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"Phénix rené de ses cendres", Marine Le Pen aborde la présidentielle avec confiance
information fournie par Reuters 30/03/2022 à 15:50

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

par Elizabeth Pineau et Michel Rose

PARIS, 30 mars (Reuters) - C'est une Marine Le Pen au style adouci, confiante et davantage centrée sur les questions de pouvoir d'achat que d'immigration qui aborde sa troisième élection présidentielle où elle espère obtenir un ticket pour le duel final face à un Emmanuel Macron sur ses gardes.

"Keep calm and vote Marine" ("Restez calme et votez Marine") annoncent - selon un adage volé aux Britanniques - des coussins jetés sur des fauteuils du siège de campagne de la candidate où un conseiller évoque dans les couloirs la soirée électorale "de la victoire".

Celle qui a touché le fond en 2017 après sa défaite face à Emmanuel Macron se présente en femme différente qui a revu son programme, où il n'est plus question de quitter l'euro, et son image, allant jusqu'à poser avec ses chats et faire un selfie avec une jeune musulmane voilée.

"C'est le phénix qui renaît de ses cendres", dit-elle à Reuters dans son bureau décoré d'un buste de Marianne signé par l'icône Brigitte Bardot, soutien de son camp.

Ces cinq dernières années, la députée du Pas-de-Calais, qui a laissé les rênes du Rassemblement national à Jordan Bardella le temps de la campagne, s'est "remise au travail" en restant "au contact des Français, comme je le fais depuis 20 ans".

"J'ai travaillé à un projet extrêmement sérieux, crédible, financé, immédiatement applicable", dit-elle. "Macron est la dernière carte d'un système qui a appliqué la même politique depuis 30 ans, les gens en ont pris conscience et oui, je suis convaincue qu'on peut remporter cette élection présidentielle".

Marine Le Pen a communiqué sur le pouvoir d'achat plutôt que sur les questions de sécurité et d'immigration, thèmes phares d'Eric Zemmour, son rival surgi fin 2021 dont la dynamique marque le pas dans les enquêtes d'opinion.

La guerre en Ukraine, qui a encore fait grimper les prix de l'énergie, lui a donné raison et l'a aidée à minimiser ses relations passées avec le président russe Vladimir Poutine, qui l'avait reçue au Kremlin. "Je ne me pique pas de connaître quelqu'un que je n'ai rencontré qu'une fois", dit-elle.

Après une embellie dans les sondages au début de la guerre, Emmanuel Macron perd du terrain à l'approche du premier tour, le 10 avril. Marine Le Pen est en deuxième position et des projections donnent une victoire finale au président sortant à 53% face à elle, contre 66% il y a cinq ans.

"Je n'entre dans aucune case"

"Il ne faut pas la sous-estimer", explique-t-on dans le camp d'Emmanuel Macron. "Un second tour face à elle sera beaucoup plus compliqué. Je vois déjà les bandeaux de chaînes info: 'Et si c'était elle ?'."

Conséquence : Marine Le Pen est devenue la cible privilégiée des piques des ministres du gouvernement.

"Ne nous laissons pas abuser par Mme Le Pen. Elle est l'héritière du parti le plus radical et le plus extrême de notre nation. Tout d'un coup, elle se serait transformée en sympathique éleveuse de chats ? Non, mensonge !", a déclaré lors d'un déplacement de campagne samedi en Normandie le ministre des Finances, Bruno Le Maire.

Une victoire de Marine Le Pen a longtemps été considérée comme improbable en France, ses adversaires comptant sur le "front républicain" pour faire barrage à l'extrême droite.

Mais cette année, les sondeurs annoncent une abstention considérable notamment liée au désarroi des électeurs de gauche qui jugent Emmanuel Macron trop libéral. Une impression accentuée par la récente proposition du président de reporter à 65 ans l'âge de départ à la retraite.

L'irruption dans le paysage politique d'Eric Zemmour, au discours très clivant sur l'islamisme et l'immigration, a contribué à faire apparaître Marine Le Pen comme "une centriste d'extrême droite", selon la définition d'un ancien conseiller de l'Elysée.

"Elle est moins radicale pour beaucoup d'électeurs, elle a l'air moins agressive qu'Eric Zemmour, elle a plus de respectabilité", a dit à Reuters Bruno Cautrès, politologue à Sciences-Po à Paris.

Marine Le Pen se présente en candidate "ni de gauche ni de droite", écho ironique au positionnement adopté par Emmanuel Macron lors de la campagne de 2017.

"Je n'entre dans aucune case", dit-elle à Reuters. "Vous trouverez dans mon projet, en même temps, la nationalisation des autoroutes et la privatisation des services de l'audiovisuel, des mesures qui pourraient être considérées comme de gauche pour l'une et de droite pour l'autre.3

A la question de savoir si les agences de notation pourraient juger sévèrement son programme économique, Marine Le Pen répond que les 68 milliards de financement de mesures telle que l'exonération d'impôt sur le revenu des moins de 30 ans sont compensés par des économies, notamment liées à la fin de "la politique dispendieuse d'immigration."

La fille de Jean-Marie Le Pen rejette tout autant l'idée de troubles dans le pays si elle entre à l'Elysée.

"Il y a quand même beaucoup de Français qui ont évolué dans leur vision de mon projet, de ma personne", dit-elle. "Je ne pense pas qu'il y aura des manifestations. Mais s'il y a des groupuscules d'extrême gauche qui cherchent à créer la perturbation, on leur appliquera la rigueur de la loi", prévient-elle.

Voir aussi: France : les principaux candidats à l'élection présidentielle

(Reportage Elizabeth Pineau et Michel Rose, avec Michaela Cabrera, édité par Jean-Michel Bélot)

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