
( AFP / ERIC PIERMONT )
En pleine période de conflits commerciaux et un mois et demi après l'annonce d'un nouveau directeur général, le groupe de luxe Kering , plombé par la crise de sa marque phare Gucci, présente mardi ses résultats semestriels.
Le groupe dirigé par François-Henri Pinault bataille depuis plusieurs années pour redresser ses résultats, pénalisés par la mauvaise passe de sa marque phare Gucci, qui représente 44% de son chiffre d'affaires et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle.
Point d'orgue de la réorganisation lancée pour redresser la marque et le groupe, Kering a annoncé mi-juin l'arrivée de Luca de Meo, ex-patron du constructeur automobile Renault, à un poste nouvellement créé de directeur général aux côtés de François-Henri Pinault, qui conserve la présidence.
"Le changement de directeur général du groupe est positif, mais les résultats restent sous pression à court terme", souligne la banque HSBC dans une note d'analystes.
"Luca de Meo ne prendra ses fonctions que le 15 septembre 2025, et il est peu probable qu’il présente son plan stratégique avant les résultats annuels de 2025, attendus en février 2026", souligne la banque.
"D’ici là, les résultats devraient rester sous pression, Gucci étant confronté à des problèmes de direction stratégique ainsi qu’à un nouveau changement de directeur artistique, tandis que d’autres marques du portefeuille, comme Saint Laurent, rencontrent également des difficultés", ajoute-t-elle.
"De plus, l’environnement macroéconomique n’est pas favorable", souligne HSBC.
- Niveau endettement -
L'ensemble du secteur du luxe est confronté à un ralentissement de la demande et à l'offensive protectionniste des Etats-Unis. Jeudi, le géant français LVMH (Louis Vuitton, Dior, Céline, Moët Hennessy...) a annoncé une chute de 22% de son bénéfice net et de 4% de ses ventes au premier semestre.
Dimanche, un accord a été annoncé entre Washington et Bruxelles portant les droits de douane des produits européens importés aux Etats-Unis à 15%. Donald Trump avait menacé de les porter à 30% à compter du 1er août en l'absence d'accord.
L'Amérique du Nord représente 24% des ventes de Kering qui, contrairement à son concurrent LVMH, ne produit pas sur le sol américain. "On vend de la culture française, on vend la culture italienne. Ça n'aurait pas de sens pour moi d'avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas", affirme François-Henri Pinault.
Autre source d'inquiétude pour les analystes : le niveau d'endettement du groupe qui s’est "engagé dans une frénésie d’acquisitions et d’investissements au moment même où la performance de l’activité reculait", selon la banque Bernstein.
Kering a notamment pris une participation de 30% dans Valentino, acquis la marque de beauté Creed ou encore des immeubles dans des emplacements clés mais extrêmement coûteux comme la la Via Monte Napoleone à Milan ou la Rue Castiglione à Paris.
"Revendre des biens immobiliers (à des prix inférieurs à ceux d’achat) est un remède amer mais nécessaire", selon une note d'analystes de Bernstein. "Nous nous demandons s’il sera possible de convenir avec Mayhoola (groupe appartenant à la famille royale qatarie) de payer une plus grande partie du solde de l’acquisition de Valentino (70%) avec des actions Kering, plutôt qu’en espèces", poursuivent les analystes.
"À compter de l'annonce du prochain plan stratégique, et en fonction des éventuelles annonces de Kering, il faudra peut-être 12 à 18 mois avant que les nouvelles initiatives stratégiques ne se traduisent dans les chiffres", selon HSBC.
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