi une "combinaison" de mesures d'économies, à différents stades de l'activité, et affirmé que le sujet serait davantage abordé lors de la présentation des résultats complets du semestre, le 28 novembre.
Vers 11H20 (09H20 GMT) à la Bourse de Paris, l'action reculait de 0,92% à 59,10 euros. Le titre a perdu près de la moitié de sa valeur depuis le 1er janvier (-48,65%).
- Impact des surtaxes -
Rémy Cointreau espérait un rebond aux Etats-Unis, où les ventes de cognac avaient fortement augmenté après la pandémie de Covid et où les grossistes ont constitué d'importants stocks. Une amélioration est finalement attendue "au plus tôt" au quatrième trimestre, selon Luca Marotta.
En Chine, le ralentissement de la demande se double, selon Luca Marotta, d'une forme de "honte" à s'afficher avec des produits luxueux, qui pénalise les catégories les plus chères et lucratives.
Rémy Cointreau s'attend à vendre encore moins au second semestre sur ce marché phare, où il doit de surcroît faire face aux surtaxes de Pékin, qui ont dépassé le stade de la menace.
Le groupe indique dans le communiqué avoir "pris acte de la décision provisoire (...) d'appliquer des droits de douane additionnels à hauteur de 38,1% sur les importations de cognac en Chine, à partir du 11 octobre 2024".
"Si ces droits provisoires étaient confirmés, l'impact sera marginal pour l'exercice 2024-25 et le groupe activerait son plan pour en atténuer les effets à partir de 2025-26", affirme Rémy Cointreau, sans plus de détails sur le plan en question.
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