Action, réaction. Norges Bank Investment Management (NBIM), le gestionnaire d’actifs du fonds souverain norvégien, est sous pression du ministre norvégien des finances pour revoir ses investissements dans les sociétés cotées israéliennes et proposer des mesures alternatives si nécessaire.
Le plus grand fonds souverain du monde (1.695 milliards d’euros sous gestion au 11 août 2025) est sommé de s’expliquer suite aux révélations publiées en juin par le quotidien norvégien Aftenposten . Le média a entre autres révélé que NBIM avait augmenté sa participation dans la société israélienne Bet Shemesh Engines, une entreprise qui fabrique des pièces d’aviation à l’armée israélienne. Or, Tsahal les utilise dans ses opérations de bombardement de la bande de Gaza.
NBIM s’est fendu d’une première réponse ce lundi 11 août. «Nous avons initié la révision (des investissements) et sommes en dialogue étroit avec le conseil éthique (du fonds). Nous avons des entretiens avec le ministre des Finances et répondrons formellement à sa lettre aussitôt que possible et avant la date limite du 20 août», a indiqué l’institutionnel norvégien.
Le gérant du fonds souverain norvégien a ajouté qu’au 30 juin 2025, il était investi dans 61 sociétés israéliennes. Parmi elles, 11 ne figuraient pas dans l’indice de référence officiel fixé par le ministère des Finances norvégien pour guider la gestion du Government Pension Fund Global (GPFG). Selon son site internet, le fonds était investi à hauteur de 16,2 milliards de couronnes norvégiennes (1,4 milliard d’euros) dans des sociétés israéliennes fin 2024.
Circonstances exceptionnelles
NBIM assure avoir pris deux décisions la semaine dernière. Le fonds a cédé tout investissement dans les sociétés israéliennes qui n’étaient pas incluses dans l’indice de référence publié par le ministère . En outre, tous les investissements dans des sociétés israéliennes réalisés par des gestionnaires d’actifs externes pour le compte du fonds souverain seront désormais gérés de manière interne par NBIM. Ils se limiteront aux entreprises contenues dans l’indice de référence du ministère. Cependant, le gestionnaire du fonds souverain norvégien précise qu’il n’investira pas dans toutes les sociétés israéliennes de l’indice.
Enfin, le fonds va couper ses contrats avec les gérants externes israéliens à qui il avait alloué des capitaux. Cette dernière mesure va concerner notamment le gérant Meitav Dash Portfolio Management.
«Ces mesures ont été prises en réponse à des circonstances exceptionnelles. La situation à Gaza constitue une grave crise humanitaire. Nous investissons dans des entreprises qui opèrent dans un pays en guerre, et les conditions en Cisjordanie et à Gaza se sont récemment détériorées. En réaction, nous allons renforcer encore davantage notre due diligence. Les mesures que nous prenons vont simplifier la gestion de nos investissements sur ce marché et réduire le nombre d’entreprises que nous, ainsi que le Conseil d’éthique, surveillons» , a commenté Nicolas Tangen, directeur général de NBIM, dans un communiqué.
Le fonds rappelle que depuis 2020, il a renforcé ses attentes vis-à-vis des sociétés opérant dans des zones de conflits et a été en contact avec une soixantaine d’entreprises sur le sujet. «Sur cette base, 39 entretiens étaient liés à la Cisjordanie et à Gaza. A l’automne 2024, nous avons intensifié notre surveillance des investissements dans les entreprises israéliennes. En conséquence, nous avons cédé nos investissements dans plusieurs sociétés israéliennes» , fait savoir NBIM.
Par ailleurs, le gérant a exclu onze sociétés en raison du risque «inacceptable» de contribution aux violations de normes sérieuses associées à leurs opérations en Cisjordanie.
Adrien Paredes-Vanheule
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