(AOF) - Plus d’un mois après son avertissement sur son cash-flow libre, qui avait provoqué un effondrement de près de 38% du titre, Alstom chute de 19,76% à 11,37 euros, se retrouvant de nouveau à la dernière place du CAC 40. Le groupe ferroviaire a annoncé ce matin une série de mesures visant à renforcer son bilan afin de maintenir sa notation "Investment Grade". En fonction des conditions de marché, Alstom étudie différents types d’opérations pour accélérer son processus de désendettement, dont une augmentation de capital avec droits de préemption pour les actionnaires.
"Au regard d'une capitalisation boursière tombée à 5,4 milliards d'euros, l'augmentation de capital, dont le montant reste à déterminer, devrait avoir un impact particulièrement dilutif ", prévenait ce matin Invest Securities.
Le groupe ferroviaire envisage également des émissions de titres de quasi-capital et assimilés, incluant le refinancement de certains actifs.
Alstom a aussi dévoilé un programme de cession d'actifs, qui a déjà été lancé, générant des produits de cessions de 0,5 à 1 milliard d'euros.
Autre décision, le Conseil d'administration proposera qu'aucun dividende ne soit versé au titre de l'exercice fiscal 2023/24.
L'ensemble de ces mesures doit permettre une réduction de sa dette nette de 2 milliards d'euros d'ici mars 2025. Alstom affichait une dette nette de 3,4 milliards d'euros à fin septembre.
"Un appel clair au changement"
Au premier semestre de son exercice 2023/2024, Alstom a enregistré un cash-flow libre négatif de 1,12 milliard d'euros contre - 45 millions d'euros il y a un an à la même période. Sur l'exercice fiscal 2023-2024, la firme anticipe un cash-flow libre négatif de 500 à 700 millions d'euros.
"Le cash-flow libre négatif d'Alstom durant ce premier semestre constitue un appel clair au changement. Bien que la demande reste à un niveau soutenu, malgré une certaine volatilité, notre performance commerciale a été faible", a reconnu Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom.
" Pour améliorer la responsabilité et la discipline financière ", la société a annoncé la dissociation des fonctions de Président du Conseil d'administration et de Directeur général. Phillipe Petitcolin, ancien Directeur général de Safran est appelé à devenir Président et Henri Poupart-Lafarge, Directeur général.
En plus des mesures destinées à renforcer son bilan, Alstom "travaille à l'élaboration d'un plan global opérationnel, commercial et d'efficacité des coûts". Le groupe va ainsi supprimer 1 500 postes, "représentant près de 10% du total des fonctions commerciales et administratives".
Il souhaite par ailleurs "accroitre la marge brute du carnet de commandes par des prises de commandes de qualité", "réussir l'accélération de la mise en production" et améliorer le respect des délais de livraison. Alstom souhaite enfin de l'efficacité et de la rigueur en matière de besoin en fonds de roulement, notamment grâce à la réduction du délai de rotation des stocks.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points-clés
- Leader mondial du transport ferroviaire, des tramways et métros aux TGV, renforcé par l’acquisition, en 2021, de Bombardier Transport ;
- Activités de 15,5 Mds€ à fin d’exercice 2021-2022 réalisées à 62 % en Europe, 17 % dans les Amérique, 14 % en Asie-Pacifique et 7 % dans le reste du monde ;
- Offre couvrant tous les métiers de la construction ferroviaire : matériels roulants pour 56% des ventes, signalisation pour 15 %, systèmes pour 7 % et services (maintenance, contrôle à distance des véhicules, réseaux, passagers…) pour 22 % ;
- Modèle d’affaires fondé sur :
- la complémentarité des zones géographiques entre Alstom -France, Italie, Espagne, Inde, Asie du Sud-Est, Afrique du Nord et Brésil- et Bombardier Transport -Royaume-Uni, Allemagne, Scandinavie, Chine et Amérique du Nord,
- la création de valeur allant de la conception et réalisation d’un système ferroviaire à la maintenance ;
- Capital ouvert, détenu à 17,48 % par la Caisse de dépôt et placement du Québec, Henri Poupart-Lafarge, directeur général, présidant le conseil d’administration de 13 membres;
- Bilan solide : 9 Mds€ de capitaux propres et 4,6 Mds€ de liquidités face à 2,3 Mds$ de dette nette.
Enjeux
- Stratégie de croissance Alstom in Motion 2024/25 aux objectifs confirmés :
- hausse annuelle de + 5 % des revenus, marge opérationnelle de 8 à 10 % et investissements industriels à 2 % des revenus,
- conversion à 80 % du résultat en autofinancement libre t,
- distribution aux actionnaires entre 25 et 35 % ;
- Stratégie d’innovation soutenue par une R&D de 3,4 % et 9 400 brevets avec 3 axes :
- gamme complète de traction verte, propriété d’une technologie de piles à combustibles et, bientôt, flottes de transports entièrement connectés,
- écosystèmes d’innovation : partenariats industriels (Engie, DeutscheBann…), avec les start-ups via le fond Aster, avec les fournisseurs via le programme Alliance, participation à 30 programmes européens, dont Shift2Rail, et, en interne, intreprenariat avec I move you,
- déploiement de la suite digitale sur 100 % du groupe ;
- Stratégie environnementale de décarbonation de l’activité :
- intégrée dans la stratégie d’innovation -écoconception des principales solutions dès 2025, et visant au renforcement du capital naturel – usage d’électricité renouvelable, revalorisation des déchets, recyclage,
- visant pour 2025 (vs 2019) une réduction de 10 % de l’intensité énergétique et de 25 % des émissions de CO2 ;
- écocircularité : déchets valorisés à 98 %,
- lancement de la 1ère facilité de garantie verte ;
- Maîtrise de la rotation du portefeuille -cessions contraintes par le rapprochement avec Bombardier et renforcement de participations, notamment dans Cylus, au Kazakhstan et en Afrique du sud ;
- Bonne visibilité, avec des prises de commandes de 15,2 Mds à fin décembre, dont 55 % en Europe, soit plus d’1 an de revenus.
Défis
- Après la perte accusée en 2021-22 du fait des provisions liées à l’acquisition de Bombardier Transport, exécution des synergies du rapprochement avec Bombardier -200 M€ en 2022/23, 400 M€ par an en 2024/25 et 475-500 M€ ensuite- mais impact positif sur le bénéfice 2023 ;
- Incertitudes sur l’issue de l’enquête sur l’accident ferroviaire dee février en Gréce ;
- Impacts négatifs de l’inflation sur la marge 2022/23 mais maîtrise presque totale des approvisionnements en composants ;
- Après une hausse de 8 % des revenus sur les 9 premiers mois de l’exercice, perspectives 2022-23 confirmées d’une marge d’exploitation de 5,1 à 5,3 % et d’un autofinancement libre entre 100 et 300 M€.
En savoir plus sur le secteur Biens d'équipement
Plan d'investissement dans le ferroviaire
L'industrie ferroviaire française se situe à la seconde place en Europe et à la troisième place sur le plan mondial. Cette industrie affiche une balance commerciale excédentaire, qui génère plus de 100.000 emplois en France. L'annonce du plan d'avenir pour les transports ferroviaires français prévoit notamment la régénération et la modernisation du réseau, dont l'âge moyen est de 30 ans sur notre territoire. Cet âge est bien supérieur à celui de pays comme l'Allemagne (17 ans) et la Suisse, (15 ans). Un investissement annuel passant de 2,8 milliards d'euros, à près de 4 milliards d'euros doit permettre de maintenir en bon état tout le réseau.
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