(Actualisé avec appel à la démission du gouvernement lancé par Moktada al Sadr, nouveau bilan § 3-8) BAGDAD, 4 octobre (Reuters) - Le grand ayatollah Ali al Sistani, plus haut dignitaire chiite d'Irak, a lancé vendredi un appel au calme alors que les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre se sont poursuivis à travers le pays. Les manifestations ont commencé mardi à Bagdad et se sont rapidement propagées dans une grande partie de l'Irak, en particulier dans le sud chiite du pays. Le dernier bilan obtenu vendredi soir de sources médicales et auprès des services de sécurité fait désormais état de 65 morts; les décès ont été pour la plupart recensés au cours des dernières 24 heures. A Bagdad, on a recensé près de 200 blessés pour la seule journée de vendredi. Les manifestants dénoncent la corruption et le manque d'emplois dans le pays. Dans son appel à ne pas recourir à la force, le grand ayatollah Ali al Sistani a également critiqué la classe politique, en particulier les parlementaires, pour leur incapacité à régler les problèmes du pays. "Il est triste qu'il y ait eu tant de morts, de victimes et de destruction", déclare-t-il dans une lettre lue par son représentant Ahmed al Safi lors d'un sermon dans la ville sainte chiite de Kerbala. "Le gouvernement et les partis politiques n'ont pas répondu aux revendications du peuple sur la lutte contre la corruption et ne sont parvenus à rien sur le terrain", ajoute le dignitaire, dont la parole est rare. "Le parlement porte la responsabilité principale de ce qui est en train de se passer." Moktada al Sadr, figure politique chiite et chef de file du principal bloc d'opposition au Parlement, a pour sa part réclamé la démission du gouvernement et la tenue d'élections législatives anticipées sous la supervision d'observateurs internationaux. Dans une allocution télévisée diffusée dans la nuit de jeudi à vendredi, le Premier ministre, Adel Abdoul Mahdi, a dit comprendre la frustration de la population mais souligné qu'il n'existait pas de "solution magique" aux problèmes du pays. Il a affirmé que la classe politique était consciente des souffrances et des difficultés de la population. "Nous ne vivons pas dans des tours d'ivoire, nous marchons parmi vous dans les rues de Bagdad", a-t-il dit. Dans la journée de vendredi, des tireurs d'élite de la police irakienne ont ouvert le feu sur des manifestants à Bagdad, semblant cibler certaines personnes, ont rapporté des journalistes de l'agence Reuters. Cette flambée de violence est sans précédent depuis que l'insurrection de l'organisation Etat islamique a été matée, il y a deux ans. Des couvre-feux ont été imposés dans plusieurs villes du pays. Plusieurs voies d'accès à la capitale depuis le nord et le nord-est ont été fermées à la circulation et des renforts envoyés dans les quartiers très peuplés de l'est de Bagdad. Ces troubles surviennent à l'approche de l'Arbaïn, un grand pèlerinage chiite qui a attiré ces dernières années jusqu'à 20 millions de fidèles qui se rendent à pied vers la ville de Kerbala, dans le sud de l'Irak. (Henri-Pierre André pour le service français)
Le bilan des violences s'alourdit en Irak, le plus haut dignitaire chiite met en cause la classe politique
information fournie par Reuters 04/10/2019 à 21:28
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