Panneau devant le bâtiment de la BCE à Francfort
par Francesco Canepa et Balazs Koranyi
La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu jeudi ses taux directeurs et a adopté un point de vue plus positif sur l'économie de la zone euro qui a fait preuve de résilience face aux chocs commerciaux dans le monde.
L'institution de Francfort a revu à la hausse plusieurs de ses projections de croissance et d'inflation pour le bloc monétaire, ce qui ferme probablement la porte à de nouvelles baisses de taux directeurs à court terme.
Le taux de dépôt reste ainsi à 2,0% et celui du refinancement à 2,15%. Ce statu quo est le quatrième d'affilée dans le cycle d'assouplissement monétaire de la BCE après des décisions similaires prises en juillet, septembre et octobre.
"L'inflation a été revue à la hausse pour 2026, principalement parce que les experts (de la BCE) s'attendent maintenant à ce que l'inflation des services diminue plus lentement", écrit la BCE dans un communiqué de politique monétaire publié à l'issue de sa réunion.
Les chiffres récents de la croissance dans la zone euro ont dépassé les attentes de la BCE, soutenus par les exportations qui ont résisté mieux que prévu aux droits de douane américains et par les dépenses intérieures qui ont compensé la fragilité du secteur manufacturier.
L'inflation, quant à elle, oscille autour de l'objectif de 2% de la BCE, stimulée par les hausses de prix dans le secteur des services, et devrait se maintenir à ce niveau dans un avenir prévisible.
Des données plus positives ont déjà conduit les investisseurs à tirer un trait sur un cycle d'assouplissement qui a vu la BCE réduire de moitié son taux directeur, passant progressivement de 4% à 2%.
La dernière baisse des taux de la BCE remonte à la réunion du 5 juin où les coûts d'emprunt avaient été réduits de 25 points de base.
La BCE garde cependant officiellement ses options ouvertes et a redit jeudi qu'elle fixerait les coûts d'emprunt "réunion après réunion" en fonction des données entrantes et qu'elle "ne s'engageait pas à l'avance sur une trajectoire de taux prédéterminée".
Une majorité d'économistes interrogés par Reuters avait estimé le mois dernier que la BCE maintiendrait ses taux directeurs à leur niveau actuel au moins jusqu'à la fin de 2026, tandis que les marchés monétaires tablaient avec une probabilité de seulement 10%, avant la décision de l'institution de Francfort, sur une baisse des coûts d'emprunt d'ici décembre 2026..
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, doit commenter les annonces de l'institution lors d'une conférence de presse prévue à 13h45 GMT.
RÉVISION DES PROJECTIONS DE CROISSANCE ET D'INFLATION
La BCE s'attend désormais à une croissance économique de 1,4% cette année, de 1,2% en 2026 et de 1,4% en 2027 et 2028.
Les économistes du secteur privé s'attendent eux aussi à ce que la croissance se poursuive l'année prochaine, soutenue par les investissements prévus par l'Etat allemand dans la défense et les infrastructures et par un marché du travail relativement tendu.
"Un marché du travail stable, un secteur des services en croissance et la relance budgétaire allemande donneront un coup de fouet à l'économie de la zone euro dans les mois à venir", prédit Felix Schmidt, économiste chez Berenberg.
Les prévisions d'inflation de base de la BCE pour 2026-2027 ont également été revues à la hausse.
Ces prévisions sont essentielles car elles excluent l'effet d'un retard du nouveau système d'échange de quotas d'émission de carbone de l'Union européenne, qui entraînera mécaniquement une baisse de l'inflation globale en 2026-2027 et une hausse en 2028.
Parmi les facteurs susceptibles de peser sur l'inflation, figurent la vigueur de l'euro par rapport au yuan chinois et au dollar américain. D'autant que la devise américaine pourrait encore baisser si la Réserve fédérale réduit ses taux plus rapidement sous la houlette d'un nouveau président.
"Quand on regarde la balance commerciale de l'Europe, il semble que le problème de compétitivité soit beaucoup plus prononcé par rapport à la Chine que par rapport aux Etats-Unis. Pour moi, le taux de change à regarder n'est pas le dollar-euro, mais l'euro-renminbi", a déclaré Isabelle Mateos y Lago, cheffe économiste chez BNP Paribas, faisant référence à l'autre nom du yuan.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)

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