(AOF) - ADP décline légèrement (-0,27% à 110,60 euros) après que l'Elysée a annoncé "envisager" de nommer le directeur général adjoint chargé des finances, Philippe Pascal, au poste de PDG en remplacement d'Augustin de Romanet, qui dirige le groupe depuis 2012. Ce choix était anticipé depuis une indiscrétion de "L'Informé" publiée au début du mois. La valorisation de l'opérateur de plateformes aéroportuaires ne s'est jamais vraiment remise de sa chute brutale au moment de la crise sanitaire.
Le feuilleton de la succession d'Augustin de Romanet
L'Élysée précise dans son communiqué que la présidente de l'Assemblée nationale et le président du Sénat seront saisis de ce projet de nomination, "afin que la commission intéressée de chacune des assemblées se prononce dans les conditions prévues par le cinquième alinéa de l'article 13 de la Constitution".
Inspecteur général des finances, né en 1971, Philippe Pascal a rejoint ADP en 2013 pour assumer la direction des finances du groupe. Il est depuis 2016 directeur général adjoint chargé des finances, de la gestion, de la stratégie, de la comptabilité, de la fiscalité, des achats, des moyens généraux et de la logistique.
Augustin de Romanet, PDG depuis 2012, a été nommé PDG par intérim en mai 2024. Matignon a annoncé fin mars 2024 qu'il serait maintenu en poste jusqu'aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris afin de "garantir leur bonne organisation", mais pas au-delà.
Des avis partagés sur les perspectives du titre
La valeur divise les observateurs. Deutsche Bank est passée mi-décembre d'Achat à Conserver sur le titre avec un objectif de cours abaissé de 140 à 132 euros, soulignant qu'il avait du mal à voir les catalyseurs qui pourraient pousser les marchés à le revaloriser, à un moment où l'incertitude politique en France devrait persister à court et moyen terme.
Stifel est au contraire passé quelques semaines auparavant de Conserver à Acheter avec un objectif de cours relevé de 130 à 148 euro, estimant que les vents contraires qui ont fait sous-performer le groupe deux ans durant "pourraient bientôt s'atténuer", avec le changement de patron prévu d'ici le 25 janvier et une compensation entière de la taxe sur les infrastructures à partir du 25 avril.
ADP, dont l'action se replie de 4% sur un an, publiera ses résultats annuels le 19 février 2025 (après bourse).
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points-clé
- Numéro 1 mondial de la gestion aéroportuaire avec près de 340 millions de passagers et 26 plateformes, né en 1945 ;
- Chiffre d’affaires de 5,5 Mds€ réparti en 4 pôles – la gestion des infrastructures aéroportuaires, les commerces & services, l’international & développements aéroportuaires avec le turc TAV et l’indien GMR, l’activité immobilière des terminaux (ADP étant l’un des plus grands propriétaires fonciers d’Ile-de-France);
- Ambition : consolidation de la place de numéro 1 mondial dans la conception, la construction et l’exploitation d’aéroports, s’appuyant sur les accords avec les compagnies aériennes et sur une stratégie environnementale volontariste ;
- Capital détenu à 50,6 % par l’Etat français, le groupe Vinci (8 %) et Crédit agricole assurances (7,8 %), Augustin de Romanet, directeur général, présidant le conseil de 18 administrateurs.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires
- expérience opérationnelle visant pour 2025 : au moins 80 % des vols partant à l’heure, offre à 50 % des passagers d’un parcours biométrique, nette amélioration des correspondances avion-train,
- stabilisation à 28 ans de la maturité moyenne du portefeuille de concessions,
- exploitation du parc immobilier avec l’extension de l’offre d’hospitalité Extime avec les acquisitions du français Experience Group et de l’américain P/S,
- écosystème digital global centré sur la donnée, via 100 routes internationales et la smartisation des aéroports, l’innovation étant focalisée sur les prestations télécom & mobilités via le Hub One ;
- Stratégie environnementale de neutralité carbone 2050 (en 2030 pour les opérations au sol) :
- amélioration de la qualité de l’air, valorisation des déchets, usage de 10 % d’énergies bas carbone, électrification de la flotte de roulage et préservation de la biodiversité,
- budget carbone pour les cycles de vie des investissements de + 5 M€,
- partenariat avec Saclay dans les projets durables suivis dans le nouveau Green Hub d’innovation dans l’aéroport de Roissy,
- d’ici 2025, intégration de critères RSE dans la rémunération de tous les salariés ;
- Situation financière tendue au 30 juin : dette de 8,6 Mds€ supérieure aux fonds propres avec un effet de levier de 4,2 mais garantie de la dette par l’Etat et trésorerie de 1,9 Md€.
Défis
- Forte corrélation à la santé financière des compagnies aériennes, notamment EasyJet et AirFrance-KLM, 1er et 2ème opérateurs à Paris ;
- Evolution du taux de dépense par passager à Paris (niveau record de 31,4 € à fin septembre) ;
- Attente pour fin décembre, de l’avis de l’Autorité de régulation des transports sur les tarifs proposés par Aéroports de Paris pour la période avril 2025-mars 2026 ;
- Après la liaison Paris-Orly en 2024, attente de la livraison du Paris-Roissy-CDG Express ;
- Poursuite du déploiement de GMR Airports, détenu à 45,7 % après cotation sur les marchés financiers indiens et gérant 7 aéroports, en Inde, Indonésie et Grèce (110 M de passagers) ;
- Après une hausse de 11,7 % du chiffre d’affaires et de 64,5 % du résultat net au 1er semestre, objectifs 2024 : trafic en hausse de + 8 % pour le groupe et, pour Paris Aéroports, de 3,5 % environ (bas de la fourchette donnée en début d’année), investissements de 1,3 Md€ et hausse de + 4 % du bénéfice opérationnel ;
- Dividende 2023 de 3,82 €, soit un taux de distribution de 60%.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer