VARSOVIE, 11 décembre (Reuters) - Le compromis européen sur le budget pluriannuel et le fonds de relance post-COVID a amplifié les divergences au sein de la coalition au pouvoir en Pologne même si des sources gouvernementales excluaient vendredi un risque d'éclatement.
"La décision d'accepter cette clause dans le paquet budgétaire sans garanties juridiquement contraignantes est une erreur", a dénoncé sur Facebook le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro, figure du petit parti ultraconservateur Pologne solidaire (Solidarna Polska), membre de la coalition.
Estimant que le Premier ministre Mateusz Morawiecki, du parti Droit et Justice (PiS), n'aurait pas dû l'accepter, il a réclamé des discussions au sein de la coalition.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne réunis en sommet à Bruxelles sont parvenus jeudi à un compromis pour permettre le déblocage du budget pluriannuel et du fonds de relance post-COVID de l'UE en levant le double veto de la Hongrie et de la Pologne.
La Hongrie et la Pologne avaient opposé leur veto le mois dernier à ce projet de budget pluriannuel 2021-2027, d'un montant de 1.100 milliards d'euros, et au plan de relance, calibré à 750 milliards.
Les deux pays, qui font actuellement l'objet des procédures européennes pour des atteintes à l'indépendance de la justice ou des médias, refusaient une clause conditionnant le versement des fonds au respect de l'état de droit.
L'Allemagne, qui assure la présidence tournante de l'UE, est néanmoins parvenue à un compromis intégrant une déclaration qui précise que le lien entre état de droit et déblocage des fonds sera appliqué objectivement et à la seule fin de garantir une utilisation appropriée de l'argent versé par l'UE, et non pas dans le but de sanctionner des pays dans le cadre de procédures distinctes relatives à l'état de droit.
Décider d'opposer ou non le veto polonais à ce paquet financier avait déjà mis à l'épreuve en novembre dernier l'unité de la coalition polonaise.
L’autre partenaire de la coalition au pouvoir, le plus centriste et pro-européen Porozumiene (Entente), dirigé par le vice-Premier ministre Jaroslaw Gowin, a soutenu pour sa part le compromis de jeudi.
"Nous souhaitons en appeler à la solidarité et je crois que la responsabilité l'emportera pour la Pologne", a déclaré Gowin vendredi, espérant éviter un éclatement de la coalition et un retour anticipé aux urnes.
Des membres du gouvernement soulignent eux que les désaccords au sein de la coalition sont un signe de diversité, pas d'un risque imminent de dislocation.
(Joanna Plucinska, Alan Charlish et Pawel Florkiewicz version française Diana Mandiá, édité par Henri-Pierre André)
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