
(Crédits photo : Flickr - Frédéric Bisson )
Par Fitch Ratings
Le premier tour de l'élection présidentielle française souligne l'incertitude entourant le résultat final et son impact sur les paramètres politiques. La capacité de l'un des candidats restants à mettre en œuvre son programme politique pourrait être limitée si son parti ne parvient pas à obtenir une majorité parlementaire.
Le candidat sortant Emmanuel Macron, du parti centriste La République en Marche (LREM), a obtenu 27,8 % des voix au premier tour de dimanche, suivi de Marine Le Pen du Rassemblement national (RN), parti d'extrême droite, avec 23,2 %. Ils se disputeront le second tour le 24 avril. Jean-Luc Mélenchon est le seul autre candidat à avoir obtenu une part à deux chiffres des voix.
Ce résultat souligne le déclin des partis socialiste et républicain traditionnellement dominants, ainsi que l'incertitude entourant les élections législatives de juin. Les sondages d'opinion pour le second tour indiquent une victoire de Macron, ce qui est notre hypothèse de base, mais son avance s'est réduite pendant la campagne. Un second mandat pour Macron suggérerait une continuité de la politique économique et fiscale. Son programme prévoit un relèvement progressif de l'âge minimum de la retraite à 65 ans, les économies réalisées étant partiellement compensées par des dépenses supplémentaires, notamment une augmentation de la pension minimale à 1 100 euros par mois. Les propositions en matière de recettes laissent entrevoir de nouvelles réductions d'impôts, principalement sur les entreprises.
Les propositions de Le Pen en matière de dépenses et de fiscalité impliquent des déficits budgétaires et une dette publique beaucoup plus élevés que ceux de Macron. Par exemple, l'âge minimum de la retraite serait abaissé à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant l'âge de 20 ans et qui ont 40 ans de cotisations, les pensions seraient réindexées pour tenir compte de la hausse du coût de la vie, et les dépenses militaires augmenteraient. La TVA sur le carburant serait ramenée de 20 % à 5,5 %.
L'évolution du déficit budgétaire et de l'endettement de l'État constituait un élément sensible de la notation souveraine. Les implications fiscales des programmes des deux candidats peuvent évoluer au cours de la période de campagne restante et dépendront également du résultat des élections législatives, et de la question de savoir si celles-ci aboutissent à un parlement qui peut contrôler la capacité de la prochaine administration à mettre en œuvre son programme.
Une présidence Macron impliquerait également une continuité dans les relations avec l'UE. Bien que Le Pen ait adopté un ton plus doux à l'égard de l'UE et de l'euro depuis sa campagne de 2017, sa position sur le protectionnisme, l'immigration, la liberté de circulation et ses plans de dépenses rendraient les relations avec l'UE plus difficiles, et entraveraient la poursuite de l'intégration européenne.
La perspective négative sur la note souveraine 'AA' de la France reflète la trajectoire incertaine de l'endettement public et de la politique économique au-delà des élections. Les résultats des finances publiques pour 2021 ont été meilleurs que prévu, avec la première estimation du déficit public à 6,5% du PIB et de la dette publique à 112,9% (par rapport à nos estimations les plus récentes de 7,2% et 114,3%, respectivement).
Toutefois, le déficit et la dette publics devraient diminuer plus lentement que nous l'avions prévu en 2022-2023, en partie en raison du programme de soutien économique du gouvernement actuel, qui comprend des remises sur le carburant et le gel des prix du gaz. Le gouvernement estime que ce train de mesures, introduit en octobre et désormais élargi aux subventions sur le carburant automobile, représente environ 22 milliards d'euros (0,9 % du PIB de 2021) de mesures de nature à accroître le déficit. Il prolonge également jusqu'à fin juin 2022 la disponibilité des prêts garantis par l'État introduits pendant la pandémie de Covid-19.
En outre, l'impact de la guerre en Ukraine par le biais de la hausse des prix, de la perturbation de la chaîne d'approvisionnement et de l'affaiblissement de l'activité en Europe nous a conduits à réduire nos prévisions de croissance du PIB français pour 2022 à 3,0 % contre 3,7 % (nous avons laissé inchangée notre prévision de PIB pour 2023 à 2,2 %). Des risques supplémentaires pour la croissance et les finances publiques pourraient découler du conflit.
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