(AOF) - La série noire se poursuit pour le secteur des semi-conducteurs. Après les prévisions décevantes de NXP et de Texas Instruments, STMicroelectronics (-9,67% à 24,37 euros) connaît la plus forte baisse du CAC 40 en raison de prévisions de marge plus faibles qu’attendu. " Aucune prévision n'a été fournie pour l'exercice 2025 ", fait remarquer UBS. Si l'on suppose que le consensus pour le quatrième trimestre reste inchangé, l'objectif d’EBIT pour 2025 pourrait être abaissé d’environ 5%, a calculé la banque suisse.
Marge brute décevante
Au troisième trimestre, le fabricant de semi-conducteurs vise un point médian pour le chiffre d'affaires net de 3,17 milliards de dollars, en baisse de 2,5% en variation annuelle et en hausse de 14,6% en variation séquentielle. Le consensus s'élève à 3,048 milliards de dollars, selon UBS.
La déception provient de la marge brute, une mesure très suivie de la rentabilité, anticipée à 33,5% et comprenant environ 340 points de base de charges liées aux capacités non utilisées. Le marché anticipait une marge brute de 35,2%. Par rapport au deuxième trimestre, STMicroelectronics a prévenu que la marge brute sera négativement impactée par environ 140 points de base, essentiellement en raison de l'effet de change et, dans une moindre mesure, du démarrage de coûts non récurrents liés au projet de remodelage de son empreinte industrielle.
UBS souligne que les stocks ont augmenté de 9%, à 3,27 milliards de dollars, entre le premier et le deuxième trimestre, ce qui explique en partie la marge brute décevante au troisième trimestre 2025.
Perte d'exploitation de 133 millions de dollars
Les dépréciations et charges de restructuration liées à ce projet ont fait tomber les comptes de STMicroelectronics dans le rouge au deuxième trimestre. Le groupe franco-italien a enregistré au deuxième trimestre une perte nette de 97 millions de dollars, contre un profit de 353 millions de dollars, un an plus tôt à la même époque. Il a également essuyé une perte d'exploitation de 133 millions de dollars, contre un bénéfice de 375 millions de dollars au deuxième trimestre 2024. Les analystes interrogés par Bloomberg anticipaient en moyenne un profit opérationnel de 54 millions de dollars. En données ajustées, STMicroelectronics a affiché un profit d'exploitation de 57 millions de dollars, légèrement supérieur au consensus : 56,4 millions de dollars.
Le groupe précise que la " perte d'exploitation inclut 190 millions de dollars en dépréciations, charges de restructuration et autres coûts liés au redéploiement de l'outil de production pour le trimestre ". Ils reflètent " des dépréciations d'actifs et des charges de restructuration, principalement associées au projet d'entreprise annoncé précédemment de remodelage de notre empreinte industrielle et de redimensionnement de notre base de coûts globale ", a détaillé STMicroelectronics. Dans ce cadre, jusqu'à 2 800 personnes quitteront le groupe au niveau mondial sur la base du volontariat, en plus de l'attrition naturelle.
La marge brute est tombée à 33,5%, contre 40,1% un an auparavant. Le groupe visait une marge d'environ 33,4%.
Revenus supérieurs à l'objectif
Le chiffre d'affaires a reculé de 14,4%, à 2,77 milliards de dollars. Il a progressé de 9,9% par rapport au premier trimestre. Le fabricant de semi-conducteurs visait 2,71 milliards de dollars de revenus.
Commentant cette publication, Jean-Marc Chéry, président du directoire et directeur général de ST, a déclaré : " Le chiffre d'affaires net du deuxième trimestre est ressorti au-dessus du point médian de notre fourchette de perspectives financières, tiré par un chiffre d'affaires plus élevé dans l'Électronique Personnelle et l'Industriel, tandis que l'Automobile a été légèrement au-dessous de nos attentes. "
Avant d'ajouter : " Au deuxième trimestre, notre ratio de prises de commandes sur facturations est resté au-dessus de la parité dans l'Industriel, tandis que pour l'Automobile, il a été en dessous de la parité. Les commandes ont continué d'augmenter en variation séquentielle. "
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Numéro 1 européen de la fabrication de semi-conducteurs né en 1987, numéro 1 mondial dans les microsystèmes électromécaniques (Mems) et dans les capteurs de mouvement pour tablettes et mobiles ;
- Revenus de 13,3 Mds$ répartis entre les MEMs et ADG (systèmes analogiques et numériques) pour 36 %, les micro-processeurs pour 26 %, les produits discrets et de puissance pour 24 % et les circuits numériques intégrés ou RF pour 14 % ;
- Présence internationale équilibrée : 40 % des ventes dans les Amérique, 30 % en Asie-Pacifique et 30 % dans le reste du monde ;
- Ambition : à partir de positions fortes dans les microsystèmes et semi-conducteurs (ADG, AMS et MDG) pour mobilité intelligente, gestion de l’énergie, cloud et IoT, élargissement du leadership dans l’industrie et l’automobile et consolidation de la part de marché (48 %) dans les capteurs de mouvement pour tablettes et mobiles ;
- Capital ouvert avec 2 positions fortes : 13,6 % pour BPIfrance et 13,6 % pour le ministère italien de l’économie et des finances, l’italien Finmeccanica étant prêt à céder sa participation de 6,6 % ;
- Conseil de surveillance présidé par Nicolas Dufourcq et directoire de 9 membres présidé par Jean-Marc Chéry, directeur général.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- élargissement du leadership dans l’industrie et l’automobile et consolidation de la part de marché (48 %) dans les capteurs de mouvement pour tablettes et mobiles,
- réaction à la chute des marchés industriels et automobile : 300 M$ d’économies de coûts sur 3 ans, repli de 6 % des effectifs, investissements industriels en Chine et recentrage franco-italien sur les nouvelles technologies, telles l‘interconnexion pour centres de données et serveurs d’intelligence artificielle (500 M$ de revenus attendus en 2030) ou l’association puces-transistors pour véhicules hybrides,
- innovation déployée par 1/5ème des salariés et financée à 15,1 %, dotée du portefeuille de brevets le plus étendu de son secteur (près de 18 000), enrichie par la culture de partenariats avec les clients, les fournisseurs & les centres de recherche publics et reconnue par le leadership dans les programmes de l’Union européenne, tels Penta ou IPCEI, ou des grands du secteurs, tel Zigbee, club mondial des entreprises dans l’IoT ;
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone en 2027 et implantée le long de la chaîne de valeur avec approvisionnement total en énergie renouvelable via les fermes solaires sur les sites industriels ;
- Alliance européenne des puces centrée sur la technologie FD+SOI et fort soutien des financements public européens, notamment à Catane en Sicile (5 Mds€) ;
- Bilan non endetté : 17,5 Mds$ de capitaux propres, 2,3 Mds$ de disponibilités et un autofinancement libre de 288 M$.
Défis
- Sensibilité à la parité €/$, avec 60 % des dépenses d’exploitation en euros ;
- 3 nécessités stratégiques pour retrouver la confiance des investisseurs :
- nouvelles opportunités dans les satellites à orbite basse,
- baisse des tensions sur la gouvernance entre l’Italie et la France,
- investissement soutenus dans les semi-conducteurs avancés pour l’IA afin de combler le retard face au taïwanais TSMC ;
- dans l’automobile, succès de la stratégie China for China, avec gains de part de marché et arrêt de la chute des « capacity reservation fees » de Tesla ;
- réduction des stocks, en hausse à 3 Mds€ à fin mars ;
- Après une chute de 27 % des ventes et de 89 % du bénéfice net au 1er trimestre, anticipations limitées au 2 nd trimestre en raison du manque de visibilité : recul de 16,2 % du chiffre d’affaires et de 33,4 % pour une marge opérationnelle impactée par les charges de restructuration ;
- 0bjectif 2027-28 : revenus de -18 Mds$ et marge opérationnelle de 23 % environ ;
- 0bjectif 2030 : revenus de + 20 Mds$ et marge opérationnelle de + 30 % ;
- Recul du dividende 2024 à 0,24 $, versé en 4 acomptes.
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