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Le marché américain voit-il naître une nouvelle bulle financière ?
information fournie par Boursorama 04/04/2017 à 09:44

Selon un sondage réalisé auprès de 165 investisseurs par Bank of America Merrill Lynch, Wall Street est le marché le plus surévalué. Véronique Riches-Flores, économiste et présidente de RF Research, interrogée par le journaliste David Jacquot dans le cadre de l'émission Ecorama du 4 avril 2017, analyse la direction prise par le marché américain, qui semble s'entremêler avec la création d'une bulle financière.

Pourquoi les indices boursiers américains ne corrigent pas alors que 80% des investisseurs pensent qu'il y a une bulle ?">

On a des conditions sur les marchés financiers qui font que les investissements sur les actions restent encore relativement attractifs. Il y a eu, il y a quelques mois, l'espoir que l'économie américaine retrouve une économie structurelle. C'était l'enjeu du programme de l'élection de Donald Trump, mais maintenant ces perspectives sont retombées. Et je pense que le marché a pour le coup raison.

De fait quand on compare ce que paie le marché américain, 18 fois à peu près les anticipations de résultats pour l'année à venir, c'est un record, c'est un niveau qu'on a cassé un peu avant 2000 alors qu'on était en pleine bulle.

Ce n'est pas de bon augure. On a huit grands investisseurs sur dix qui pensent qu'il y a une bulle mais ils ne vendent pas, pourquoi ?

Donc tant que vous avez un écart très substantiel et croissant entre la tendance de la croissance de l'économie réelle et le niveau des taux d'intérêts, vous avez un contexte favorable au marché d'actions. C'est ce qui se passe aujourd'hui et qui peut être extrêmement préoccupant sur le long terme. C'est aussi ce qui alimente cette bulle parce que pour le coup, on est bien en pleine bulle.

On attend a priori 10 % de croissance des bénéfices pour 2017, est-ce que c'est tenable ?

C'est là que la lecture du programme et des réformes Trump est très importante puisqu'en réalité, c'est ce qui va déterminer la façon dont on peut percevoir le potentiel de croissance de l'économie américaine et sa capacité à prolonger ce cycle qui est déjà très vieux. L'économie américaine va dépendre de ce qu'il va recevoir du programme du président Américain, qui est, à mon sens, négatif pour l'économie du pays. C'est très bon pour les résultats immédiats des entreprises mais ce n'est pas un changement de politique qui préjuge d'une amélioration structurelle des résultats des entreprises américaines, et donc, d'une meilleure productivité qui sera in fine nécessaire pour justifier les cours boursiers actuels. Surtout, ça ne rassure pas sur la perspective de croissance de l'économie américaine.

Dès lors que l'on a trébuché sur les réformes de l'Obamacare, on sait bien que les ressources nécessaires pour financer les autres réformes ne seront pas au rendez-vous. Il y aura sans doute des compromis, je pense que les Républicains ont bien envie de valider au moins une partie des baisses d'impôts, mais de combien ? Je suis incapable de le dire.

D'autres données plaident justement pour dire que les marchés US sont surévalués, il y a ce sondage dont on a parlé, la cherté qui est une évidence quand on compare à l'Histoire. Un chiffre ahurissant également : Wall-Street pèse aujourd'hui 150% du PIB américain, on est revenu au niveau de l'an 2000 ! Est-ce que ce ne sont pas des signaux qui doivent nous alerter ?

Ce sont des signaux qui paralysent l'action de la Banque centrale américaine. Aujourd'hui, quand on regarde le niveau de richesse du secteur privé -ménage et entreprises- aux États-Unis, on est à 9 fois le PIB américain, c'est-à-dire qu'on a dépassé en un temps record les niveaux qui étaient ceux de 2007 (avant la crise). Donc vous avez une croissance qui a fait enfler les prix immobiliers dans des proportions considérables. On est à 20% au-dessus du pic de 2007 au niveau de l'immobilier neuf américain. Et puis il y a la valorisation des titres qui fait qu'aujourd'hui on est dans une situation où la Banque centrale est paralysée. Si jamais les conditions économiques la poussaient à devoir accélérer le rythme de la hausse de ses taux d'intérêts, la FED viendrait à percer cette bulle gigantesque. Et cette bulle n'est pas seulement une bulle du marché d'actions, mais aussi une bulle manifeste du marché immobilier. Cela, la Banque centrale ne le fera pas. Quand on est dans une situation comme celle-là, on ne sait jamais trop comment ça se termine, si ce n'est que ça se termine souvent mal. Tant que vous avez une Banque centrale très précautionneuse et qui ne promet pas d'accélérer le rythme de hausse des taux, vous avez un contexte qui risque d'augmenter cette bulle.

Finalement si 80 % des grands investisseurs sont d'accord mais ne font rien, la bulle va continuer à monter ?

>En 1999, tous les clients que je voyais à l'époque, me disaient « on est convaincu qu'on est en pleine bulle mais on est obligé de suivre ». …

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