(AOF) - Alstom (-15,65% à 19,135 euros) accuse la plus forte baisse au sein de l'indice SBF 120 après l'annonce de prévisions décevantes de cash-flow libre, en parallèle de la présentation de ses résultats en nette progression sur l'exercice 2024-2025. Pour l'exercice en cours, Alstom vise une croissance organique de son chiffre d'affaires comprise entre 3% et 5%, une marge d'exploitation ajustée d'environ 7% ainsi qu'un cash-flow libre compris entre 200 et 400 millions d'euros. Le consensus s'élevait à 518 millions d'euros pour le cash-flow libre, selon Oddo.
Cet indicateur financier est particulièrement surveillé par les investisseurs s'agissant d'Alstom. En octobre 2023, l'avertissement du groupe sur son cash-flow libre avait provoqué une chute de près de 38% de l'action.
Le spécialiste du ferroviaire anticipe également un flux de trésorerie libre positif cumulé d'au moins 1,5 milliard d'euros au cours des trois années, allant de l'exercice 2024-2025 à l'exercice 2026-2027.
Concernant ses ambitions à moyen terme, Alstom s'attend à ce que son carnet de commandes dépasse les 100 milliards d'euros au cours des deux prochaines années, grâce à des dynamiques de marché ferroviaire favorables. Il vise "une croissance moyenne des ventes d'environ 5%, grâce à un ratio commandes sur chiffre d'affaires supérieur à 1, principalement soutenu par les activités Services, Signalisation et Systèmes. Il anticipe aussi une marge opérationnelle ajustée comprise entre 8 et 10%.
Aucun dividende versé
Malgré des prévisions décevantes, Alstom a enregistré des résultats robustes sur cet exercice 2024-2025.
Le chiffre d'affaires s'élève à 18,49 milliards d'euros en croissance de 6,6% en données comparables. Les prises de commandes atteignent 19,85 milliards d'euros sur cette période, contre 18,95 milliards d'euros pour l'exercice précédent.
L'Ebit ajusté s'affiche en hausse de 18,1%, à 1,18 milliard d'euros, faisant ressortir une marge de 6,4% contre 5,7% un an plus tôt. Le groupe a bénéficié d'un volume en hausse et d'un mix produit favorable pour 30 points de base. "À cela, s'ajoutent les effets positifs des programmes de réduction des coûts pour 60 points de base (pb) et du phasage de R&D pour 30 pb, compensés en partie par les variations de périmètre pour (20) pb et par l'impact négatif résultant des déviations du portefeuille de contrats historiques pour (30) pb. " a détaille la société.
Le résultat net (part du groupe) s'élève à 149 millions d'euros contre une perte nette de 309 millions d'euros il y a un an.
Alstom a enregistré un flux de trésorerie libre positif à hauteur de 502 millions d'euros, contre un flux négatif de 557 millions d'euros un an plus tôt. Pourtant, le conseil d'administration a proposé qu'aucun dividende ne soit versé au titre de l'exercice 2024-2025.
Fort désendettement
"Alstom a connu une année solide en 2024/25, réalisant une nouvelle performance commerciale robuste et enregistrant des commandes record dans les Services et la Signalisation. Ces résultats sont parfaitement en ligne avec notre stratégie. En gérant efficacement notre portefeuille de projets et en réalisant des économies de coûts, nous sommes bien positionnés pour suivre notre trajectoire financière", a déclaré Henri Poupart-Lafarge, directeur général d'Alstom.
A fin mars 2025, l'endettement net d'Alstom s'élevait à 434 millions d'euros contre 2,994 milliards d'euros un an plus tôt. Alstom bénéficie d'une liquidité solide et de capitaux propres atteignant 10,577 milliards d'euros au 31 mars 2025.
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En savoir plus sur Alstom
Points-clés
- Leader mondial du transport ferroviaire, des tramways et métros aux TGV avec 35 % de parts du marché mondial, renforcé par l’acquisition, en 2021, de Bombardier Transport ;
- Chiffre d’affaires de 17,6 Mds€ réalisées à 62 % en Europe, 17 % dans les Amérique, 14 % en Asie-Pacifique et 7 % dans le reste du monde ;
- Offre couvrant tous les métiers de la construction ferroviaire : matériels roulants pour 52 % des ventes, services (maintenance, contrôle à distance des véhicules, réseaux, passagers…) pour 24 %, signalisation pour 15 % et systèmes pour 9 % ;
- Modèle d’affaires fondé sur :
- la complémentarité des zones géographiques entre Alstom -France, Italie, Espagne, Inde, Asie du Sud-Est, Afrique du Nord et Brésil- et Bombardier Transport -Royaume-Uni, Allemagne, Scandinavie, Chine et Amérique du Nord,
- la maîtrise de la chaîne de valeur et la sélectivité des prises de commandes ;
- Capital ouvert, détenu à 17,4 % par la Caisse de dépôt et placement du Québec et à 7,5 % par la BpiFrance, Philippe Petit-Colin présidant, depuis juin 2024, le conseil de 12 administrateurs, Henri Poupart-Lafarge étant reconduit dans sa fonction de directeur général pour la durée de son mandat d’administrateur.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- adoption de mesures d’efficacité industrielle, de réduction des frais généraux et des achats indirects et mise en place des synergies avec Bombardier Transport- 400 M€ en 2024/25- afin de renouer avec un autofinancement libre positif ;
- maîtrise presque totale des approvisionnements en composants,
- déploiement de la suite digitale sur 100 % du groupe,
- innovation soutenue par 750 M€ de R&D (portefeuille de 9 400 brevets), au service de l’autonomie & orchestration de la mobilité́ et de la gestion des données -gamme complète de traction verte, propriété d’une technologie de piles à combustibles, flottes de transport entièrement connectées… ;
- Stratégie environnementale de décarbonation de l’activité :
- intégrée dans la stratégie d’innovation : écoconception des principales solutions dès 2025, renforcement du capital naturel via l’écocircularité et l’approvisionnement à 80% de la consommation électrique des sites européens par une ferme solaire espagnole en 2025
- réduisant rapidement les émissions de scope 1 et 2 à 139 ktonsnCO2e (- de 39 % vs mars 2022),
- recourant aux facilités de crédit et emprunts « verts » ;
- Bonne visibilité, avec un carnet de commandes de 94,4 milliards d’euros à fin septembre 2024 ; renforcé ensuite par les projets en Australie, Pologne et Allemagne ;
- Bilan solide renforcé par le plan de désendettement de 2 Mds€ sécurisé en septembre : émission obligataire hybride de 750 M€, augmentation de capital de 1 Md€ et sécurisation de la cession de l’activité signalisation en Amérique du Nord.
Défis
- Retombées des participations à 30 programmes européens, dont Shift2Rail et IPCEI Hydrogen;
- Résultats des tests et lancements de trains et locomotives à grande vitesse ou autonomes ;
- Après une hausse de 5,1 % de l’activité au 1er trimestre, objectifs 2024-25 : ratio de commandes sur chiffre d’affaires supérieur à 1, hausse des revenus d’environ 5 %, marge d’exploitation d’environ 6,5 % et autofinancement libre de 300 à 500 M€ ;
- Vers l’approvisionnement à 80 % de la consommatique électrique des installations européenne par une ferme solaire espagnole exploitée à partir de début 2025 ;
- Objectif 2024-25 : ratio de commandes sur chiffre d’affaires supérieur à 1, hausse des revenus d’environ 5 %, marge d’exploitation d’environ 6,5 % et autofinancement libre de 300 à 500 M€ ;
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