
dette française (Crédits: Adobe Stock)
Avec une dette publique qui atteint 114 % du Produit Intérieur Brut (PIB) au premier trimestre 2025, la France franchit un seuil préoccupant qui alimente le débat sur la soutenabilité des finances publiques et les choix budgétaires à venir.
La question de la dette n'est plus seulement un enjeu économique réservé aux experts, elle devient un sujet central de préoccupation pour une majorité de Français. Découvrons d'où vient cette dette, comment elle est financée, par qui, et plus dans cet article.
C'est quoi la dette publique ?
La dette publique représente l'ensemble des emprunts qui ne sont pas encore remboursés par l'État (81 %), les administrations de la Sécurité Sociale (9 %), les administrations publiques locales (8 %) et les divers organismes d'administration centrale (2 %). Au niveau européen, c'est cette définition harmonisée, dite « au sens de Maastricht », qui est utilisée pour permettre la comparaison entre pays.
Concrètement, lorsqu'un pays n'a pas assez de ressources (impôts, etc.) pour couvrir ses dépenses ou ses investissements, il doit emprunter, créant ainsi un déficit budgétaire qui vient alimenter cette dette publique. En France, la charge de la dette correspond à près de 7 % du budget du gouvernement.
Où en est la France ?
En 2024, les finances publiques françaises sont marquées par un important déséquilibre : les dépenses ont atteint 1 670 milliards d'euros, tandis que les recettes se sont élevées à 1 502 milliards. Le déficit a donc atteint 168,6 milliards d'euros, soit 5,8 % du PIB, un chiffre qui va au-delà du seuil de 3 % fixé par les règles européennes.
La dette publique poursuit sa progression. En 2024, elle atteint 3 305 milliards d'euros, soit 113,2 % du PIB. Elle était de 109,8 % du PIB en 2023 et 111,9 % fin 2022. En comparaison, avant la pandémie de Covid-19, elle s'élevait à 97,9 % du PIB en 2019. La tendance se confirme en 2025.

Graphique dette Insee
Selon les derniers chiffres publiés par l'Insee1, la dette publique française aurait atteint 3 345,8 milliards d'euros à la fin du T1 2025, représentant 114 % du PIB. Cette hausse est notamment due à une augmentation de la dette de l'État et de celle des administrations de Sécurité sociale, tandis que la dette des autres organismes publics reste globalement stable. Les collectivités locales voient également leur endettement progresser.
À l'échelle européenne, la situation française reste préoccupante. En moyenne, la dette publique brute des administrations publiques dans la zone euro atteint 88 % du PIB début 2025. Or la France figure parmi les pays les plus endettés de l'Union européenne, derrière la Grèce (152,5 %) et l'Italie (137,9 %), mais devant la Belgique (106,8 %) et l'Espagne (103,5 %). À l'opposé, certains pays comme la Bulgarie, l'Estonie ou encore le Danemark affichent des niveaux de dette nettement plus faibles, inférieurs à 30 % du PIB.

Graphique dette EU
Qui finance la dette publique française ?
Pour financer cette dette, la France émet régulièrement des titres sur les marchés financiers, principalement des obligations appelées OAT (obligations assimilables du Trésor), qui peuvent avoir des durées de remboursement allant de deux à cinquante ans. Ces titres sont achetés par divers acteurs, aussi bien français qu'étrangers.
La dette française est répartie de manière équilibrée entre différents acteurs. Environ un quart est détenu par des investisseurs français, un autre quart par des investisseurs de la zone euro et un troisième quart par ceux situés hors de la zone euro. Le dernier quart est quant à lui détenu par la Banque de France.
Le profil des détenteurs de cette dette est varié. On retrouve notamment des banques, des compagnies d'assurances ou encore des fonds de pension, notamment dans les pays où les retraites sont en partie financées par la capitalisation.
L'urgence de réduire la dette française : un débat qui s'impose
Face à une dette publique qui atteint désormais 114 % du PIB, le débat sur la nécessité de la réduire devient de plus en plus pressant, tant sur le plan politique qu'au sein de la société française.
Une étude récente réalisée par l'institut Elabe2 révèle que ce sentiment d'urgence est largement partagé par la population. Selon ce sondage, 82 % des Français estiment qu'il est urgent de réduire la dette publique.
La hausse continue de la dette depuis la pandémie de Covid-19 alimente une inquiétude quant à la soutenabilité des finances publiques françaises à long terme. La remontée des taux d'intérêt avec la crise sanitaire a aussi rendu le coût de la dette plus lourd pour l'État. Enfin, les Français sont de plus en plus sensibles à la question de la responsabilité budgétaire, dans un contexte où des choix difficiles doivent constamment se faire notamment entre réduction des dépenses et hausse des impôts.
La pression sociale pour réduire la dette s'inscrit donc dans un climat où la confiance dans la capacité des pouvoirs publics à maîtriser les finances s'effrite. Pour les décideurs, cette dynamique renforce la nécessité d'engager un débat clair sur les priorités budgétaires et les leviers possibles pour ramener progressivement le déficit et la dette sur une trajectoire plus soutenable.
Le sujet de la dette publique s'impose donc désormais comme un enjeu central du débat social, économique et politique en France.
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