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Pourquoi et comment investir en actions dans le "monde d’après" ? (2e partie)
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 25/06/2020 à 13:50

François d'Hautefeuille
François d'Hautefeuille

François d'Hautefeuille

Evariste Quant Research

Cofondateur & président

https://www.evariste-quant-research.com/

1.    La crise coronavirus est en train de refonder en profondeur la structure économico politique mondiale.
2.    La croissance mondiale va sans doute mieux s'équilibrer entre la Chine et le reste du monde
3.    L'Union Européenne va certainement être profondément restructurée du fait de cette crise
4.    Dans un tel environnement, nous pensons que les actions vont fortement surperformer les obligations mais aussi sans doute les actifs réels comme l'or et l'immobilier dans les années qui viennent

Quelle vision du monde pour quelle stratégie financière ?

La mise en place d'une stratégie d'investissement doit toujours reposer sur une vision politico économico financière. Cette « Weltanschauung » définit la structure et la tendance long terme de la société et des marchés.
Nous pensons que la crise coronavirus est en train de remodeler profondément la structure géo économico mondiale.
Nous commencerons donc par étudier cette révolution en mouvement avant de nous interroger sur les implications financières de ces évolutions.

Qui va gagner la guerre WWC  (World War Coronavirus), les Démocraties ou les Empires?

Si on regarde les statistiques de l'OMS, les perdants de la guerre Coronavirus semblent être les gagnants de la dernière guerre mondiale (WWII). Ce sont les USA, le Royaume-Uni, et la France qui sont dans le peloton de tête du plus grand nombre de morts.
Emmanuel Todd a identifié la chute de l'Union Soviétique en étudiant la hausse du taux de décès des enfants de moins d'un an. Sommes-nous au bord d'un tel effondrement des démocraties occidentales ? Un certain nombre d'évènements récents pourraient le faire penser.

Démocratie des Lumières ou Despotisme Eclairé des Empires?

Ainsi, une autre évolution majeure et inquiétante pour les Démocraties occidentales a été la remise en cause par le mouvement « Black Live Matters » des géants fondateurs mêmes de ces démocraties.
Personne ne peut critiquer la défense de l'égalité de tous face à la Loi, fondement même de nos démocraties. Mais comment imaginer qu'un tel mouvement puisse profaner les Pères Fondateurs de nos libertés et de notre prospérité comme Washington, Churchill, ou même De Gaulle?

Orwell avait-il raison ? Vers une fronde des GAFAs ?

Une deuxième illustration de cette remise en cause des principes Westphaliens de primauté de l'Etat sur les puissants peut être illustrée par la tentative de Twitter, Facebook de censurer les propos du Président Trump (sur un sujet aussi politique que le risque de fraude dans le vote par correspondance). Là encore, on est en pleine dérive Orwellienne de censure de ce que d'Alembert appelaient dans son introduction à l'Encyclopédie « Le Libre Commerce des Idées ».

Le savant ou le politique ?

Une troisième illustration de cette remise en cause des Lumières est donnée par le débat idéo scientifique autour de la chloroquine. Comment ne pas s'étonner que des revues aussi prestigieuses que le Lancet publient des études aussi pseudos scientifiques que celle tant médiatisée hâtivement sur la chloroquine, très vite adoubée par l'OMS alors qu'elle s'est avérée fallacieuse.

Allons-nous vers une fin de la primauté des Démocraties Occidentales ?

Certains voient déjà dans cette fragilité apparente des démocraties occidentales la venue d'un nouvel Ordre Mondial qui va transférer des USA vers la Chine ou/et les GAFAs le leadership économique mondial.

Vers la fin du Progrès et des Lumières?

Nous ne partageons pas ces analyses collapsistes. L'Histoire a montré que c'est quand les démocraties ont l'air faibles qu'elles sont en fait les plus fortes. Le désordre apparent et l'instabilité politique montrent de fait leur capacité à mobiliser leur intelligence collective pour restructurer leurs systèmes politico économiques. Ces périodes charnières de redéfinition de l'Ordre Mondial sont sans doute proches de celles que nous traversons actuellement.
C'est grâce à la Révolution des Lumières que la croissance a explosé via les grandes démocraties (UK, France et USA).

Evolution du PIB mondial sur les deux derniers millénaires. (source : World GDP)

Evolution du PIB mondial sur les deux derniers millénaires. (source : World GDP)

Pas de liberté et de richesse sans démocratie et capitalisme

Tout historien, financier, homme politique et homme d'affaire sait bien que la liberté et la prospérité des démocraties est intimement ancrée dans les valeurs des Lumières. De fait, c'est grâce à ces valeurs que les démocraties occidentales ont pu supplanter 2000 ans de suprématie chinoise au niveau de la création de richesse via la révolution scientifique des Lumières et industrielle du 19e siècle.

La nouvelle guerre froide a commencé.

En reniant la doctrine de Deng Xiao Ping « un pays, deux systèmes » qui garantissait le statut de Hong Kong, le PCC (Parti Communiste Chinois) a révélé une dérive militaro industrielle.  On peut donc déjà anticiper un affaiblissement progressif de la Chine dans les années qui viennent. De fait, la restructuration des chaines de production mondiales liée non seulement aux taxes de 25% sur les importations USA, mais aussi à la crise coronavirus et à la mise en exergue de la sur-dépendance stratégique de l'Europe dans ses chaines de production, vont forcément se traduire par une réallocation de la croissance mondiale hors de Chine vers d'autres zones de production.

C'est là la raison majeure de notre confiance dans la surperformance des actions sur les obligations dans les années qui viennent. De fait, un tel scénario va libérer un grand potentiel de croissance et d'épargne jusqu'à présent accaparé par la Chine depuis 20 ans via le rapatriement hors de Chine de capacités de production et donc de croissance.

La Chine s'est accaparée une part majeure de la croissance mondiale depuis 20 ans, retrouvant son leadership millénaire dans la production économique mondiale. L'Inde va-t-elle la rejoindre ? L'Italie va-t-elle retrouvé sa place après 20 ans de stagnation ?

PIB comparé des principales puissances mondiales (source : Visual Capitalist)

PIB comparé des principales puissances mondiales (source : Visual Capitalist)

Vers une Europe nouvelle ou une Nouvelle Europe ?

On ne peut qu'admirer la prise de conscience politique de la Commission d'Ursula von der Leyen, ainsi que de la mobilisation de la Chancelière Merkel et du Président Macron face à cette montée d'un risque existentiel pour l'Europe dans la période de transmondialisation dans laquelle nous entrons.

L'Europe, sinon le déclin

Nul ne peut nier que tout effondrement de l'Europe en tant qu'entité politique serait catastrophique pour la prospérité de nos pays. Mais ne peut-on s'interroger si un transfert de pouvoirs budgétaires régaliens vers une telle entité supra nationale peut se concevoir, tant que l'ancrage démocratique des Institutions Européennes n'aura pas été renforcé. C'est la question fondamentale soulevée par la Cour Constitutionnelle Allemande quand elle nie l'existence d'un Peuple Européen représenté au niveau des Institutions Européennes. Une alternative serait sinon de revenir au fonctionnement de l'Union Monétaire de Napoléon III via l'Union Latine. Une telle union monétaire a fonctionné sans union politique mais grâce au leadership éclairé de la Banque de France.

Quel impact d'un tel Nouvel Ordre Mondial sur les stratégies d'investissement ?

Si nos analyses sont correctes, c'est donc l'ensemble des stratégies d'investissement telles que nous les avons connues depuis 30 ans qui doivent être remises en cause.

De fait, la sino-mondialisation était basée sur un accaparement de l'épargne mondiale par la Chine via des circuits de stérilisation de l'épargne (« forced saving ») qui permettaient au système financier global de financer la sur croissance chinoise. Contrairement à ce que beaucoup croient, nous pensons que la Chine reste très dépendante de l'épargne mondiale via la finance offshore.

Pourquoi investir en actions ?

Du fait de l'affaiblissement de la Chine dans la production mondiale, on peut anticiper un risque de remontée de l'inflation mais aussi des taux réels qui sont forcément liés à la croissance structurelle via le taux naturel.
En revanche, cette évolution va permettre une meilleure diffusion de la croissance mondiale dans des zones jusqu'à présent peu irriguées par l'épargne mondiale, à commencer par l'Inde de Modi, et l'Afrique, la dernière frontière de la mondialisation.
Dans ce contexte, nous pensons que les obligations en particulier long termes offrent une espérance de rendement très limitée par rapport aux actions.

Vers la fin de 20 ans de stagnation européenne ?

De fait, si l'Italie sort de sa stagnation de 20 ans pour revenir vers une croissance de son PNB par habitant autour de 1% du fait d'une politique européenne moins stagnationistes, et qu'elle récupère en plus un peu des 20% de retard accumulés sur l'Allemagne (en supposant que la richesse humaine de l'Italie ne s'est pas effondrée dans une telle ampleur face à l'Allemagne), on peut déjà penser que le taux naturel obligataire Européen reviendra vers les niveaux de 3/9% conformes à la Stabilitaetspolitik Allemande sur la période 1960/1990.

Dans un tel scénario de « dé-japonification » de l'Europe, on peut penser que les obligations vont stagner par rapport aux actions dont la valorisation est plus directement liée à la croissance réelle et nominale.

Quels fonds actions choisir ?

Nous recommandons de sélectionner des fonds à forte valeur de croissance comme Comgest, Moneta ou via des techniques équivalentes en intelligence artificielles. Cette approche à la Warren Buffett de focaliser ses investissements que sur les valeurs les plus capables à générer une croissance des résultats est absolument fondamentale.

De la même manière, nous recommandons une diversification géographique en dehors des actions européennes. Certes, l'Europe a ses propres GAFAS que sont surtout ses valeurs luxes comme LVMH, Hermès et Kering, mais c'est avant tout en construisant un portefeuille actions mondiale le plus décorrélé possible qu'un investisseur peut minimiser le risque diversifiable de son portefeuille et donc optimiser son investissement.

Amazon a connu une croissance annuelle de 18% depuis 20 ans, LVMH autour de 10%, Saint Gobain 1.65% et l'Euro Stoxx 50 seulement 0.63%...

(Crédits photo : Pexels - Porapak Apichodilok)

(Crédits photo : Pexels - Porapak Apichodilok)

Quels ETFs actions choisir ?

Nous recommandons un mélange d'ETFs par grandes zones géographiques, comme le Ishare MSCI Europe, l'ETF Nasdaq QQQ US ou son équivalent Europe comme par exemple le Lyxor Nasdaq UST FP. Pour les actions émergentes, on peut utiliser le EEM US si on a accès aux marchés US, ou son équivalent Européen. Enfin, et surtout, nous recommandons d'investir dans les MSCI World qui donne une diversification optimale via par exemple le Lyxor MSCI World WLD FP.

Tous ces ETFs permettent d'investir pour un montant minime sur des portefeuilles extrêmement décorrélés et pour des frais de gestion modiques (autour de 60 bps pour l'Europe, et 20 bps pour les ETFs USA) avec un bid / ask très limité (autour de 1 bps aux USA et 20 bps en Europe), le tout pour un coût de transaction très faible (autour de 1 bps aux USA avec un cout minimum de 1 USD et 10 bps en Europe avec un coût minimum autour de 4 EUR)

Conclusion

Nous pensons que les analyses hyper pessimistes actuelles sous estiment l'impact du changement de la structure mondiale. La dé-sinisation de la mondialisation va permettre mettre un modèle de croissance mondiale plus équilibré. Cette transition est déjà préparée par les politiques monétaires hyper expansives des banques centrales et des déficits budgétaires. Le risque n'est donc pas une dépression mais une inflation liée à la capacité des banques centrales à bien jauger les besoins monétaires des économies.

Dans les deux scénarios, nous anticipons une sur performance des actions par rapport aux obligations avec un retournement majeure des tendances séculaires des 30 dernières années qui ont vu l'inflation et la croissance reculer dans les pays occidentaux.

1 commentaire

  • 25 juin 14:08

    Le luxe n'est peut etre plus la valeur montante. Debut rotation sectirielle de growth vers value. Surtout si les taux d'interet remontent après la crise actuelle.


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