Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a demandé lundi à Washington d'expliciter les risques pour la "sécurité nationale" qui l'ont conduit à rejeter l'acquisition de l'aciériste américain U.S. Steel par Nippon Steel, afin de "dissiper l'inquiétude" des industriels nippons pour leurs investissements.

( AFP / RICHARD A. BROOKS )
"Ils doivent être capables d'expliquer clairement en quoi" ce projet de prise de contrôle de U.S. Steel par le géant japonais de la sidérurgie "constituait un souci pour la sécurité nationale" des Etats-Unis, a indiqué M. Ishiba lors d'une conférence de presse.
Désormais, "il est malheureusement vrai que le monde industriel japonais s'inquiète de l'avenir des investissements (aux Etats-Unis). Nous demandons instamment au gouvernement américain de prendre des mesures pour dissiper ces inquiétudes", a-t-il ajouté.
Le président américain Joe Biden a annoncé vendredi qu'il bloquait le rachat de U.S. Steel par le géant japonais de la sidérurgie, une opération annoncée en décembre 2023 pour 14,9 milliards de dollars.
Cette fusion "placerait l'un des plus grands producteurs américains d'acier sous contrôle étranger et poserait des risques pour notre sécurité nationale et nos chaînes d'approvisionnement essentielles", a expliqué Joe Biden, qui quittera ses fonctions le 20 janvier pour laisser la place à Donald Trump.
"Une industrie sidérurgique forte, détenue et exploitée au niveau national, représente une priorité essentielle", a-t-il souligné.
Les Etats-Unis sont le premier importateur mondial d'acier, un secteur dominé, de manière écrasante, par leur grande rivale, la Chine.
Le ministre nippon de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie Yoji Muto avait peu après jugé "incompréhensible et regrettable que le gouvernement Biden ait pris une décision de ce type en invoquant des préoccupations pour la sécurité nationale".
"Ce n'est pas une décision contre le Japon, nous avons été en contact avec eux et leur avons partagé nos impressions", a cependant assuré la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre.
Un panel chargé d'évaluer les conséquences de l'éventuel rachat sur la sécurité nationale des Etats-Unis avait refusé de se prononcer fin décembre, renvoyant la question à Joe Biden, qui disposait de 15 jours pour se prononcer.
L'opération s'est retrouvée au cœur de la campagne présidentielle aux Etats-Unis cet automne, car elle concerne au premier chef la Pennsylvanie, Etat stratégique sur le plan électoral et aussi berceau de l'aciérie aux Etats-Unis.
Donald Trump, qui campe sur des positions protectionnistes, avait lui aussi affiché son opposition au rachat de U.S. Steel, à l'instar d'une très grande partie du monde politique américain, républicains et démocrates confondus.
"Je suis totalement contre le fait qu'US Steel, autrefois grand et puissant, soit racheté par une entreprise étrangère", avait-il lancé début décembre.
Des groupes d'entreprises japonais et américains avaient exhorté mi-septembre à ne pas succomber aux pressions politiques lors de l'examen du projet d'acquisition d'U.S. Steel.
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