( AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT )
Reporters sans frontières et des syndicats de journalistes ont annoncé jeudi avoir saisi la justice administrative et l'Autorité de la concurrence pour examiner les conséquences du rachat prochain du magazine Challenges par le géant du luxe LVMH .
LVMH, propriété du milliardaire Bernard Arnault, détient déjà, entre autres, le groupe Les Echos-Le Parisien, qui comprend les quotidiens éponymes et Radio Classique. Il a aussi racheté cette année la totalité du quotidien libéral L'Opinion et du site d'actualité financière L'Agefi, dont il détenait déjà des parts.
Le groupe doit acquérir le 31 décembre le magazine économique Challenges ainsi que Sciences et Avenir et La Recherche, après un accord trouvé fin septembre avec leur actionnaire majoritaire actuel, Claude Perdriel.
Selon RSF et les syndicats SNJ, SNME-CFDT et SNJ-CGT, cela permettrait à Bernard Arnault "d'exercer une mainmise sur l'ensemble des principaux titres économiques du pays" et cela limiterait "le droit des citoyens à une information fiable, pluraliste et indépendante".
"Ce risque est d'autant plus important que Bernard Arnault a exprimé sa volonté de remettre en cause les garanties d'indépendance de la rédaction et de modifier la ligne éditoriale de Challenges", soulignent-ils dans un communiqué.
Ainsi "RSF et le SNJ ont déposé une requête d'urgence devant le tribunal administratif de Paris", que l'AFP a consultée, dans le but que "la France mette en œuvre le contrôle des concentrations sur le plan du pluralisme et de l'indépendance éditoriale".
Contacté par l'AFP, LVMH n'a pas fait de commentaire.
De plus, le SNJ, le SNME-CFDT et le SNJ-CGT ont saisi l'Autorité de la concurrence "afin qu'elle se prononce sur l'abus de position dominante du groupe LVMH résultant de cette opération" selon eux.
Ces procédures ne peuvent toutefois suspendre la vente fin décembre.
La France, 25e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, est "régulièrement pointée du doigt en matière de concentration des médias sans garantie suffisante d'indépendance des rédactions", relèvent-ils.
En novembre, les rédactions de Challenges, Sciences et Avenir et La Recherche avaient demandé à Bernard Arnault, sans succès selon elles, de signer leurs "chartes d'indépendance" sous leurs formes actuelles.
Jeudi, les sociétés des journalistes des trois titres ainsi que leurs représentants syndicaux ont déclaré espérer que les actions engagées en justice "feront prendre conscience aux pouvoirs publics et aux acteurs concernés de la nécessité de préserver le pluralisme des médias".
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