(Ajoute mot manquant dans le titre)
par Abhirup Roy et Akash Sriram
Elon Musk, le patron de Tesla
TSLA.O , a promis que le groupe renouerait avec la croissance cette année, alors que le constructeur automobile a fait état de sa toute première baisse des ventes cette semaine et que les analystes tablent sur un ralentissement des performances.
Impliqué dans l'administration du président américain Donald Trump depuis son retour à la Maison blanche et soutien de partis d'extrême droite en Europe, le milliardaire s'est attiré l'hostilité des consommateurs dans de nombreux pays, notamment en Europe, ce qui terni l'image de la marque de véhicules électriques, autrefois leader.
Tesla a ainsi affiché mercredi une baisse de 13% de ses livraisons trimestrielles, le niveau le plus faible en près de trois ans.
Les analystes s'attendent à une nouvelle baisse des ventes cette année.
"Il s'agit de notre premier regard sur l'impact des récents dommages causés à la marque - et cela semble être le principal moteur de la baisse des livraisons de ce trimestre", a déclaré Gene Munster, associé gérant chez Deepwater Asset Management, sur X.
"Ces taux de croissance vont probablement se détériorer davantage ce trimestre", a-t-il estimé, anticipant que les livraisons en 2025 seront inférieures de 9% aux 1,79 million de véhicules que Tesla a déclarés l'année dernière.
Les raisons politiques ne sont malgré tout pas la seule explication aux faibles performances de Tesla.
Les amateurs de la marque déplorent depuis longtemps le vieillissement de la gamme du constructeur automobile, alors que ses rivaux, dont le chinois BYD 002594.SZ , ont lancé des véhicules électriques rivalisant avec le SUV Model Y de Tesla.
Si le groupe a rafraîchi le Model Y, dont les livraisons ont débuté en Chine à la fin du mois de février, les investisseurs attendent de voir si cela aura une incidence sur les ventes au cours des prochains trimestres.
Les analystes de Deutsche Bank s'attendent quant à eux à une baisse des ventes de 5% cette année, supposant que le lancement d'une voiture moins chère prévue par Tesla se fasse de manière échelonnée.
Selon eux, Tesla devrait donner la priorité aux volumes de livraison au détriment des marges cette année encore, avec davantage d'incitations et d'accords financiers lucratifs.
Tesla n'a pour le moment pas annoncé quand un modèle moins cher serait lancé, ni à quel prix.
Gary Black, directeur associé de l'actionnaire de Tesla, The Future Fund, s'attend à ce que les livraisons et les bénéfices de l'entreprise en 2025 "soient beaucoup plus faibles" si ce nouveau modèle est simplement une version dépouillée d'un modèle existant.
Les analystes de Barclays ont quant à eux estimé que le nombre de livraisons du premier trimestre "ouvre la voie à un volume stable d'une année sur l'autre en 2025".
En 2024, Elon Musk avait promis une croissance du volume de 20% à 30% en 2025. Il n'avait pas réitéré cette promesse en janvier, déclarant alors que Tesla "travaillait dur" pour augmenter ses volumes annuels.
Mercredi, Tesla a également déclaré que le réoutillage des lignes de production de la version rafraîchie du Model Y dans ses quatre usines avait entraîné la perte de plusieurs semaines de production au cours du premier trimestre.
Le groupe n'a pas répondu aux demandes de commentaires supplémentaires.
"DOMMAGES PERMANENTS À LA MARQUE"
Jeudi, l'action Tesla a clôturé mercredi en baisse de 5,5%, au terme d'une séance marquée par d'importantes fluctuations, après l'annonce de Donald Trump sur les droits de douanes américains et la publication des chiffres des livraisons.
Après avoir culminé à 488,54 dollars (442,96 euros) à la mi-décembre, l'action de Tesla a chuté de 45%.
Elon Musk a souligné que les droits de douane entraîneraient une augmentation des coûts pour le fabricant de véhicules électriques, qui importe des quantités substantielles de matériaux utilisés pour fabriquer les batteries.
Pour les analystes de Morningstar, les droits de douane sur ces pièces pourraient augmenter d'au moins 5% à 10% le coût des véhicules de Tesla.
C'est toutefois l'adhésion d'Elon Musk à la politique d'extrême droite en Europe et son travail en tant que conseiller de Donald Trump au Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), qui supervise les coupes budgétaires et les réductions d'effectifs dans l'administration américaine, qui pourraient s'avérer plus coûteux pour Tesla.
Ces dernières semaines, voitures Tesla et concessionnaires ont été la cible d'actes de vandalisme.
Samedi à San Francisco, des centaines de personnes sont notamment descendues dans la rue appelant les consommateurs à boycotter la marque.
À Rome lundi, 17 véhicules de la marque ont également été incendiés.
Selon Dan Ives, analyste de Wedbush et partisan notoire de Tesla, l'implication d'Elon Musk dans le DOGE "n'est pas durable".
"Plus Musk reste au DOGE, plus il ajoute un risque supplémentaire à l'histoire de Tesla et pourrait causer des dommages permanents à la marque". Politico a rapporté mercredi qu'Elon Musk prévoyait de quitter son poste au sein du DOGE plus tôt que prévu, avant que la Maison blanche ne réfute ces révélations.
(Reportage Abhirup Roy à San Francisco et Akash Sriram à Bangalore ; version française Etienne Breban ; édité par Augustin Turpin)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer