(AOF) - Kering (+0,66% à 268,70 euros) a annoncé hier soir la nomination de Francesca Bellettini comme présidente-directrice générale de Gucci. Reportant à Luca de Meo, directeur général de Kering, elle succède à Stefano Cantini qui a occupé ce poste pendant seulement neuf mois. Le géant du luxe a en outre indiqué que Jean-Marc Duplaix continuera d'exercer ses fonctions de chief operating officer (directeur général des opérations), secondant Luca de Meo dans le développement et la gestion de l’organisation du groupe. Les fonctions de directeur général adjoint de Kering seront désormais supprimées.
Francesca Bellettini a rejoint Kering en 2003 en tant que directrice de la planification stratégique et directrice adjointe du merchandising chez Gucci. En 2008, elle rejoint Bottega Veneta, dont elle devient directrice du merchandising et de la communication en 2010. En 2013, elle est nommée présidente-directrice générale de Saint Laurent. En septembre 2023, Francesca Bellettini devient directrice générale adjointe de Kering en charge du développement des Maisons.
Avant de rejoindre Kering, Francesca Bellettini, qui a débuté sa carrière à Londres dans la banque d'investissement, avait travaillé pour la division business planning et developpement du groupe Prada avant de devenir responsable des opérations chez Helmut Lang.
" A ce moment charnière pour le groupe, j'entends mettre en place une organisation simplifiée et plus claire et m'appuyer sur les meilleurs talents pour diriger nos Maisons. Gucci, fleuron du Groupe, mérite toute notre attention, et Francesca, l'une des dirigeantes les plus expérimentées et les plus respectées du secteur, va lui apporter le leadership et la rigueur nécessaires pour remettre la marque à la place qui est la sienne. ", a affirmé dans un communiqué Luca de Meo.
" Nous devons continuer à réduire notre dette, à réduire nos coûts. Et, si nécessaire, rationaliser, réorganiser, repositionner certaines de nos marques. Ces décisions ne seront pas toujours faciles à prendre. " avait déclaré le dirigeant lors de l'assemblée générale, qui a entériné sa nomination.
" Nous ne prévoyons pas de réaction significative du cours des actions à cette annonce, étant donné que ce changement potentiel a été signalé au cours du week-end dans les articles de presse (celui de Miss Tweed, le 14 septembre dernier) et que les actions de Kering ont réagi positivement entre-temps (en hausse de 10%) ", a commenté RBC au sujet de l'arrivée de Francesca Bellettini à la tête de la Maison italienne de mode et de luxe.
La banque canadienne estime que " la nomination de Francesca Bellettini en tant que PDG de la marque Gucci est encourageante, compte tenu de son parcours chez Yves Saint Laurent et d'un nouveau mandat qui lui permet de se concentrer exclusivement sur Gucci ".
En outre, " le nouveau PDG, Luca De Meo, semble disposé à apporter les changements nécessaires pour une organisation plus légère et un groupe Kering plus intégré, faisant suite aux commentaires qu'il a faits lors de la dernière assemblée générale annuelle de Kering ", ajoute RBC.
Pour Francesca Bellettini, un enjeu de taille se présente pour elle et ses équipes : le redressement des comptes.
Fin juillet, Kering a dévoilé le chiffre d'affaires de Gucci au premier semestre 2025 : 3 milliards d'euros, soit une baisse de 26% en données publiées et de 25% en comparable. Les ventes dans le réseau de distribution en propre ont reculé de 24% en comparable. L'activité Wholesale est en retrait de 42% en comparable. Le résultat opérationnel courant de la griffe florentine a chuté de 52% à 486 millions d'euros.
Sur les six premiers mois de 2025, la marge opérationnelle courante a chuté de 8,7 points à 16%, en partie contenue grâce à un effort important réalisé sur la base de coûts.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Groupe de luxe né en 1963 propriétaire des marques Balenciaga, Bottega Veneta, Gucci ou Yves-Saint-Laurent ;
- Chiffre d'affaires de 17,2 Mds€ réalisé à 30% en Asie-Pacifique, 8% au Japon, 29% en Europe et 24% en Amérique du nord, avec 91% des ventes dans le réseau en propre ;
- Modèle d'affaires de « pure player » du luxe, fondé sur une croissance organique mais supérieure à celle des marchés via l’autonomie créative des Maisons et les partenariats stratégiques ;
- Capital contrôlé à 42,2% (près de 59% des droits de vote) par la holding Aremis de la famille fondatrice, François-Henri Pinault étant président-directeur général du conseil d’administration de 13 membres et Jean-François Palus directeur général délégué ;
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires face à un recul de 12 % des ventes et de 62 % du résultat :
- renouvellement des directeurs de collections et des directions générales dans les maisons phares – YSL, Gucci, Balenciaga et Bottega Venetta, assorti d’un rajeunissement de l’offre, d’une hausse de la part de la maroquinerie dans les revenus, rationalisation de la distribution-logistique, e-commerce, réseau Wholesale et élargissement du maillage des magasins,
- après un recul de 5 % des coûts, réduction du même montant en 2025,
- flexibilité financière via les cessions immobilières -1,2 Md€ en 2024, 2 Mds€ en 2025 et 2026,
- montée en puissance des diversifications : lunetterie, lancée en 2015 : déjà 1,6 Mds€ de revenus pour le 2ème acteur mondial ; parfumerie, lancé en 2023 : achat de Creed, 2 lancements en 2024 et 2025 ;
- Stratégie environnementale « Care for the planet » de neutralité totale en 2033 :
- réduction des impacts de la chaîne d’approvisionnement (pollution de l’air et de l’eau, gestion des déchets et utilisation des sols…),
- « Index de développement durable des fournisseurs » et traçabilité du bien-être animal et d’utilisation des produits chimiques,
- Materials Innovation Lab dédié aux montres et à la joaillerie, et au textile,
- soutien à la biodiversité, l’agriculture régénérative et le fonds climat pour la nature ;
- Bilan en cours de renforcement : dette nette de 10,5 Mds€ et 1,4 Md€ d’autofinancement libre.
Défi s
- Exécution de la relance de Gucci, 1er contributeur historique aux résultats ;
- Evolution du dossier Valentino détenu à 30% avec option d’acquisition totale en 2030 ;
- Absence de prévisions chiffrées pour 2025 ;
- Dividende 2024 réduit de plus de la moitié à 6€, après acompte de 2€.
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