
MEDIASET EXCLUT DE SON AG LE TRUST DE VIVENDI, QUI MENACE
par Elvira Pollina
MILAN (Reuters) - Mediaset a provoqué mercredi la colère de Vivendi en refusant que le trust contrôlant deux tiers de la participation du groupe français vote lors de son assemblée générale extraordinaire, au cours de laquelle les actionnaires du groupe italien devraient approuver la réorganisation de ses activités au niveau européen.
Vivendi, qui contrôle 29% de Mediaset, dont près de 10% directement et le solde via le trust Simon Fiduciaria, est opposé au projet de holding aux Pays-Bas du groupe italien.
Avec cette holding baptisée MediaforEurope (MFE), Mediaset espère pouvoir nouer des alliances avec d'autres diffuseurs européens face à la concurrence de Netflix ou d'Amazon Prime Video.
"Le conseil d'administration a décidé à l'unanimité de s'opposer à la demande (du trust) Simon d'exercer ses droits de vote relatifs à la participation de Simon", a déclaré Mediaset.
Dans sa réaction à cette décision, le groupe français qualifie l'assemblée générale extraordinaire organisée ce mercredi d'"illégale".
"Vivendi utilisera tous les recours juridiques possibles dans tous les pays et toutes les juridictions concernés pour contester la légalité du projet de nouvelle entité", avertit le groupe, qui a pour premier actionnaire Vincent Bolloré.
L'opposition de Vivendi à la création de la holding aux Pays-Bas se nourrit aussi du fait que ce projet s'accompagne d'une modification des droits de vote susceptible de renforcer l'emprise de la famille Berlusconi, premier actionnaire de Mediaset avec 45,8% du capital, sur le groupe italien.
VIVENDI A ENCORE UN ATOUT
Si la justice italienne a par le passé empêché le trust Simon Fiduciaria de voter aux AG de Mediaset, un tribunal milanais a en revanche autorisé Vivendi à le faire. Les droits de vote directs de 9,99% du groupe français ne peuvent toutefois pas suffire à bloquer le projet de Mediaset.
Vivendi a toujours un atout dans sa manche pour empêcher la création de la holding néerlandaise. Si le groupe français décide d'exercer son droit de retrait et de vendre sa part directe de 9,99%, Mediaset devra lui verser environ 310 millions d'euros, une somme supérieure au plafond de 180 millions d'euros que le groupe italien s'est lui-même fixé. Ce plafond correspond au montant maximal que Mediaset est prêt à verser aux actionnaires choisissant de se retirer.
L'arme est à double tranchant pour Vivendi. S'il sort de Mediaset, le groupe français subirait une moins-value d'environ 320 millions d'euros sur l'ensemble de sa participation.
Une bataille juridique, évoquée par Vivendi mercredi, pourrait constituer une voie intermédiaire pour Vincent Bolloré, qui cherche lui-même à constituer un géant des médias dans le sud de l'Europe. Cela permettrait au groupe de conserver sa participation dans Mediaset en espérant que les tribunaux lui donneront un jour raison.
(Avec Bertrand Boucey et Mathieu Rosemain à Paris, édité par Gwénaëlle Barzic)
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