(Actualisé avec commentaires de Bernard Arnault, analystes, précisions; photo à disposition)
Le géant français du luxe LVMH LVMH.PA s'est déclaré mardi "confiant" pour l'année 2025 après avoir communiqué des ventes meilleures que prévu au quatrième trimestre.
Propriétaire de nombreuses marques, dont le fabricant de sacs à main Louis Vuitton et le cognac Hennessy, LVMH a fait état d'une croissance organique de ses ventes sur la période octobre-décembre de 1% à 23,93 milliards d'euros.
Sa principale division, celle de la mode et de la maroquinerie, a presque égalé ses ventes de l'année précédente, tandis que sa division consacrée à la distribution - comprenant sa chaîne de magasins Sephora - et celle pour l'horlogerie-joaillerie ont vu leurs ventes croître de 7% et 3% respectivement.
Il s'agit de résultats meilleurs qu'attendu, alors qu'un consensus Visible Alpha cité par Morgan Stanley anticipait une baisse des ventes totales de 1,6%.
"Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas annoncer des résultats records", a déclaré le PDG du groupe, Bernard Arnault, qualifiant l'année 2024 de "solide" et se disant "très confiant" pour 2025.
Bernard Arnault a ajouté vouloir "améliorer encore la position de leader" de LVMH sur le marché du luxe cette année.
Pour l'année 2024, les ventes totales de LVMH s'élèvent à 84,68 milliards d'euros, soit une croissance organique de 1% par rapport à 2023.
Le directeur financier du groupe, Jean-Jacques Guiony, a déclaré à des journalistes que LVMH constatait "une légère tendance à l'amélioration aux Etats-Unis et en Europe en fin d'année", la mode et la maroquinerie ayant davantage contribué à la croissance qu'au début de l'année.
La division mode du groupe, qui comprend Louis Vuitton et Dior, a annoncé des ventes en baisse de 1% à 11,139 milliards d'euros, soit une diminution moindre que celle de 3,3% attendue selon le consensus Visible Alpha. Cette division représente presque la moitié du chiffre d'affaires de LVMH.
"RÉSULTATS MITIGÉS"
Des analystes de Bernstein ont cependant estimé dans une note publiée mardi que ces performances "n'ont pas répondu aux attentes revues à la hausse" à la suite des résultats de Richemont.
"LVMH a du travail à faire chez Dior", une des marques phares du groupe dirigé par la fille de Bernard Arnault, Delphine Arnault, ainsi que dans d'autres divisions, ont ajouté les analystes de Bernstein.
Des analystes de RBC ont déclaré que LVMH a "présenté des résultats mitigés" au T4 et pour l'année 2024, notamment du fait d'un résultat opérationnel courant annuel de 19,57 milliards d'euros, soit un montant inférieur aux attentes.
Richemont, propriétaire de la marque Cartier, a fait état le 16 janvier de performances robustes pour sa fin d'année, du fait du dynamisme du marché américain sur lequel les acteurs du luxe s'appuient pour nourrir leur croissance, alors que la demande des clients chinois demeure morose.
Néanmoins, les résultats de LVMH, champion de l'industrie et seconde capitalisation boursière européenne, constituent un encouragement supplémentaire pour les investisseurs en quête de signes de sortie de crise.
D'après le cabinet de conseil Bain & Company, les ventes mondiales du secteur du luxe ont chuté de 2% l'an dernier, plombées par la morosité de l'économie chinoise.
Les ventes de LVMH au T4 ont augmenté de 3% aux Etats-Unis et de 4% en Europe, tandis qu'elles ont baissé de 10% en Asie (hors Japon), une baisse moindre que celle du trimestre précédent, de 16%.
Les titres des groupes de luxe, volatiles depuis la fin du boom post-pandémie de Covid 19, ont fortement augmenté depuis le début de l'année 2025 - Richemont a progressé de 25%, Hermès de 15% et LVMH de 19%.
"Je pense que le résultat aurait du être encore plus solide pour soutenir les gains qu'on a vus en Bourse, et donc je ne serai pas surpris s'il y avait demain un peu de baisse sur le titre LVMH", a estimé Luca Solca, analyste chez Bernstein.
"OPTIMISME AUX ETATS-UNIS"
Maximiser les ventes aux États-Unis, principal moteur de croissance du secteur cette année, tout en naviguant dans un climat politique potentiellement délicat marqué par les menaces de tarifs douaniers du président Donald Trump, pourrait devenir l'un des défis du PDG de LVMH, Bernard Arnault, et de ses principaux dirigeants cette année.
"Je reviens des USA et j'ai noté le vent d'optimisme qui règne dans ce pays. En revenant en France, c'est un peu la douche froide. Quand on arrive aux Etats-Unis, on vous accueille à bras ouverts", a déclaré Bernard Arnault lors de la présentation des comptes annuels de LVMH.
Il a ajouté qu'en France, "il faudrait faire comme aux Etats-Unis et prendre quelqu'un pour slasher la bureaucratie".
La présence de la famille Arnault à l'investiture de Donald Trump, aux côtés de milliardaires américains dont Elon Musk et Mark Zuckerberg, a été perçue comme un signe que la famille est bien placée pour protéger ses activités dans le pays. Selon Luca Solca, "il est logique que les grands entrepreneurs du luxe soient proches de la nouvelle administration américaine".
(Reportage Mimosa Spencer et Dominique Patton, version française Florence Loève, édité par Kate Entringer et Zhifan Liu)
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