Les contours d'un cessez-le-feu en Ukraine demeurent flous, mais gérants et analystes cherchent déjà à identifier les impacts d'un arrêt des combats sur l'économie européenne et ses marchés.
Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi être convenu avec Vladimir Poutine d'ouvrir des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine, et si l'Europe semble pour le moment hors du jeu, un arrêt des combats soutiendrait l'économie du Vieux Continent.
Le principal canal de transmission d'une trêve à l'activité européenne se ferait par le repli des cours du gaz naturel, déclenché par la reprise des flux gaziers entre Russie et Union Européenne (UE) et qui soutiendrait consommation et production, estime Sven Jari Stehn, économiste chez Goldman Sachs.
L'éloignement de scénarii extrêmes, comme un élargissement du conflit, ferait rebondir la confiance des acteurs économiques, tandis que la reconstruction de l'Ukraine alimenterait l'activité, ajoute Sven Jari Stehn.
Un tel scénario n'aura pas qu'un impact positif, le retour d'une partie des réfugiés ukrainiens ajoutant aux tensions sur les marchés de l'emploi européens, mais pourrait ajouter de 0,2 à 0,5 point de PIB à la croissance de la zone euro en fonction de l'ampleur de l'accord qui serait trouvé entre Kyiv et Moscou, calcule la banque.
RÉACTION DE MARCHES
Une reprise de l'activité européenne et un rebond de l'appétit pour le risque favoriseraient logiquement les marchés actions.
Société Générale rappelle ainsi que l'écart de valorisation entre indices américains et européens et qui touche un record est inversement corrélé à la confiance des entreprises allemandes, qui ne cesse de décliner depuis le début de l'invasion.
Depuis janvier 2022, le Stoxx 600 progresse ainsi de 13%, contre 37% pour le S&P 500.
L'amélioration de la conjoncture contribuerait également à une surperformance des moyennes entreprises par rapport aux grandes capitalisations, moins sensibles à l'activité domestique, estime la banque.
Le secteur de la construction profiterait d'un accord de paix, tandis que les groupes des ressources de base souffriraient d'une levée des restrictions sur les flux russes ou ukrainiens de matières premières.
Le secteur de la défense poursuivrait en revanche sa hausse. David Perry, analyste chez JPMorgan, rappelle que les dépenses européennes dans le secteur vont continuer à progresser à moyen terme, l'Otan ayant notamment exigé fin janvier les États membres de l'alliance à porter leurs dépenses de défense à plus de 2% de leur PIB.
"À court terme, Leonardo et Thalès, moins exposés à l'Ukraine et aux États-Unis, devraient bien se comporter. Nous achèterons tout repli de Rheimetall déclenché par un possible cessez-le-feu", détaille l'analyste.
Les actifs obligataires et les devises réagiraient plus modestement.
"Les indices actions européens pourraient rebondir de 4%, 5% avec la fin du conflit et moins d'aversion pour le risque sur les marchés. Les souverains devraient en revanche peu réagir, car les problématiques structurelles de surendettement et de croissance faible en Europe perdureront", résume un gérant obligataire.
De même, la direction de l'euro/dollar demeurerait contrainte par les risques tarifaires et la divergence de politique monétaire entre zone euro et États-Unis, remarque Chris Turner, responsable de la recherche pour l'Europe chez ING.
Au-delà des marchés, certains fonds d'investissements détenant des actifs russes pourraient tirer parti d'une fin du conflit : les sanctions ont contraint ces fonds internationaux à cantonner dans des poches des titres russes devenus totalement illiquides et valorisés à zéro. Ces titres pourraient de nouveau être échangés en cas de résolution du conflit.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Sophie Louet)
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