(AOF) - Dassault Aviation (-6,22% à 268,40 euros) enregistre la plus forte baisse au sein de l'indice SBF 120 au lendemain de la publication de résultats mitigés au premier semestre 2025. " Les contextes militaires et budgétaires créent de l'incertitude sur l'activité et les résultats. En ce qui concerne les droits de douane, Dassault Aviation est en attente du résultat final des négociations entre les États-Unis et l'Europe dont l'issue impacterait notre activité Falcon " , explique le constructeur aéronautique.
Sur ce premier semestre, le résultat opérationnel de Dassault Aviation a progressé de 6% par rapport au premier semestre 2024, pour s'établir à 180 millions d'euros, "soit 25 % de moins que le consensus", souligne Berenberg qui précise que " la marge opérationnelle ajustée a baissé de 40 points de base pour s'établir à 6,3 %, reflétant l'accélération de la production du Falcon 6X.
Le chiffre d'affaires sur ce semestre s'élève à 2,8 milliards d'euros, en hausse de 12% par rapport au premier semestre 2024.
En revanche, le résultat net sur les six premiers mois de 2025 est de 386 millions d'euros, en baisse de 56 millions d'euros par rapport au premier semestre 2024, en raison d'une surtaxe d'impôts en France de 67 millions d'euros.
Le résultat net consolidé ajusté par action du premier semestre 2025 s'établit à 4,94 euros contre 5,62 euros au premier semestre 2024.
Sur le plan commercial, 7 Rafale (4 Rafale à l'Export, 3 Rafale à la France) et 12 Falcon ont été livrés. Le carnet de commandes établit un nouveau record au 30 juin 2025, à 48,3 milliards d'euros (dont 314 avions : 186 Rafale Export, 53 Rafale France et 75 Falcon).
" Un nombre de livraisons inférieur aux prévisions pour les avions Falcon et Rafale a entraîné un écart important par rapport aux prévisions de chiffre d'affaires et d'Ebit ajusté, ainsi qu'une pondération plus élevée que prévu pour le second semestre afin d'atteindre les objectifs annuels ", explique Berenberg sur la performance semestrielle de Dassault Aviation.
Les acomptes élevés versés sur les commandes de Rafale ont permis de dépasser largement les prévisions de flux de trésorerie disponible, note, en outre, le broker.
La guidance 2025 du groupe est inchangée : chiffre d'affaires 2025 en hausse par rapport à celui de 2024 classe 6,5 milliards d'euros (dont la livraison de 40 Falcon et 25 Rafale). Cette guidance pour 2025 ne prend pas en compte les droits de douane aux États-Unis et des contre-mesures européennes éventuelles.
Berenberg maintient sa recommandation à Conserver
Sur ce point, Berenberg révise à la baisse son estimation du nombre de livraisons Falcon pour l'ensemble de l'année, qui passe de 40 à 37 appareils, ce qui est partiellement compensé par la hausse des revenus des services Falcon. Il maintient son estimation de 25 livraisons Rafale pour l'ensemble de l'année. Ses estimations du chiffre d'affaires et de l'EBIT ajusté pour l'ensemble de l'année reculent respectivement de 0,5% et 3,6%. Le broker reste à Conserver sur l'action du groupe aéronautique avec une cible maintenue à 300 euros.
" Notre estimation du BPA baisse encore, reflétant la surtaxe fiscale française. Nous relevons notre estimation de trésorerie nette disponible pour l'ensemble de l'année de 11%, à 9 686 millions d'euros, avec une marge de progression si de nouvelles commandes de Rafale sont enregistrées au second semestre ", fait savoir Berenberg.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Groupe aéronautique centenaire avec plus de 2100 avions civils et 1000 avions militaires en service, livrés depuis 100 ans dans 90 pays ;
- Activité de 6,2 Mds€ réalisée à 68% à l'export, couvrant l’amont (conception et développement) et l’aval (vente et support), des avions de combat Rafale aux jets business haut de gamme Falcon et aux drones militaires ;
- Modèle d’affaires "Architecte du futur" de dualité civil/défense, notoire pour la répartition du bénéfice en 3 parts égales –participation aux salariés, dividendes aux actionnaires et impôts à l’Etat ;
- Capital détenu à 65,81% (près de 80% des droits de vote) par la famille Dassault et à 10,48% par Airbus, Eric Trappier étant président-directeur général du conseil de 9 administrateurs.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- transformation opérationnelle "Piloter notre avenir" facilitée par la coopération avec Dassault Systemes pour les plateformes collaboratives et le big data,
- plans de rattrapage et de soutien aux sous-traitants pour résoudre les problèmes logistiques et le manque de capacitaire en aérostructure affectant la qualité et le respect des délais,
- priorité donnée à la production de Rafale et au développement du « Make in India »,
- extension du réseau des centres de maintenance,
- autofinancement de la R&D à 7 % des revenus, focalisée sur les Falcon 6X et 10 X, sur le standard F4 du Rafale et le SCAF, avec une démarche InnoLab axée sur les plateformes d’intégration des ruptures technologiques (intelligence artificielle embarquée, prise de décision via data et hydrogène) ;
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone totale en 2050 :
- SAF (carburants alternatifs durables) : certification de tous les Falcon pour un mélange SAF/kérozène de 50 % (le futur Falcon 10X opérant à 100 % avec des mélanges SAF),
- amélioration de l’aérodynamique (optimisation de la masse et de la performance),
- stockage des émissions de CO2 et renouvellement forestier ;
- Carnet de commandes record de 43,2 Mds, soit 220 Rafale, dont 164 à l’export et 56 en France, et 79 Falcon ;
- Visibilité accrue par la Loi de Programmation Militaire 2024-30 : poursuite des livraisons de la 4 ème tranche Rafale, entrée en vigueur des 42 avions de la 5 ème tranche dont 20 livrables entre 2027 et 2030, livraison du standard F4 du Rafale en 2027, lancement du standard F5 du Rafale, accompagné d’un drone de combat ;
- Bilan sain : 238 M€ de dette nette, 6,3 Mds€ de fonds propres et 8,4 Mds€ de trésorerie disponible.
Défis
- Sensibilité boursière aux prises de commandes -après la Serbie en août, rumeurs sur la Colombie ;
- Vers une montée de l’international dans les revenus, les prises de commandes, de 10,1 Mds€, concernant l’export à 9% ;
- Après le retard pris dans les projets Eurodrone et avions du futur (NGF) provoqué par les tensions persistantes entre les pouvoirs politiques allemand, italien, français et espagnol , - préparation du futur : développement du Falcon 10X, livrable en 2027, préparation du NGF ou futur avion de combat et et développement des avions de mission Avsimar et Archange ;
- Objectif 2025 d’un chiffre d’affaires autour de 6,5Mds€, soit 40 Falcon et 25 Rafale
- Dividende 2024 en hausse à 4,72 €
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