* Le fichier établi fin 2016 comporte 200 noms-Le Monde * Il était conçu pour aider Monsanto à faire du lobbying * Deux personnalités de l'organisation Foodwatch portent plainte (Actualisé avec plainte annoncée de Rivasi) PARIS, 10 mai (Reuters) - Des personnalités dont les noms sont cités comme figurant dans le fichier établi, selon Le Monde et France 2, par le groupe Monsanto pour classer les personnalités en fonction de leurs positions sur les pesticides ont annoncé vendredi leur intention de porter plainte au lendemain de ces révélations. Selon le quotidien, ce fichier secret de 200 noms de journalistes, politiques, dirigeants d'organisations professionnelles ou scientifiques, date de novembre 2016 et provient d'une fuite du cabinet de lobbying et de relations publiques Fleishman-Hillard, "mandaté par Monsanto pour l'assister dans sa défense du glyphosate". "Ce qui importe alors à Monsanto, c'est d'obtenir (...) le renouvellement de l’autorisation de son produit-phare pour une durée de quinze ans au niveau européen", écrit Le Monde. Le chimiste allemand Bayer BAYG.DE a annoncé en septembre 2016 son intention de racheter Monsanto. L'acquisition est effective depuis juin 2018. Michèle Rivasi, députée européenne et numéro deux sur la liste EELV aux élections européennes du 26 mai, a annoncé dans un communiqué qu'elle allait porter plainte. "Avec ce fichier manifestement illégal, Monsato a été pris la main dans le sac", a-t-elle écrit en précisant qu'elle y était citée "aux côtés d'autres députés verts comme la Française Karima Delli ou le Belge Philippe Lamberts". "De tels agissements sont inacceptables et sont à condamner avec la plus grande sévérité. Je porte plainte pour que les coupables soient identifiés et punis", a-t-elle ajouté. La directrice générale et la directrice de l'information de Foodwatch, Karine Jacquemart et Ingrid Kragl, feront de même, précise un communiqué de cette ONG. "Elles y sont mentionnées de façon nominative avec la note maximale pour leur opposition à la multinationale", précise Foodwatch qui prévoit de porter plainte auprès du procureur de la République du Tribunal de Grande instance de Paris. L'ancienne ministre de l'Environnement (2014-2017) Ségolène Royal, dont le nom apparaît aussi dans le fichier secret, a pour sa part appelé à "profiter" de cette révélation pour enquêter sur les lobbies. "Monsanto ne doit pas être le seul à se comporter de cette façon-là. Au lieu uniquement de se plaindre, de se scandaliser, je pense au contraire qu'il faut rebondir sur cette révélation (...) pour éliminer, pour nettoyer ce système de lobbying qui est parfaitement nocif", a-t-elle déclaré sur franceinfo. "ALLIÉS POTENTIELS À RECRUTER" Certains s'interrogent sur la légalité de cette pratique de listes pour rendre un lobbying plus efficace. Selon l'article 226-16 du Code pénal, "le fait, y compris par négligence, de procéder ou de faire procéder à des traitements de données à caractère personnel sans qu'aient été respectées les formalités préalables à leur mise en œuvre prévues par la loi est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 300.000 euros d'amende". Sollicités par Le Monde, Fleishman-Hillard et Bayer ont dit ne pas être en mesure de commenter les révélations. Selon Le Monde, le fichier est constitué en deux tableaux. Le premier est intitulé en anglais "Monsanto France base de données des parties prenantes – cultiver la confiance Monsanto". "Outre son nom, sa fonction et ses coordonnées complètes, chacune des 200 personnalités fichées y est classée en fonction de ses positions sur plusieurs thèmes liés aux problématiques concernant Monsanto (agriculture, pesticides, OGM, santé…)", indique le quotidien. Le second tableau, consacré au renouvellement de l'homologation du glyphosate, contient "plus de 80 noms" accompagnés d'un code couleur qui les répartit entre "alliés", "alliés potentiels à recruter", "parties prenantes à éduquer", "parties prenantes à surveiller". Foodwatch précise dans son communiqué continuer de militer aux côtés d'autres organisations pour l'interdiction du glyphosate en Europe. Monsanto commercialise le Roundup, un herbicide à base de glyphosate. La vente de produits contenant du glyphosate est interdite pour les particuliers en France depuis le 1er janvier. Elle reste autorisée pour les agriculteurs. La France prône une sortie du glyphosate au niveau européen pour 2021. Un jury californien a considéré en août dernier que le désherbant était à l'origine du cancer développé par un agent d'entretien et a condamné la filiale de Bayer à lui verser 289 millions de dollars (253 millions d'euros). (Danielle Rouquié, édité par Yves Clarisse)
Plaintes après les révélations sur un fichier de Monsanto
information fournie par Reuters 10/05/2019 à 15:40
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