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Le 28 novembre 2025
La Bourse est une excellente école d'humilité, dans laquelle l'amour propre n'a pas sa place. La semaine dernière nous vendions à tour de bras. Ce jeudi, nous avons profité de la fermeture de Wall Street pour racheter à peu près dans les mêmes quantités ! Que s'est-il donc passé pour que nous opérions un tel virage à 180 degrés en l'espace de quelques jours ? Rien de très concret, si ce n'est un retournement spectaculaire du sentiment de marché.
Laskine
En fin de semaine dernière, tous les investisseurs - votre serviteur en tête – étaient convaincus, qu'en raison du shutdown qui a paralysé l'administration américaine pendant 43 jours, la Fed ne disposerait pas des données statistiques nécessaires pour prendre la décision de baisser ses taux directeurs en décembre. La probabilité de voir la Réserve fédérale des Etats-Unis agir dans ce sens était tombée en fin de semaine dernière à moins de 30%. Aujourd'hui, elle frôle les 85%. La Fed, qui annoncera sa décision le 10 décembre, ne disposera probablement pas de toutes les métriques, mais il y a de fortes chances qu'elle opte pour une détente en raison de la publication d'indications en demi-teinte sur l'évolution des ventes au détail. Par ailleurs, la confiance des ménages se dégrade et les statistiques font état d'une augmentation des licenciements hebdomadaires. Ce dernier élément est important, car ces derniers temps la Fed a clairement indiqué que son action est aujourd'hui plus orientée vers le soutien de l'emploi qui montre des signes de faiblesse, que vers l'inflation. Les tensions sur les prix n'ont certes pas disparu, mais la valse des étiquettes tant redoutée avec la mise en place des droits de douane s'est révélée moins forte que prévu.
Les dirigeants de la banque centrale américaine laissent surtout entendre qu'ils souhaitent agir à titre préventif avec, pour souci principal, la volonté de réduire le prix de l'argent pour contenir tout risque de récession. Cette orientation de la politique monétaire plait plus au marché. Le retour du taux des Fed Funds à 10 ans à 4% constitue de ce point de vue un signal d'apaisement.
Toutes ces informations paraissent bien éloignées de Paris, mais elles ont un impact direct sur les places européennes. Notre retour à l'achat s'explique aussi par le fait que nous approchons de la fin de l'année. Cette période est traditionnellement favorable pour la simple raison que l'hypothèse d'un « rally de Noël » ne pouvant pas être totalement écartée, les vendeurs à découvert hésitent à se montrer trop agressifs.
Ce regain de confiance nous a conduit à reconstituer les positions sur l'ensemble de nos portefeuilles PEA. Dans le Défensif, qui avait fait l'objet des plus gros dégagements, deux nouvelles valeurs font leur entrée. Il s'agit tout d'abord de l'achat de 100 actions Trigano, une affaire spécialisée dans la fabrication de véhicules de loisirs. Le groupe a fait état de ses résultats annuels pour son exercice 2024/2025 clos le 31 août. Ceux-ci sont ressortis sans surprise en baisse de 36,1% pour le profit net en raison de perturbations dues à un effet de déstockage et à des perturbations dans la chaîne de production, mais la génération de cash-flow reste solide et le carnet de commandes est prometteur pour les mois à venir. Achat également de 1000 titres Bayer, le géant allemand de la pharmacie et de l'agrochimie. La valeur est soutenue par la publication de résultats de phase III favorables sur l'asundexian, un produit très porteur dans la prévention des AVC. Cette molécule pourrait générer 1,4 milliard d'euros de revenus annuels à la société. Les positions prises sur GTT, le spécialiste des valves de cuves pour le transport du GNL, ont aussi été renforcées de 10 actions supplémentaires.
Laskine
Dans l'Offensif, 100 actions du cimentier allemand Heidelberg Materials font leur entrée dans le portefeuille. La valeur est très raisonnablement valorisée, elle devrait continuer de profiter du plan de relance des infrastructures mis en place outre-Rhin, avec un début de montée en charge en 2026. Acquisition aussi de 1200 actions Aixtron, cette société allemande spécialisée dans la conception d'équipements destinés à la fabrication de composants électroniques est bien positionnée pour profiter du développement des besoins de gestion énergétique des centres de données dédiés à l'IA. Renforcement également des positions sur BNP Paribas, que nous avions récemment allégées dans de bonnes conditions.
La sélection d'ETF Monde a aussi fait l'objet de plusieurs arbitrages, avec de fortes reprises de positions sur les trackers Amundi CAC 40 et Amundi S&P 500. Nous avons surtout fait entrer un nouvel ETF Amundi Stoxx Europe 600 Healthcare, orienté vers le secteur de la pharmacie européenne au-delà de la seule zone euro (200 parts ont été acquises). Ce tracker inclut en effet les grands groupes du secteur suisses et britanniques qui sont aujourd'hui très recherchés. D'une manière générale, la pharma européenne est toujours en retard par rapport à la moyenne du marché. Les positions ont également été marginalement renforcées sur la sélection ISR/PEA.
Quelle stratégie d'ici à la fin de l'année ? Le bilan de nos différents arbitrages est globalement favorable, puisque notre sélection de trackers Monde PEA affiche un gain de 12,8% depuis le début de l'année et celle consacrée aux fonds ISR/PEA progresse de 11,1%. C'est, dans les deux cas, mieux que le CAC 40 (+9,7%). Nos portefeuilles de gestion en direct ne parviennent pas à battre l'indice de référence de la Bourse de Paris, mais le Défensif parvient à afficher un score honorable, avec une progression de 6,2%. Ce n'est pas le cas de l'Offensif, avec un recul de 0,33% depuis le début de l'année. Nous aurions pu dans ces conditions nous contenter de finir l'année le pied sur le frein en limitant les prises de risque sur les portefeuilles les mieux orientés. Notre volonté de renforcer une nouvelle fois notre exposition s'explique par la configuration plutôt favorable prise par Wall Street qui donne le ton sur toutes les autres places mondiales. L'Europe a cependant sa propre partition à jouer, en raison du retard de valorisation dont nous disposons par rapport à la Bourse américaine. Les espoirs de fin de la guerre ouverte entre la Russie et l'Ukraine ont de fortes chances de faire revenir les investisseurs qui avaient fortement réduit leurs positions au cours de ces trois dernières années. Selon les données collectées par EPFR, il semblerait que l'Europe n'a toujours pas récupéré les quelque 150 milliards de dollars qui sont partis depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. Depuis quelques semaines, le flux est redevenu positif. Des rotations sectorielles ont déjà commencé à se faire sentir, avec le recul des valeurs de l'armement et un affaiblissement du secteur pétrolier en raison du retour possible du pétrole russe sur le marché. D'autres secteurs pourraient profiter de la situation, notamment la santé, les services aux collectivités, la construction, l'industrie et le transport aérien. L'Allemagne très dépendante des marchés de l'Est, à la fois pour son approvisionnement en énergie et pour ses débouchés d'exportation, ainsi que pour le recours à la sous-traitance, paraît bien placée. C'est dans cette direction que nous avons commencé à orienter nos recherches.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine
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