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POINT HEBDO-D pour droits de douane
information fournie par Reuters 31/03/2025 à 07:00

(Répétition sans changement d'une dépêche publiée vendredi)

L'attention des investisseurs demeure focalisée sur la politique commerciale américaine, tandis que des indicateurs en zone euro et aux États-Unis pourraient réagir au retour de Donald Trump à la Maison blanche, un retour qui chamboule déjà les marchés du cuivre.

Tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :

1/ "D-DAY"

Les intentions réelles de Donald Trump restent floues alors qu'approche à grand pas la date limite du 2 avril, surnommée "le jour de la libération" par le président américain.

Les investisseurs espèrent une levée des incertitudes commerciales à l'occasion de ces annonces, qui devraient porter sur la mise en place de droits de douane "réciproques", mais pourraient surtout permettre de comprendre jusqu'où l'administration américaine est prête à remettre en cause l'ordre commercial mondial bâti patiemment depuis les Reciprocal Trade Agreements Act de Roosevelt, en 1934.

Donald Trump accuse la réciprocité en matière commerciale d'être à l'origine du déficit commercial américain, qui représentait 4,3% du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2024, ou 1.200 milliards de dollars.

"Ce déficit reflète l’insuffisance de l’épargne domestique par rapport à l’investissement, et ce n’est pas en changeant le niveau des droits de douane que cette situation va se modifier", déplore Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF.

Surtout, ces annonces pourraient déclencher des mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux des États-Unis: l'Europe plaide pour la négociation mais le Canada a déjà relevé les barrières à l'importation de produits américains, tandis que le Japon et la Corée du Sud ont prévenu que toutes les options étaient sur la table.

Le 5 avril doit par ailleurs entrer en vigueur la loi obligeant le chinois ByteDance à céder à une entreprise américaine son application TikTok, ce qui pourrait inciter Donald Trump à user du levier commercial pour accélérer cette vente.

Si les intentions américaines se clarifieront le 2 avril, l'incertitude n'en sera donc pas levée pour autant.

2/ FRILOSITÉ

Le rapport mensuel sur l'emploi américain sera publié vendredi, les observateurs s'attendant à une baisse modeste en mars du nombre d'emplois crées par rapport à février.

Deux facteurs viennent toutefois compliquer la lecture du marché du travail qui demeure, pour le moment, bien orienté et compatible avec le mandat de stabilité de l'emploi de la Réserve fédérale.

D'abord, les suppressions d'emploi au sein des agences fédérales pourraient contribuer à faire rebondir le chômage, l'administration Trump continuant de procéder à des dizaines de milliers de licenciements.

Ensuite, l'incertitude politique peut inciter les entreprises à reporter, voire annuler, leurs décisions d'investissement et d'embauche.

En particulier, les économistes de Goldman Sachs Joseph Briggs et Megan Peters calculent qu'un retour de l'incertitude commerciale à ses niveaux de 2018 éroderait de 0,1 à 0,2 point de pourcentage sur un an la croissance de l'emploi dans les pays développés, ce qui représenterait 20.000 emplois par mois aux États-Unis.

3/ PILE OU FACE

Les chiffres préliminaires de l'inflation européenne sont attendus mardi.

"Les hausses de prix en début d'année ont été plus limitées que lors des années précédentes, et nous demeurons confiants dans la poursuite du processus désinflationniste. Jusqu'à présent, ni l'inflation ni la dynamique du marché du travail n'a remis en cause notre projection d'une inflation qui finirait par basculer sous la cible" de 2%, résume l'équipe d'économistes Europe de BofA.

En dépit de ce ralentissement, les perspectives se compliquent de jour en jour pour la Banque centrale européenne.

Côté pile, la politique commerciale américaine pourrait renchérir les matières premières et soutenir donc les prix à la production, tandis que les prix des biens importés dans le bloc européen progresseraient en cas de guerre commerciale généralisée. Surtout, les vastes plans d'investissement allemands pourraient alimenter l'inflation s'ils ne s'accompagnent pas d'une hausse de la productivité et des capacités des entreprises.

Côté face, le ralentissement de l'économie mondiale déclenché par un relèvement généralisé des droits de douane, ou une baisse des prix de l'énergie liée à une reprise des échanges gaziers avec la Russie, pourraient faire ralentir la hausse des prix.

Pour l'instant, les anticipations d'inflation demeurent contenues. Les swaps d'inflation 5 ans dans 5 ans ont certes rebondi à 2,18% après avoir touché mi-mars un plus bas de presque deux ans à 2,10%, mais ils demeurent bien inférieurs à leur moyenne à trois ans, 2,25%.

4/ ARBITRAGE

Le cuivre a touché mercredi un record depuis 2022, les incertitudes sur les droits de douane américains déformant les marchés mondiaux du métal rouge, souvent considéré comme un bon indicateur du cycle économique.

L'écart de prix entre la tonne de cuivre cotée à New-York et celle cotée à Londres atteint ainsi 1.500 dollars, un record, rappelle Morgan Stanley. Depuis janvier, le métal progresse de 27% selon les prix donnés aux États-Unis, une performance bien supérieure à celle de l'or (+15%).

"Les producteurs préfèrent envoyer leur production aux Etats-Unis étant donné les prix élevés pratiqués en anticipation des hausses de droits de douane", résume Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche chez LBPAM.

L'incertitude est élevée : aucune date n'a encore été donnée pour la mise en place de droits de douane dont la forme demeure par ailleurs floue. Les courtiers s'inquiètent notamment des volumes importants de "cuivre sur l'eau", envoyé par cargo depuis l'Europe vers les Etats-Unis, et qui pourraient se voir infliger des mesures prises durant leur traversée.

Morgan Stanley rappelle que jusqu'à 500.000 tonnes de cuivre pourraient être en transit vers les États-Unis.

Surtout, des prix durablement plus élevés pour ce métal essentiel à l'activité économique ajouteraient aux pressions sur les prix des produits finis.

(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)

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