
( AFP / MARCO BERTORELLO )
Le groupe italien d'aéronautique et de défense Leonardo envisage d'augmenter sa production dans le sillage du plan de Bruxelles visant à "réarmer l'Europe" et mise sur des "alliances internationales" pour "accélérer" sa croissance.
"Nous devons nous protéger davantage qu'avant, surtout si notre relation avec nos alliés de l'Otan change et les Etats-Unis relâchent leurs efforts pour la défense de l'Europe", a déclaré mardi son directeur général Roberto Cingolani en présentant son plan industriel 2025-2029.
Et de sortir la calculette: si l'Italie, qui consacre actuellement 1,52% de son produit intérieur brut à la défense, augmente ses dépenses militaires d'un point de PIB, les recettes de Leonardo augmenteront de 2 à 3 milliards d'euros, a-t-il assuré.
En tenant en compte aussi des dépenses accrues du reste de l'Union européenne et de la Grande-Bretagne, une hausse d'un point de PIB rapporterait 2 à 3 milliards d'euros supplémentaires, a-t-il expliqué lors d'une conférence avec les analystes.
Dans un contexte géopolitique chamboulé par le retour au pouvoir de Donald Trump, la Commission européenne a dévoilé un plan pour "réarmer l'Europe" visant à mobiliser quelque 800 milliards d'euros sur quatre ans.
Les commandes de l'industrie de l'armement s'étaient déjà multipliées auparavant en raison de la hausse des budgets de défense en Europe, dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
"Nous devons nous demander comment augmenter notre capacité de livraison", a indiqué M. Cingolani avant d'ajouter que "c'est un défi que nous devons relever et résoudre au niveau industriel".
Le plan industriel de Leonardo, qui ne tient pas compte des projets de Bruxelles, prévoit une croissance annuelle du chiffre d'affaires de 7% pour atteindre 24 milliards d'euros en 2029. En 2024, les recettes ont grimpé de 16,2% à 17,8 milliards d'euros.
Le groupe table également sur une croissance annuelle de ses commandes de 5,8% pour atteindre 26,2 milliards d'euros, après 20,9 milliards d'euros en 2024.
- Croissance dans l'espace -
Les partenariats internationaux lancés ces derniers mois permettent à Leonardo "d'accélérer notre développement en complétant nos capacités industrielles et technologiques", a commenté M. Cingolani.
"Dans un environnement complexe", Leonardo vise des "alliances fortes", en particulier "dans les domaines de la cybersécurité, de la technologie spatiale et de l'intelligence artificielle", a-t-il précisé.
Grâce à des alliances, Leonardo compte également booster sa division Espace nouvellement créée, pour "devenir un leader européen dans des segments à forte valeur ajoutée".
Pour cette branche, Leonardo prévoit une croissance des commandes et du chiffre d'affaires de 9% et 10% respectivement d'ici 2029, dans une marché en hausse d'environ 7% par an d'ici 2030.
Le groupe compte lancer 18 satellites militaires en orbite basse entre 2027 et 2028 auxquels s'ajouteront 20 satellites civils.
Leonardo a vu son bénéfice net bondir de 66,8% à 1,16 milliard d'euros en 2024, grâce notamment à la consolidation dans ses comptes de sa coentreprise Telespazio, dont il détient les deux tiers, le reste appartenant au français Thales.
- Alliances européennes -
Depuis son arrivée en 2023 aux commandes du groupe détenu à 30,2% par l'Etat italien, M. Cingolani s'est employé à nouer des alliances avec d'autres groupes de défense européens pour faire face aux concurrents aux Etats-Unis et en Chine.
Leonardo et le groupe turc Baykar, spécialiste de la fabrication des drones, ont signé ainsi jeudi un protocole d'accord prévoyant la création d'une coentreprise de production de drones.
Le groupe italien et un autre géant du secteur de l'armement, l'allemand Rheinmetall, ont scellé en octobre une coentreprise visant à fournir à l'armée italienne des chars d’assaut et des véhicules de combat d’infanterie.
Le groupe italien fait en outre partie d'une coentreprise avec le britannique BAE Systems et le japonais JAIEC, qui compte développer d'ici 2035 un avion de combat supersonique.
Interrogé sur une éventuelle participation de l'Arabie saoudite à cette coentreprise, M. Cingolani s'y est déclaré favorable, mais a estimé qu'elle relevait d'une "décision politique".
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