
Des Palestiniens se précipitent pour se mettre à l'abri après qu'une frappe israélienne a touché un immeuble à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 août 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
L'armée israélienne resserre son étau sur la ville de Gaza, où ses troupes ont lancé de premières opérations et poursuivi leurs bombardements jeudi avec l'objectif de prendre ce dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien.
Cinq divisions de l'armée, composées de dizaines de milliers de soldats, doivent participer à cette offensive, selon l'armée, qui va rappeler pour début septembre 60.000 réservistes supplémentaires.
Le ministre de la Défense Israël Katz "a approuvé" mercredi l'offensive à Gaza-ville, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit donner jeudi son accord final aux plans de l'opération, selon son cabinet.
Cette opération est lancée alors qu'Israël n'a pas formellement réagi à la proposition des médiateurs sur une trêve associée à une libération d'otages retenus à Gaza.
La proposition a été acceptée lundi par le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont l'attaque sans précédent le 7 octobre 2023 contre Israël a déclenché la guerre.
Les bombardements ont continué jeudi à Gaza-ville, en particulier à Jabalia al-Balad et al-Nazla (nord-ouest) et à al-Sabra (est), après une semaine de raids intenses sur cette plus grande ville du territoire, en particulier sur les quartiers de Zeitoun (est) et d'al-Sabra, selon des témoins. De nombreux habitants ont fui le secteur.
"La maison tremble, toute la nuit nous vivons avec le bruit des explosions, de l'artillerie, des avions de guerre, des ambulances et des appels à l'aide", a raconté à l'AFP Ahmad al-Shanti, un habitant de Gaza-ville (nord). "Le bruit se rapproche, mais où pourrions-nous aller? Nous avons décidé de rester. Nous n'en pouvons plus de nous déplacer."

Une camionnette sur laquelle sont accrochés des photos d'otages israéliens ainsi que des drapeaux garée lors d'une manifestation près du kibboutz Beeri, dans le sud d'Israël, appelant à la libération des otages retenus à Gaza, le 20 août 2025 ( AFP / AHMAD GHARABLI )
"Personne à Gaza n'a dormi, ni la nuit dernière, ni depuis une semaine. Les bombardements ne s'arrêtent jamais. Le ciel s'illumine toute la nuit", a raconté Amal Abdel al-Al, après avoir fui al-Sabra vers le sud de la ville.
- "10.000 cibles" -

Carte montrant les zones de la bande de Gaza militarisées par Israël ou soumises à des ordres d'évacuation non révoqués, selon les dernières données disponibles de l'Ocha au 20 août 2025 ( AFP / Olivia BUGAULT )
"Nous allons intensifier nos frappes contre le Hamas à Gaza. Nous avons commencé des opérations préliminaires et nos forces sont en périphérie de la ville", a annoncé mercredi le porte-parole de l'armée, le général Effie Defrin. "Nous allons créer les conditions pour ramener les otages."
Le cabinet de sécurité présidé par M. Netanyahu a approuvé début août un plan pour s'emparer de Gaza-ville et de camps de réfugiés du centre du territoire, pour prendre le contrôle sécuritaire de toute la bande de Gaza et pour libérer les otages.
Quarante-neuf otages, dont 27 morts selon l'armée, y sont toujours captifs sur les 251 enlevés lors de l'attaque du 7-Octobre.
L'armée israélienne assiège les plus de deux millions d'habitants dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 et contrôle aujourd'hui environ 75% du territoire, où elle a lancé, en riposte à l'attaque du Hamas, une offensive dévastatrice qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.
Pour le général Defrin, "le Hamas aujourd'hui n'est plus le même Hamas qu'auparavant. D'une organisation terroriste militaire structurée, il a été réduit à un groupe de guérilla affaibli et en difficulté".

Photo prise depuis une position à la frontière entre Israël et la bande de Gaza montrant de la fumée au-dessus d'un secteur du territoire palestinien et des véhicules militaires après une frappe israélienne, le 20 août 2025 ( AFP / AHMAD GHARABLI )
Depuis mi-mai, "de hauts responsables (du Hamas) et environ 2.000 terroristes ont été éliminés, cinq divisions opèrent sur le terrain, deux corridors clés ont été établis, et environ 10.000 cibles ont été frappées", a-t-il dit.
- "Intolérable" -
Pour le Hamas, l'opération contre Gaza-ville "témoigne d'un mépris flagrant des efforts déployés par les médiateurs" -Egypte, Qatar et Etats-Unis.
La proposition des médiateurs prévoit une trêve de 60 jours, la remise de 10 otages vivants et des dépouilles de 18 otages décédés en échange de la libération de prisonniers palestiniens, ainsi que l'entrée de plus d'aide humanitaire à Gaza, selon des sources du Hamas et du Jihad islamique, son allié.
Les captifs restants seraient libérés lors d'une deuxième échange, dans le délai de la trêve, durant laquelle doivent se tenir des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent.
Une source gouvernementale israélienne a affirmé que le gouvernement Netanyahu continuait "d'exiger la libération" de tous les otages "conformément aux principes fixés par le cabinet pour mettre fin à la guerre".
La Croix-rouge internationale a jugé "intolérable" l'intensification des hostilités dans "l'espace clos" de Gaza, "ce qui signifie plus de morts, plus de déplacements, plus de destructions".

Des Palestiniens courent vers un lieu où des colis d'aide humanitaire sont largués par un avion militaire près de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 août 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
La riposte israélienne a fait 62.192 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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