( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
Nouvelle étape dans la vente de Paris Match: le groupe Lagardère, dans le giron de Vincent Bolloré, a annoncé mercredi un protocole d'accord en vue de la cession de son magazine emblématique au géant du luxe LVMH , dirigé par Bernard Arnault.
"Ce protocole d'accord non engageant prévoit" une cession de Paris Match sur "la base d'une valeur d'entreprise" de 120 millions d'euros, sous "réserve de la finalisation des négociations", a précisé Lagardère dans un communiqué.
La signature de cet accord a été autorisée mercredi par le conseil d'administration de Lagardère, confirmant l'avancée des négociations exclusives annoncées fin février par les deux groupes.
"L'éventuelle signature des accords définitifs pourrait intervenir fin juillet 2024", selon le communiqué.
Soumis à l'aval des autorités de la concurrence, le projet pourrait être finalisé "fin septembre", est-il ajouté.
Déjà propriétaire des quotidiens Le Parisien et Les Echos et actionnaire de Lagardère, Bernard Arnault convoite de longue date son hebdomadaire, pour lequel il avait déjà fait une offre en 2021.
C'est "un peu un crève-cœur" mais "c'est une offre qui ne peut pas ne pas se regarder", avait commenté en avril, lors d'une assemblée générale, Arnaud Lagardère, alors patron du groupe éponyme racheté fin novembre par le géant des médias Vivendi au terme d'un long feuilleton.
Quelques jours plus tard, il avait abandonné ses mandats exécutifs, dont celui de PDG, après avoir été mis en examen dans le cadre d'investigations sur le financement de dépenses personnelles par ses sociétés.
Depuis, Jean-Christophe Thiery, président du Conseil de surveillance du Groupe Canal+, le remplace provisoirement.
L'annonce de la vente de Paris Match, qui fête ses 75 ans cette année, avait suscité la surprise fin février, trois mois après la cession de Gala au groupe le Figaro.
- Désendettement -
Vivendi avait cédé son magazine people afin de répondre aux exigences de l'Union européenne pour racheter Lagardère et ainsi conserver Paris Match, titre vendu à près de 450.000 exemplaires chaque semaine en 2023, selon l'Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM).
Pour autant, la cession de Paris Match "était dans les tuyaux depuis quelques semaines ou mois", avait alors affirmé un journaliste de l'hebdomadaire à l'AFP, évoquant un "pacte de non-agression" conclu entre Bernard Arnault et Vincent Bolloré.
Selon la même source, "Bernard Arnault a une volonté très forte, depuis longtemps, d'intégrer Match dans son groupe" car c'est "une marque qui porte une grande partie de la France".
Cette vente doit également permettre à Lagardère de réduire sa dette, de 2,1 milliards d'euros fin 2023.
Au premier trimestre 2024, le groupe a affiché un chiffre d'affaires de près de 1,9 milliard d'euros, en hausse de 12,4% grâce à ses boutiques dans les gares et aéroports, quand son activité presse (Paris Match, Le Journal du Dimanche, Elle) a reculé de 14,3%.
Les instances représentatives du personnel concernées par la cession de Paris Match seront par ailleurs consultées.
Comme tous les principaux médias de Lagardère, sa rédaction a connu des remous depuis que Vincent Bolloré, réputé conservateur, en est devenu l'actionnaire principal. Sa Société des journalistes (SDJ), garante du respect des règles déontologiques, a notamment choisi de se saborder en début d'année.
En 2021, Europe 1 s'était pour sa part vidée de sa rédaction après une grève historique, un scénario qui s'est reproduit deux ans plus tard au JDD.
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