
Jay Powell, le nouveau Chairman de la Fed a douché froid les espoirs des plus optimistes en inscrivant résolument son action future dans la continuité de la stratégie de hausse progressive des taux courts. Quel sera l'impact sur les actions?
Comme on peut l'apprécier sur l'histogramme gris dans le visuel ci-dessous, le marché mondial des actions, représenté par l'agrégation des 6700 valeurs suivies par EQUITY GPS, présente un rating décilisé historiquement bas.
Ce rating EQUITY GPS agrégé du marché mondial est établi à partir des ratings individuels de chaque action suivie en Amérique, Asie-Océanie ou en Europe, eux-mêmes calculés à partir d'un très grand nombre de données financières fondamentales propres à chacune des sociétés concernées et réappréciés lors d'un processus quantitatif quotidien pour détecter pouvoir saisir toutes les évolutions importantes dès qu'elles sont susceptibles d'apparaître.
A ce jour donc, le rating EQUITY GPS du marché mondial se situe à 2,2/10, soit un niveau légèrement supérieur à celui observé fin janvier (1,2/10) mais globalement beaucoup plus faible qu'en moyenne depuis 10 ans :

Rating EQUITY GPS agrégé du marché mondial
Ce faible niveau général s'explique en synthèse par l'évolution des cours des actions (en rouge) qui se situe aujourd'hui à un niveau 3 fois plus élevé que celui observé début 2008 (hors dividende), ce qui représente une progression nettement plus élevée que ne pourraient le justifier, selon notre abaque, les seules évolutions des performances financières moyennes des entreprises et des taux d'intérêts dans le monde.
En simplifiant, la variable explicative de cet écart peut se réduire au degré d'optimisme - d'impatience ou d'avidité … -, actuellement historiquement important, des investisseurs à travers le monde. Cet optimisme, naturellement variable au fil du temps, est influencé par nombre de facteurs qu'il serait fastidieux d'essayer de développer en totalité ici. Parmi ces facteurs, figurent les politiques des banques centrales, dont au premier chef celle menée par la Fed.
Jay Powell, son nouveau Chairman, en s'exprimant hier pour la première fois devant la Commission des Finances de la Chambre des Représentants, a douché froid les espoirs des plus optimistes en inscrivant résolument son action future dans la continuité de la stratégie de hausse progressive des taux courts conduite par Janet Yellen, avec en sus, une tonalité apparemment univoque pouvant être jugée comme plus "hawkish" que celle auparavant véhiculée par la "colombe" Janet Yellen.

Janet Yellen, Jerome Powell
Il est encore plus clair, après le témoignage hier de Powell, que la Fed juge aujourd'hui opportun de continuer à resserrer. A cet égard, elle a besoin que le marché obligataire juge cette politique crédible et procède, au préalable, à une remontée les taux longs afin de dégager de la marge pour que la hausse des taux courts puisse se réaliser dans un contexte de courbe des taux pentue, condition favorable à l'activité économique.
De plus, dans le cas présent, la Fed sera potentiellement d'autant plus crédible qu'elle dispose, fait inédit dans l'histoire, de la capacité d'influer directement sur les taux longs autrement que par sa seule communication, en commençant à se défaire des titres du Trésor accumulés par les QE successifs passés.
En zone euro, du côté de la BCE, la compétition semble avoir débuté pour mener au choix du remplaçant de Mario Draghi qui quittera son poste en octobre 2019. D'ici là, les débats portant sur le rythme que pourrait ou devrait prendre le resserrement (ou la moindre stimulation) monétaire en cours pourront difficilement demeurer sans échos sur les marchés actions compte tenu d'un écart de taux longs entre l'Allemagne et les Etats Unis se situant à des niveaux inconnus depuis 40 ans. Sans compter les innombrables échéances politiques à venir au sein de la zone euro, la complexité des gouvernances européennes, ou encore les diverses forces centrifuges à l'œuvre qui ressurgissent périodiquement.
Par zone géographique, l'Asie du nord-est et les pays sensibles aux matières premières continuent d'afficher des ratings agrégés supérieurs à la moyenne mondiale, et la note des Etats Unis est remontée récemment sous l'effet de l'importante baisse du taux d'impôt sur les sociétés.

Taux longs US (bleu) vs Taux allemands (rouge) depuis 1960
De façon encore plus granulaire, même si seulement 10% des valeurs suivies présentent un rating EQUITY GPS supérieur à 7,5/10, ce faible pourcentage représente néanmoins près de 650 valeurs, dont certaines européennes. Ces valeurs présentant selon nous un potentiel de performance positif à deux chiffres, en absolu comme en relatif au marché dans son ensemble.
Gilles Bazy-Sire
Président EQUITY GPS, membre du Cercle des Analystes Indépendants
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