Les marchés mondiaux seront focalisés sur les réactions et les ripostes aux droits de douane annoncés le 2 avril par les États-Unis, qui pourraient occulter d'autres évènements clés.
Entre ouverture de la saison des résultats aux États-Unis, indicateurs de politique monétaire et de stabilité budgétaire et cours record de l'or, tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :
1/ LA SAISON EST OUVERTE
La saison des résultats du premier trimestre débutera vendredi avec la publication des chiffres de Wells Fargo, Morgan Stanley, JPMorgan Chase et Bank of New York Mellon.
Les investisseurs seront attentifs à l'aplatissement de la courbe des taux américains, un facteur essentiel pour le calcul des revenus net d'intérêts qui constitue l'une des principales sources de revenus pour les banques.
Les commentaires que formuleront les groupes sur l'environnement de marché permettront par ailleurs de jauger des perspectives des divisions d'investissement cette année, la volatilité extrême observée après le "jour de la libération" pouvant soutenir les activités de marché des banques.
À moyen terme, les investisseurs pourraient également se préparer à l'assouplissement réglementaire promis par Donald Trump et qui pourrait libérer du capital pour le secteur bancaire.
Goldman Sachs prévient toutefois que "les incertitudes entourant les possibles réformes", ainsi que les surcharges en capital exigées cette année des banques systémiques américaines, pourraient éloigner le déploiement du capital bancaire américain.
2/ L'ECONOMIE AMERICAINE SUSPENDUE AU CONSOMMATEUR
L'impact économique des annonces du 2 avril est loin d'être entièrement balisé, mais une chose est certaine: les prix devraient rebondir une fois les droits de douane en place, l'Université de Yale calculant ainsi que l'ensemble des mesures commerciales annoncées par la Maison blanche ajouteraient 2,3% au niveau des prix aux États-Unis.
L'impact sur le consommateur ne sera pourtant pas seulement économique: la correction des marchés américains va par ailleurs déclencher un "effet richesse négatif" pour les ménages, qui détiennent une part importante de leur épargne en actions.
Lorsque les actifs risqués baissent, les épargnants diminuent leur consommation, ce qui pèse sur la croissance: l'impact de cette baisse des marchés était estimée à 0,6 point de pourcentage le 20 mars par AllianzGI, un chiffre qui devrait être plus important encore après l'effondrement de jeudi.
Or, des perspectives de croissance plus faibles pèsent à leur tour sur la valorisation des actifs financiers - un cercle vicieux qu'il sera difficile de briser sans annonces de l'administration Trump ou de la Réserve fédérale.
Le compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale, attendu mercredi, pourrait être l'occasion de comprendre l'importance que la Fed accorde au scénario de stagflation, marqué par une croissance anémique et une inflation importante.
3/ L'OR POURSUIT SA HAUSSE
Le métal jaune a touché un record mercredi à 3.134 dollars l'once, ce alors que l'incertitude sur la politique commerciale américaine était au plus haut. La recherche d'actifs refuges n'explique cependant qu'une partie de la progression de l'or, un actif qui n'offre pas de rendement et est historiquement boudé en période de taux élevés.
"L'inflation et les rendements réels étaient traditionnellement les principaux moteurs du prix de l'or, mais le principal catalyseur de la hausse des prix de l'or apparaît désormais être les achats des banques centrales", remarque Francisco Blanch, stratégiste matières premières chez BofA.
Or, ces institutions sont relativement insensibles au prix du lingot, leurs achats étant "motivés, non par l'inflation ou les rendements, mais par la géopolitique", commente le stratège.
A ces achats s'ajoutent ceux des particuliers désireux de profiter des performances du métal, les actifs sous gestion des ETF adossés à l'or physique, qui captent ces flux d'investissement, ayant progressé de 4% sur un an.
La baisse du dollar constitue enfin un troisième facteur et qui pourrait alimenter encore davantage ce rebond si, comme le craint Deutsche Bank, "les risques d'une crise de confiance dans la devise américaine s'accroissent".
4/ LA FRANCE FACE AUX AGENCES
Moody's publiera vendredi sa note de crédit pour la France, dans un contexte budgétaire et économique peu encourageant pour l'Hexagone.
Une loi de finances pour 2025 a certes fini par être votée début février, mais les efforts structurels de redressement budgétaires y ont été réduits à leur portion congrue, selon le jugement porté par la Cour des Comptes. En parallèle, la puissance publique est attendue sur plusieurs fronts, entre investissements dans la défense et impact probable des droits de douane sur le tissu économique français.
Vendredi, le ministre français de l'Economie, Eric Lombard, a dit craindre que les droits de douane annoncés par Donald Trump aient un impact sur la croissance économique française mais a plaidé pour que la dépense publique ne subisse pas de "coup de rabot supplémentaire", quitte à laisser filer le déficit budgétaire.
"L'engagement que nous avons pris devant nos partenaires européens, et devant d'ailleurs les marchés financiers, c'est le niveau de la dépense", a-t-il fait valoir.
Un ralentissement économique, voire une récession, compliquerait le remboursement de la dette française en érodant notamment les revenus fiscaux et limiterait les marges de manœuvres nécessaires pour soutenir l'activité.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)
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