* Marge de manoeuvre plus limitée que l'an dernier * Paris reconnaît ses limites sur le dossier iranien * Entretiens avec Trump et Rohani en marge de l'AG PARIS, 23 septembre (Reuters) - Un an après avoir tenu un discours de fermeté sur les accords internationaux face à Donald Trump, Emmanuel Macron défendra mardi à l'Onu "le multilatéralisme fort" et les "règles collectives", deux lignes directrices de la future présidence française du G7 menacées par le protectionnisme et le populisme. Le chef de l'Etat français, qui restera de lundi à mercredi à New-York, exposera en fin de matinée sa vision du monde dans une allocution d'une trentaine de minutes devant une centaine de chefs d'Etat et de gouvernements réunis dans l'enceinte onusienne à l'occasion de l'Assemblée générale annuelle. Il lancera à cette occasion un nouvel appel "à l'action collective pour relever les grands défis du monde actuel -- les inégalités qui se creusent, le défi climatique, les grandes crises internationales ou encore la question de la non prolifération", souligne-t-on dans son entourage. "A un moment où l'ordre mondial est bousculé, la France a des messages à faire passer", ajoute-t-on. Le discours "sera une forme d'entrée en matière d'une année diplomatique forte", marquée par le forum de la paix organisé le 11 novembre prochain à Paris et par la présidence française du G7 pour un an à partir du 1er janvier. Emmanuel Macron devrait dans ce contexte profiter de cette tribune pour tenir un "discours de mobilisation" et poser les jalons d'un "agenda multilatéral entre maintenant et le sommet du G7" à Biarritz fin août 2019. La marge de manoeuvre française s'annonce étroite. En un an, le fossé s'est creusé entre partisans du multilatéralisme et chantres du protectionnisme au gré du départ avec fracas des Etats-Unis d'une série d'instances internationales. Après avoir annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat et de celui sur le programme nucléaire iranien de 2015, le président américain a officialisé en juin le départ de Washington du Conseil des droits de l'homme de l'Onu. Donald Trump n'a également pas mâché ses mots contre l'Otan et l'OMC. SOUVERAINETÉ, PRIORITÉ DE TRUMP Sans surprise, le discours du locataire de la Maison blanche mardi ne devrait donc pas détonner. Il ne va pas dire "que le multilatéralisme ne peut pas fonctionner" mais "que la souveraineté est la priorité", a expliqué jeudi l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley. "Toutes ces choses que nous ressentions comme des contraintes pour les Etats-Unis, ce sont des choses auxquelles nous ne voulons pas participer", a-t-elle ajouté, citant entre autres l'accord de Paris sur le climat. Pour le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, avec qui Emmanuel Macron dînera à son arrivée lundi soir après s'être entretenu avec Donald Trump, les critiques émises contre le multilatéralisme sont source de "préoccupation". "Je n'aime pas personnaliser les choses", a-t-il toutefois indiqué alors qu'on lui demandait si le président américain constituait une menace pour le multilatéralisme. A Paris, on insiste sur le fait que les divergences de vues entre Donald Trump et Emmanuel Macron, qui ont affiché leur bonne entente et leur proximité ces seize derniers mois, n'ont pas empêché le chef de l'Etat français "d'être clair sur nos convictions". Lors de son entretien bilatéral avec Donald Trump lundi soir, Emmanuel Macron devrait notamment évoquer les questions commerciales et présenter "un agenda de modernisation" de l'OMC, qui "pourrait se concrétiser" lors d'une réunion en marge du forum sur la paix en novembre à Paris. "PAS DE GRAND MOMENT DE RÉCONCILIATION" Il n'en reste pas moins que, faute de volonté, - ou de fléchissement - à Washington, les initiatives diplomatiques françaises ont du mal à se concrétiser. "On va continuer d'encourager les Etats-Unis à rejoindre autant que possible le multilatéralisme et les actions collectives même si on voit que c'est difficile sur certains sujets, le climat, le commerce, le processus israélo-palestinien ou encore l'Iran", souligne-t-on à l'Elysée. Sur la question iranienne, "nous n'attendons pas de la semaine prochaine que ce soit un grand moment de réconciliation entre l'Iran et les Etats-Unis, ce ne serait pas très réaliste", admet-on. "Tant qu'on n'a pas de signaux clairs d'engager un dialogue des deux côtés, on ne pourra pas le forcer. Il faut que les deux pays (l'Iran et les Etats-Unis) et leurs dirigeants aient envie de se parler". Concernant la stratégie américaine, "on a des interrogations. On voit bien aujourd'hui que c’est une stratégie de pression maximale, mais avec quel calendrier, quels objectifs véritables, à travers quelles incitations ?", ajoute-t-on. Autre sujet abordé par Emmanuel Macron, qui pourrait également avoir des entretiens bilatéraux avec les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et égyptien et Abdel Fattah al Sissi, la question climatique. Un sommet "One Planet" - pendant d'une première édition organisée en décembre dernier à Paris - sera organisé mercredi à New York. (Marine Pennetier et John Irish, avec Michelle Nichols aux Nations Unies, édité par Yves Clarisse)
Macron va poser à l'Onu les jalons de sa présidence G7
information fournie par Reuters 23/09/2018 à 10:00
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