Le Pérou s'accroche à la deuxième place pour le cuivre, mais la filière d'investissement est au point mort

information fournie par Reuters •13/09/2023 à 12:00

par Marco Aquino

LIMA, 13 septembre (Reuters) - Le Pérou s'accroche à sa place de deuxième producteur et fournisseur mondial de cuivre, avec un rebond de l'activité minière aidant le pays andin à rester cette année juste devant le producteur rival, la République démocratique du Congo (DRC), qui est sur ses talons.

La nation sud-américaine a vu sa production de métal rouge augmenter d'environ 20 % au cours du premier semestre 2023, selon les données du gouvernement, bien que cela ait été tempéré par la paperasserie (link) et la baisse des investissements miniers après une période d'agitation politique et de protestation.

Le Pérou a produit 2,45 millions de tonnes de cuivre en 2022. La production de cuivre de la RDC - juste derrière le Pérou avec 2,40 millions de tonnes métriques l'année dernière - a augmenté de 3% au cours du premier trimestre, selon les dernières données de la banque centrale, ce qui la maintient à la troisième place. Le Chili reste de loin le premier producteur et exportateur mondial.

Au cours du premier trimestre, la production du Pérou s'est élevée à 619 000 tonnes, contre 564 772 tonnes pour la RDC. Le Pérou devance également de peu le Congo en ce qui concerne les expéditions, avec 1,4 million de tonnes contre 1,3 million au cours du premier semestre, selon des données distinctes fournies par les deux ministères des mines.

Ces données suggèrent que la RDC pourrait bientôt détrôner le Pérou de sa deuxième place, d'autant plus que les investissements miniers au Pérou devraient, selon les autorités, chuter de 16 % cette année et de 7 % l'année prochaine.

"Nous souffrons de l'absence de projets de classe mondiale", a déclaré Gonzalo Tamayo, ancien ministre péruvien des mines en 2016-2017 et aujourd'hui partenaire du cabinet de conseil Macroconsult, ajoutant que la plupart des investissements étaient des projets de taille moyenne ou des expansions. "Nous n'avons pas été en mesure d'attirer de nouveaux grands investissements"

Les Andes péruviennes abritent de grandes entreprises minières, notamment Freeport-McMoRan FCX.N , MMG Ltd 1208.HK , BHP

BHP.AX , Glencore GLEN.L , Teck Resources TECKb.TO , le japonais Mitsubishi 8058.T , et Southern Copper de Grupo México

GMEXICOB.MX .

La mine Quellaveco d'Anglo American AAL.L , d'une valeur de 5,5 milliards de dollars, qui produit 30 000 tonnes de métal par mois et qui a démarré ses activités à la fin de l'année dernière, a joué un rôle clé dans l'augmentation de la production.

Cependant, le Pérou est confronté à un problème imminent: l'absence de nouveaux projets majeurs dans son pipeline d'investissements miniers de 53 milliards de dollars, ce qui exercera une pression supplémentaire sur les gisements existants.

Ivan Merino, ancien ministre des mines dans le gouvernement de l'ancien président déchu Pedro Castillo en 2021, a déclaré que le manque de "prévisibilité" au Pérou et les manifestations régulières faisaient fuir ou retardaient les investissements.

"Si vous n'avez pas de stabilité sociale, la viabilité des projets sera difficile. Pas impossible, mais difficile", a-t-il déclaré.

Newmont Mining Corp NEM.N a annoncé en juin qu'elle reporterait à 2026 sa décision d'investir quelque 2,5 milliards de dollars.

Fin juillet, le gouvernement péruvien a approuvé l'expansion de la mine Toromocho de l'entreprise chinoise Chinalco, pour un montant de 1,3 milliard de dollars, et prévoit d'approuver un plan d'expansion de 2 milliards de dollars pour la mine Antamina à la fin de l'année.

M. Tamayo a toutefois ajouté que le Pérou devait prendre des mesures pour stimuler de nouveaux investissements, sous peine d'être dépassé par des producteurs rivaux.

"Si le Pérou ne se lance pas, s'il ne surfe pas sur cette vague, quelqu'un d'autre le fera", a-t-il déclaré.