par Andreas Rinke
BERLIN, 17 novembre (Reuters) - La chancelière allemande, Angela Merkel, a défendu dans un entretien à Reuters sa décision de mettre fin à la production d'électricité nucléaire même si elle rend plus difficile la réduction de l'utilisation des énergies fossiles dans la première économie d'Europe.
Elle a ajouté s'opposer à ce que l'Union européenne classe le nucléaire parmi les énergies "durables".
"Il est exact, bien sûr, que nous sommes aujourd'hui face à la tâche très ambitieuse et difficile de mener à bien la transition énergétique tout en abandonnant progressivement le charbon et le nucléaire", a dit la chancelière, qui s'apprête à quitter le pouvoir après avoir dirigé le gouvernement allemand pendant 16 ans.
"Mais il est également exact que cela en vaudra la peine pour notre pays si nous le faisons correctement."
Angela Merkel a pris la décision de fermer progressivement les centrales nucléaires allemandes après la catastrophe de Fukushima, au Japon, en 2011.
Ce choix est approuvé par la majorité de la population allemande mais il a accru la dépendance de l'Allemagne au charbon et l'a empêchée d'atteindre son objectif de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre en 2020 par rapport à leur niveau de 1990, tout en faisant monter le prix de l'électricité.
Angela Merkel s'est aussi vu reprocher de n'avoir pas assez investi pour favoriser le développement de sources d'énergie renouvelables comme l'éolien ou le solaire alors que son gouvernement a programmé la fin du charbon pour 2038.
Les trois partis politiques qui négocient actuellement la formation d'une coalition gouvernementale souhaitent ramener cette échéance à 2030.
La Commission européenne, de son côté, travaille à établir une "taxonomie" des financements durables qui impliquent de déterminer quelles sources d'énergie répondent aux critères environnementaux.
Un document auquel Reuters a eu accès en mars montrait que les experts européens se préparaient à classer le nucléaire parmi les énergies durables - ce que souhaite entre autres la France - parce que son exploitation ne génère pas les émissions de gaz à effet de serre produits par les énergies fossiles.
Angela Merkel a déclaré à Reuters que l'Allemagne continuerait de s'opposer à ce projet mais elle a reconnu qu'il serait difficile de rallier 19 autres pays membres à sa position pour le bloquer.
"En Allemagne, nous pensons, au-delà des partis, que l'énergie nucléaire ne devrait pas être considérée comme étant aussi propre que l'éolien ou l'énergie solaire", a-t-elle dit.
"Pour la France, c'est une technologie de transition. Nous maintenons que c'est le gaz naturel qui devrait être classé comme technologique de transition."
(Reportage Andreas Rinke, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)
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