Selon le PDG de Total, c'est l'équivalent de deux fois la production de l'Arabie saoudite qu'il faudra trouver d'ici 2020/ (crédit : fotolia)
Nouvel accès de faiblesse sur les prix du brut. Le cours du Brent se replie de plus de 5,30% depuis le début de la semaine et flirte désormais avec la barre des 45 dollars. Même sanction pour le WTI, qui voisine désormais les 43 dollars le baril.
Depuis le début de l'année, c'est la dégringolade : le cours de l'or noir a cédé près de 20%. Sans surprise, le coup de tabac sur l'or noir a affecté les valeurs du secteur aujourd'hui : Vallourec cédant 5,83%, TechnipFMC 1,89% et Total 1,32%.
La Libye de retour sur le marché
Cette fois-ci, c'est notamment la production libyenne qui a précipité la baisse des cours. Exemptée de l'accord de la réduction de production mis en place par l'Opep en raisons des problèmes politiques que rencontre toujours le pays, le pays a réussi à revenir à son niveau de production d'il y a quatre ans et selon Bloomberg, celui-ci se monte désormais à 900.000 barils / jour (ce qui reste faible pour une production mondiale qui tourne autour de 96 millions de barils / jour).
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Toujours selon Bloomberg, il y aurait également désormais pas moins de 5.946 puits forés mais pas encore complétés aux Etats-Unis à la fin du mois de mai, un record depuis trois ans.
Interrogé sur le plateau d'Ecorama, Patrick Pouyanné n'est pourtant pas particulièrement inquiet sur la tendance des prix du pétrole. A moyen terme, le PDG de Total explique que le plein effet des réductions de production de l'Opep n'est atteint que depuis avril et qu'il va commencer à se faire sentir dans les deux trimestres qui viennent alors que c'est pendant l'été que la demande de pétrole augmente.
Deux fois la capacité de l'Arabie saoudite
A plus long terme, c'est même un risque de pénurie qui est évoqué par le dirigeant de la major pétrolière.
La prévision peut sembler alarmiste dans le contexte actuel mais il en fait la démonstration assez simplement. La demande de brut va continuer d'augmenter dans les années à venir. Mais dans le même temps, les groupes pétroliers, pénalisés par la baisse des prix des années passées, ont dû drastiquement réduire la voilure côté nouveaux projets. Résultat : «Cela fait trois années de suite où les investissements dans de nouveaux projets sont extrêmement faibles, on va manquer de pétrole à horizon 2020.»
Pourquoi 2020 ? Le PDG de Total l'explique : «Un gisement de pétrole connaît un déclin naturel. Au fur et à mesure, la production des gisements mondiaux décline à cause de la baisse de pression dans les puits. Ce déclin est de 3% par an. Sin vous prenez ces 3% par an, cela représente 3 millions de barils par jour. Si vous ajoutez 1% de demande mondiale en plus, ce qui est faible car nous sommes à un niveau supérieur aujourd'hui, vous avez 4 millions de baril par jour. En cinq ans, cela représente 20 millions de barils par jour en plus à trouver, soit deux fois la capacité de l'Arabie saoudite. Ça ne se voit pas tout de suite parce que cette absence d'investissement produira ses effets dans trois quatre ans.»
Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)
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