par John Revill
Les investisseurs de Nestlé NESN.S font face à de nouvelles turbulences après le limogeage du directeur général Laurent Freixe qui accentue la crise traversée depuis plusieurs années par le géant suisse de l'alimentation.
A la Bourse de Zurich, l'action Nestlé reculait mardi de plus de 2% à la suite de l'annonce, la veille au soir, du licenciement de Laurent Freixe, accusé d'avoir enfreint le code de conduite professionnelle du groupe en raison d'une relation amoureuse non déclarée du dirigeant français avec une subordonnée directe.
Le départ soudain de Laurent Freixe - remplacé par Philipp Navratil, une étoile montante de l'entreprise - est le dernier revers en date pour le fabricant du café Nescafe et des barres chocolatées KitKat, en difficultés depuis la pandémie et dont le cours de Bourse a reculé sur les trois années de 2022 à 2024.
La révocation de Laurent Freixe intervient un an après celle de son prédécesseur Mark Schneider, et deux mois et demi après que Paul Bulcke, président de longue date, a annoncé qu'il quitterait ses fonctions en 2026, au cours de l'une des périodes les plus turbulentes de l'histoire de l'entreprise.
Laurent Freixe, qui a passé 39 ans chez Nestlé, ne recevra aucune indemnité de départ après son départ, a déclaré la société à Reuters. Dans une brève déclaration, Paul Bulcke a remercié Laurent Freixe pour ses années de service chez Nestlé, mais a déclaré que ce licenciement était une "décision nécessaire".
Sous la direction de Laurent Freixe, le cours de Bourse de Nestlé a perdu 17%.
"Le marché n'a pas particulièrement apprécié Freixe, et les objectifs de restructuration ont également été mis en veilleuse", a déclaré Maurizio Porfiri, directeur des investissements de la société de négoce Maverix.
"Un nouveau départ est nécessaire et il est temps qu'une plus grande stabilité revienne à la direction de cette entreprise mondiale", a-t-il déclaré à Reuters.
Le licenciement de Laurent Freixe a fait la Une des journaux suisses, la Neue Zuercher Zeitung notant que Nestlé avait perdu sa "stabilité légendaire", lorsques les directeurs généraux restaient en poste pendant des années avant de devenir président.
Ce dernier changement risque de laisser des questions sans réponse quant à l'orientation à moyen terme de Nestlé et de "maintenir sous pression l''equity story' jusqu'à ce que nous en sachions plus sur le plan de M. Navratil", ont déclaré les analystes de JPMorgan dans une note de recherche.
Pour les analystes de la banque américaine, la nouvelle du départ du Laurent Freixe n'est pas de nature à rassurer les investisseurs car il s'agit de la deuxième fois en un an que la société nomme un nouveau patron sans procéder à une recherche approfondie pour le remplacer.
Ils s'inquiètent aussi du fait que le nouveau directeur général Philipp Navratil puisse être "coincé" par la stratégie de redressement de Laurent Freixe à un moment où le marché n'est toujours pas convaincu.
"Ce n'est pas la façon de faire de Nestlé, d'avoir deux remplacements de directeur général en un peu plus d'un an", observe Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux. "Espérons que cela les remettra dans le droit chemin".
(Rédigé par Dave Graham et John Revill, avec Oliver Hirt, Mara Vîlcu pour la version française, édité par Blandine Hénault)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer