
Pictet qui estime que «le potentiel de hausse des actions correspond à la croissance 2018 des bénéfices (9% en Europe, 10% aux Etats-Unis et 15% en Chine). (crédit : Adobe Stock)
Alors que certains observateurs pointent la montée des risques pour la période à venir, les perspectives dressées par Pictet Wealth Management sont, elles, plutôt optimistes. De quoi mettre du baume au cœur des investisseurs. A condition toutefois d'éviter quelques écueils...
«Nous ne voyons pas de récession se profiler». Ces mots sont de Christophe Donay, responsable de l'allocation d'actifs et de la recherche macroéconomique de Pictet dans la note qui accompagne la présentation des perspectives 2018 de la banque suisse.
Pourtant, l'idée agite bon nombre d'économistes qui ont les yeux rivés de l'autre côté de l'Atlantique. Avec le scénario suivant : une fin de cycle de l'économie américaine en 2018 qui entrainerait une chute des marchés US et, dans la foulée des Bourses européennes.
C'est ce risque qu'écarte d'emblée, le chef stratège de Pictet. Avec un argument central : certes, le cycle américain est le deuxième plus long depuis l'après-guerre mais, selon lui, il ne faut pas se contenter de ce simple paramètre. Il considère que pour enclencher un retournement, il faut que le phénomène d'accumulation atteigne son apogée, tant sur le front du crédit, de l'investissement que de la consommation. On parle de densité du cycle économique.
Hors pour Christophe Donay si le cycle américain est bien le deuxième plus long depuis l'après-guerre, sa densité n'arrive qu'en quatrième voire cinquième position. Un cycle long mais mou qui devrait donc se poursuivre
Une reprise mondiale intacte et synchronisée
Une fois ce risque écarté, Pictet remarque que le baromètre mondial est au beau fixe, avec très peu d'économies en récession. La diffusion de la croissance dans la plupart des économies de la planète est une autre raison de croire à la poursuite du cycle. D'autant que, fait remarquer Christophe Donnay, certains pays viennent à peine de sortir de la déflation comme le Brésil, la Russie, voire même la zone euro : «Les indicateurs avancés indiquent une croissance économique résiliente dans les mois à venir. Au sein des marchés développés, l'Europe présente la plus forte accélération.»
Si l'économie reste bien orientée, l'année 2018 serait donc une nouvelle année de progression pour les marchés financiers ? C'est effectivement le scénario central de Pictet qui estime que «le potentiel de hausse des actions correspond à la croissance 2018 des bénéfices (9% en Europe, 10% aux Etats-Unis et 15% en Chine)».
Trois risques de déception
Attention toutefois, les niveaux de valorisation actuels laissent peu de place à la déception (surtout si la croissance des bénéfices n'est pas au rendez-vous), avec un PER à 12 mois qui plafonne non loin de 18 sur le S&P 500 et à 15 pour le Stoxx Europe 600.
Et des risques de déception, Christophe Donnay en identifie trois. Le premier, estimé, peu probable, est d'ordre politique et de citer l'exemple d'une possible alliance entre le mouvement 5 étoiles et Silvio Berlusconi en Italie qui aurait pour effet de faire remonter l'euroscepticisme.
Le deuxième, bien connu, reste géopolitique avec la zone pacifique comme théâtre principal de préoccupation. Même si jusqu'à aujourd'hui la virulence des échanges entre Donald Trump et Kim Jong-Un a eu peu de répercussions concrètes. «Pour l'instant, rassure Christophe Donay, ce ne sont que des tweets. Tant que le rationnel prend le pas sur les egos, le risque reste limité.»
Ne pas se prendre les pieds dans le tapis
Reste le troisième écueil peut-être le plus plausible. Celui d'une erreur de politique économique. Elle pourrait venir des banques centrales. Engagées dans la normalisation monétaire lente mais sans vouloir provoquer de choc sur les marchés et l'économie réelle, BCE, Fed et les autres vont devoir continuer à manoeuvrer avec douceur et précision. Si elles venaient à perdre en crédibilité ou si elles opéraient un resserrement monétaire plus rapide que prévu, une défiance des investisseurs pourrait entrainer une correction des marchés.
L'erreur de politique pourrait aussi venir de la Chine. Si Pictet exclut une correction cette année, la banque suisse note quand même que le pays a la mission délicate de faire «atterrir son taux de croissance sans krach ni récession, ce qu'aucun pays émergent n'a réussi à faire», note Christophe Donay. Les autorités en sont bien conscientes et vont essayer de faire ralentir la croissance de la dette pour la faire coincider avec celle du PIB mais tout écart dans cet exercice d'équilibriste pourrait faire dérailler l'économie chinoise. Le chef stratége de Pictet le reconnait : «C'est une question de convictions. Depuis plusieurs années, les autorités chinoises montrent qu'elles savent faire ce pilotage. Le risque n'est donc pas nul, mais nous considérons qu'il est faible.»
Selon la banque suisse, les conditions sont donc réunies pour faire de 2018 une nouvelle année de hausse pour les action. A condition toutefois que ni les banquiers centraux, ni les dirigeants politiques ne se prennent les pieds dans le tapis...
Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)
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