(Actualisé avec réactions syndicales et patronales) PARIS, 4 décembre (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mardi la suspension pour six mois de mesures fiscales qui devaient entrer en vigueur au 1er janvier, dont la hausse de la taxe carbone, à l'origine du mouvement des "Gilets jaunes". Voici les principales réactions à ses annonces * BENJAMIN CAUCHY, un des porte-paroles du collectif des "Gilets jaunes libres", sur BFM TV "C'est l'annulation de la hausse des taxes sur les carburants que nous attendons de façon immédiate", a-t-il dit en précisant que la suspension annoncée par le Premier ministre ne l'empêcherait pas de "remettre la taxe en place d'ici six mois". * MARINE LE PEN, présidente du Rassemblement national, sur Twitter et à des journalistes à l'Assemblée : "Six mois ? Six mois... Sûrement un hasard si ça nous porte juste quelques jours après les élections européennes 2019." "Cela laisse suspecter qu'il s'agit là d'une mesure exclusivement électoraliste" "Il y a derrière tout cela une forme toujours d'intransigeance et en plus cette pincée d'électoralisme qui tombe particulièrement mal. Je crains hélas que ce moratoire soit analysé assez cruellement par ceux à qui la proposition est adressée" * NICOLAS DUPONT-AIGNAN, président de Debout la France, dans un communiqué "Les Français ne veulent pas un moratoire mais moins de taxes et plus de démocratie !" "Cette mobilisation citoyenne doit continuer et rester fidèle à l'esprit 'bon enfant' soutenu par près de 80% des Français. Il faut obtenir d'urgence que le gouvernement passe du moratoire pour 6 mois à l'annulation définitive des hausses de taxes sur l'énergie" * JEAN-LUC MÉLENCHON, chef de file de La France insoumise, sur Twitter "Macron et Philippe n'ont pas pris la mesure du moment. Ils annoncent des reports de taxe jusqu'à après les élections européennes. On n'apaise pas une révolution citoyenne avec ce genre d'artifices politiciens". * CHRISTIAN JACOB, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, à des journalistes "Nous demandons toujours la suppression, pas le report, des taxes prévues le 1er janvier 2019, mais aussi celles prévues en 2021 et 2022." "L'accélération de la trajectoire écologique ne figurait pas dans le programme de M. Macron." "Ce gouvernement est complètement acculé, pris de panique. Le Premier ministre a présenté ses mesures au groupe au lieu de les présenter à la représentation nationale, c'est n'importe quoi." * OLIVIER FAURE, Premier secrétaire du Parti socialiste, sur Twitter "Le gouvernement veut enfermer le débat dans une fausse alternative: écologie ou pouvoir d'achat, services publics ou impôts. Ce que nous demandons, c'est la justice fiscale, la lutte contre les inégalités sociales et territoriales, une discussion salariale." * FRANÇOIS DE RUGY, ministre de la Transition écologique et solidaire, sur Twitter "Le geste fort annoncé par le Premier ministre doit permettre de créer les conditions d'un dialogue et d'un arrêt des manifestations. Les problèmes de fond - niveau de vie, des impôts, aspiration à une démocratie plus directe, défi énergie-climat - seront débattus et traités." * GILLES LE GENDRE, président du groupe La République en Marche (LaRem) à l'Assemblée nationale, à la presse "Ça serait un recul si les choses étaient définitives, ce n'est pas le cas." "Un moratoire est une suspension. Nous ne renonçons en rien à la transition écologique, elle est indispensable." * MATTHIEU ORPHELIN, député LaRem et proche de Nicolas Hulot, dans un communiqué "Des mesures d'urgence étaient nécessaires pour l'apaisement de notre pays. (...) La suspension pour six mois dans la mise en place de la fiscalité écologique (...) était devenue inévitable." "Les 'Gilets jaunes' ont été entendus et les conditions sont maintenant rétablies pour que le pays retrouve la sérénité. (...) Le temps du dialogue et de la sortie de crise est venu!" * DAVID CORMAND, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, sur LCI "Je ne salue pas ce geste." "L'écologie y perd et le social y perd parce que le prix de l'essence va continuer d'augmenter avec ou sans taxe." * L'association FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT, dans un communiqué "Ce moratoire est une grave erreur : les taxes écologiques ne représentent qu'entre 7 et 8% du prix des carburants et le pétrole va continuer à se raréfier donc son prix à augmenter. Cette décision est consternante, c'est encore l'écologique qui trinque ... renoncer à la taxe carbone ne permettra pourtant pas de résoudre durablement les fins de mois difficiles des Français !" * La CFDT, par communiqué "La CFDT se félicite que le gouvernement ouvre enfin le dialogue. (...) La CFDT appelle plus que jamais à la construction d’un pacte de la conversion écologique." "La CFDT appelle également les chefs d’entreprises et les organisations patronales à s’engager vers un partage plus juste de la valeur créée. De véritables négociations sur les salaires dans les entreprises et les branches doivent être ouvertes." "La CFDT revendique que les revenus et patrimoines les plus élevés contribuent davantage à la solidarité nationale." *FORCE OUVRIÈRE, par communiqué L'annonce du Premier ministre sur le moratoire "répond à une demande faite notamment par FO pour permettre l’installation d’un dialogue". "FO constate que le gouvernement ne semble pas bouger sur le smic. La hausse indiquée de 3% correspond en effet au 1,8% attendu du seul fait de l’inflation et de l’effet du basculement des cotisations sociales sur la CSG." * Fabrice Angeï, SECRÉTAIRE NATIONAL DE LA CGT, à Reuters: "Trop peu, trop tard et à côté de la plaque, avec des annonces qui sont aujourd'hui un tour de bonneteau (...) comme sur le smic. On n'est pas sur un coup de pouce, c'est l'évolution normale de moins de 2% plus la prime d'activité. "Ces mesures ne répondent pas à l'urgence sociale, à la difficulté de boucler les fins de mois. (...) Donc il faut amplifier le mouvement. C'est pour ça que la CGT demande partout, dès à présent, une tenue dans les entreprises, les administrations, d'assemblées générales de salariés pour établir des cahiers revendicatifs et des modes d'action". (Elizabeth Pineau, Myriam Rivet, Julie Carriat et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)
Réactions politiques aux annonces d'Edouard Philippe
information fournie par Reuters 04/12/2018 à 18:12
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