
L'ancien PDG de Renault Luca de Meo, le 27 mai 2025 à Dieppe, dans le nord-ouest de la France ( AFP / Lou BENOIST )
L'assemblée générale des actionnaires du groupe de luxe français Kering a validé mardi l'arrivée au poste de directeur général de Luca de Meo, venu de Renault et qui a déclaré vouloir "agir sans délai" pour "rationaliser, réorganiser, repositionner" certaines marques et "désendetter" le groupe.
Kering avait officialisé à la mi-juin le recrutement de l'Italien Luca de Meo à un poste nouvellement créé de directeur général, l'actuel PDG François-Henri Pinault, 63 ans, conservant la présidence du groupe.
Le dirigeant de 58 ans, qui a fait toute sa carrière dans l'industrie automobile, était depuis cinq ans à la tête du constructeur français Renault qu'il a contribué à redresser.
Les actionnaires de Kering ont voté à 98,97% pour la nomination de Luca de Meo en qualité d'administrateur. La famille Pinault, via sa holding Artémis, possède 42,3% du capital de Kering et 59,3% des droits de vote.
L'Italien doit être confirmé au poste de directeur général lors du conseil d'administration tenu à l'issue de l'assemblée générale.
"La situation actuelle (...) renforce notre détermination à agir sans délai", a-t-il déclaré devant les actionnaires. "Cela exigera des choix clairs et forts", a-t-il prévenu. "Nous devrons continuer à nous désendetter et, là où cela s'impose, rationaliser, réorganiser et repositionner certaines de nos marques."
Kering, propriétaire de Gucci, Yves Saint Laurent ou encore Bottega Veneta, a annoncé en juillet une chute de 46% de son bénéfice net au premier semestre, à 474 millions d'euros, un plongeon de 16% de son chiffre d'affaires, à 7,6 milliards d'euros, et un endettement de 9,5 milliards d'euros.
"Évidemment, ce n'est pas aujourd'hui le moment de détailler notre futur plan stratégique que je construirai avec les équipes en vue d'une présentation au printemps 2026", a dit mardi celui qui prendra ses fonctions le 15 septembre.
Le futur directeur général a reconnu que "ces décisions ne seront pas toujours faciles". "Mais nous les prendrons avec lucidité, exigence et le sens des responsabilités qui incombent à notre rôle de dirigeants", a-t-il assuré.
"Cela impliquera sans doute des efforts de la part de tous, du management des collaborateurs, de nos partenaires, de nos fournisseurs", a-t-il esquissé, "et aussi un peu de confiance de votre part, les actionnaires."
- "Beaucoup de potentiel" -
Quelques minutes plus tôt, François-Henri Pinault, qui gardera la présidence de Kering, avait décrit Luca de Meo comme "un stratège, un bâtisseur et un homme qui comprend les marques", auquel il cède la direction générale "avec une confiance sereine".
Les actionnaires ont voté à 89,69% pour les modalités proposées concernant la rémunération de Luca de Meo, dont une "indemnité de prise de fonction" de 20 millions d'euros pour le dirigeant, qui a quitté la tête de Renault un an après le début de son deuxième mandat.
"Le montant est important", a reconnu François-Henri Pinault. "Mais je le vois comme un investissement du groupe sur son futur (...) c'est un très bon investissement", a-t-il justifié.
Les actionnaires ont aussi voté à 98,52% la prolongation de la limite d'âge du président de 65 à 80 ans et du directeur général de 65 à 70 ans.

Le président du groupe Kering François-Henri Pinault (4e en partant de la droite) assiste à un défilé Yves Saint Laurent, le 24 juin 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )
Pour redresser le groupe, Luca de Meo devra notamment donner un second souffle au mastodonte Gucci, qui représente 44% du chiffre d'affaires du groupe et un peu moins des deux tiers de sa rentabilité opérationnelle et qui souffre depuis plusieurs années. Le chiffre d'affaires au premier semestre s'est effondré de 27%, à 1,46 milliard d'euros.
Dans un marché du luxe chahuté par une conjoncture défavorable, les autres marques de Kering sont aussi à la peine.
"Je vois beaucoup de potentiel, les marques sont incroyables", a déclaré Luca de Meo à la presse à l'issue de l'assemblée générale. "Gucci, c'est clair que c'est une priorité (...) mais il y a beaucoup de choses. Il faut avoir l'habilité de faire les choses en parallèle, il y a beaucoup de choses à faire en même temps", a-t-il dit.
"Je suis déjà passé par des situations de redressement beaucoup, beaucoup plus compliquées", a-t-il assuré.
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