(AOF) - Airbus ne s'envole pas en Bourse, à l'ouverture des marchés ce mercredi mais gagne 2,41% à 195,10 euros, figurant parmi les plus fortes hausses du CAC 40. Cette progression surprend, après l'annonce ce matin de l'abaissement de ses prévisions de livraison d'avions commerciaux pour l'exercice 2025 : 790 contre une estimation précédente d'environ 820. Le constructeur aéronautique a été forcé de prendre cette décision, en raison d'un récent problème de qualité chez un fournisseur de panneaux de fuselage ayant impacté le flux de livraison de ses appareils A320.
Objectifs financiers inchangés
En revanche, Airbus maintient ses autres prévisions pour cette année 2025. Le concurrent de Boeing vise toujours un Ebit ajusté d'environ 7 milliards d'euros et un flux de trésorerie libre avant financement des clients d'environ 4,5 milliards d'euros.
Jefferies explique que ce problème oblige Airbus à inspecter les avions en cours de production. Suite à la mise à jour des prévisions de livraison du constructeur aéronautique, le broker, tout en restant à l'Achat sur Airbus, a réduit son objectif de cours à 230 euros contre 235 euros, bien que positif sur l'effet de levier opérationnel.
"Nous anticipons un EBIT juste au niveau de la prévision de 7 milliards d'euros, alors que nous nous s'attendions auparavant à une performance plus solide. Avec près de 30 livraisons retirées, nous supposons également que les niveaux de stocks restent élevés jusqu'à la fin de l'année, ce qui réduit notre estimation de free cash-flow à 3,8 milliards d'euros. Comme nous prévoyons toujours un niveau de trésorerie nette significatif à la fin de 2025, nous laissons inchangées nos hypothèses pour un rachat d'actions de 1 milliard d'euros en 2026. Dans l'ensemble, nous réduisons le BPA de 4% en 2025 et de 6% en 2026, car nous diminuons également nos volumes de livraison à 917 (contre 957)", a expliqué Jefferies pour justifier sa décision.
Avant qu'Airbus ne rende officielle la baisse de son objectif de livraison ce mercredi, dans sa note d'analyse d'hier, Oddo BHF estimait que la marge de manœuvre sur la tenue de l'objectif de 820 livraisons en 2025 devenait plus étroite. Le broker souligne aussi que les problèmes de qualité sur un lot de panneaux de fuselage font peser plus de risque sur cet objectif. Il explique ce mercredi que "si cet épisode met une nouvelle fois à l'index la communication financière d'Airbus, il réitère son opinion Surperformance et son objectif de cours à 236 euros pour un titre qui va bénéficier de l'amélioration progressive de la supply chain et du travail réalisé sur l'agilité de son outil industriel".
Outre cette décision forcée de réviser à la baisse son objectif de livraison, Airbus divulguera le nombre de commandes et de livraisons d'avions commerciaux pour le mois de novembre le 5 décembre prochain. En octobre, le groupe aéronautique en a livré 78 à 36 clients. Depuis le début de l'année 2025, le nombre de livraisons s'élève à 585 appareils pour 85 clients.
Rappel massif d'avions
Airbus n'est pas épargné par les déboires. Le constructeur aéronautique a rappelé vendredi dernier près de 6 000 avions A320, pour remplacer en toute urgence un logiciel de commande vulnérable aux radiations solaires, à la suite d'un incident fin octobre aux États-Unis. "Nous travaillons avec nos clients aériens pour soutenir la modification des moins de 100 avions restants afin de garantir leur remise en service", avait précisé le constructeur aéronautique dans un communiqué publié lundi dernier.
L'incident en question concerne celui du 30 octobre dernier et le vol de l'appareil A320 de la compagnie aérienne américaine JetBlue qui partait de la ville mexicaine de Cancún pour rejoindre celle de Newark (New Jersey), près de New York.
Jefferies soulignait que "l'analyse de cet incident avait révélé qu'une intense radiation solaire pouvait corrompre des données critiques au fonctionnement des commandes de vol". Durant le vol, l'appareil avait soudainement piqué vers le bas sans intervention des pilotes. Ces derniers ont dû alors entamer une phase de descente puis faire atterrir l'avion à Tampa, en Floride.
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Points clés
- Constructeur aéronautique leader mondial devant Boeing, né en 1949 sous le nom d'Aérospatiale, diversifié dans les satellites et la défense ;
- Revenus de 69,2 Mds€, tiré des avions civils pour 72%, des activités défense & espace (17%) puis des hélicoptères (11%) et provenant d’Asie-Pacifique (33%), d’Europe (32%), des Amériques (18%) et du Moyen-Orient (9% ) ;
- Ambition au service de 4 impératifs :
- maintenir le leadership en aéronautique et défense,
- s’appuyer sur les racines européennes,
- accroître les capacités d’investissement,
- acquérir le leadership de la décarbonation de l'industrie ;
- Capital ouvert avec des positions fortes des Etats français (10,8%), allemand (10,82%) et espagnol (4,1%), le conseil d’administration de 10 membres étant présidé par René Obermann, Guillaume Faury étant directeur général.
- Changement de gouvernance en mai 2026, Oliver Zipse prenant la présidence du conseil.
Enjeux
Agilité du modèle d’affaires " Prochain chapitre " :
- fondée sur 3 piliers organisationnels : simplification, renforcement et croissance,
- résolution proche des problèmes d’approvisionnement, avec objectif d’une production mensuelle de 75 appareils par mois en 2027, l’intégration de Spirit Aerosystems, devant renforcer la chaîne logistique,
- restructuration de la division aéro-espace aux impacts positifs sur la rentabilité 2025,
- couverture $/€ efficace, le dollar étant monnaie de vente pour 80 % des revenus ;
- portée par l’innovation
-3,25 Mds€ de R&D et un portefeuille de 10 500 brevets
- feuille de route " Fast-Track " priorisant l’électrification, les systèmes industriels, la connectivité, l’autonomie, les matériels et l’intelligence artificielle,
- organisation " CRT " axée sur les technologies de rupture ;
Stratégie environnementale :
- d’ici 2030, réduction de 63% des émissions de scope 1 et 2 et, d’ici 2035, réduction de 46% des émissions générées par les avions commerciaux en service,
- conception d’un avion " ZEROe " avec carburant hybride-hydrogène
- foisonnement d’initiatives -High5+ de recul des émissions et déchets durant le process de production, Sentinel 5P de données sur l’air, Air Race E, Disruptive Lab…,
- intégration de critères ESG dans certaines facilités de crédit ;
- Visibilité de l’activité civile avec un carnet de commandes de 494 avions, renforcé lors du salon du Bourget notamment pour le futur avion cargo A 350F (63 commandes)
- Situation financière solide mais, au premier semestre, flux de trésorerie négatif de 1,6 Md€ avant crédit aux clients et une position nette de trésorerie ramenée à 7 Mds€.
Défis
- Réduction attendue des stocks pour l’automne ;
- Suivi des négociations UE-Etats-Unis sur les droits de douane américains : aéronautique a priori non soumis aux tarifs douaniers mais incertitudes sur les contreparties accordées à Boeing ;
- Attente d’une hausse des prix de vente pour l’A220 et l’A350 ;
- Après une hausse de 6% du chiffre d’affaires et de 58% du bénéfice d’exploitation à fin juin, objectifs 2025 confirmés : livraison de 820 avions civils, bénéfice opérationnel autour de 7 Mds€ vs 5,4 Mds€ et flux de trésorerie opérationnel stable autour de 4,5 Mds€ ;
- Dividende 2024 en hausse à 2 €, assorti d’un dividende exceptionnel de 1 €.

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