par Lucy Raitano
Alors que se profile le début de la saison des résultats des entreprises en Europe, les analystes ont rapidement revu leurs attentes en termes de bénéfices pour le premier trimestre après le choc provoqué par l'annonce des droits de douane américains.
En début d'année, les bénéfices des sociétés du Stoxx 600 étaient attendus en hausse de 1,5% sur janvier-mars par rapport à la même période de 2024, ce qui aurait marqué un troisième trimestre consécutif de croissance.
Mais depuis l'annonce mercredi dernier de vastes surtaxes douanières par l'administration Trump - qui a précipité les Bourses européennes dans le rouge en 2025 - le consensus montre désormais un repli attendu de 1,5% sur un an, selon des données LSEG.
Les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump contre ses principaux partenaires commerciaux, y compris l'Europe, sont plus élevés que ne le craignaient de nombreux acteurs du marché.
"Les droits de douane plus élevés que prévu (...) n'ont pas été pris en compte dans les calculs de nombreux investisseurs ou entreprises", souligne Magesh Kumar Chandrasekaran, stratège chez Barclays, ce qui laisse entrevoir la possibilité d'avertissements sur les bénéfices.
Certains secteurs devraient être plus durement touchés que d'autres.
Pal Skirta, analyste chez Bankhaus Metzler, prévoit ainsi que l'augmentation des droits de douane érodera les marges bénéficiaires des constructeurs automobiles, même s'ils parviennent à répercuter certains coûts sur les clients.
Ce risque n'est toutefois pas pris en compte dans les prévisions financières pour 2025, prévient-il.
Les analystes de JPMorgan ont pour leur part estimé que tous les fabricants d'articles de sport qu'ils couvrent, ainsi que le joaillier danois Pandora PNDORA.CO et le fabricant français de lunettes EssilorLuxottica ESLX.PA seront probablement touchés de plein fouet par les droits de douane américains.
"Pour ces entreprises, nos calculs initiaux et approximatifs suggèrent des impacts négatifs importants à deux chiffres au niveau du résultat opérationnel", écrivent-ils dans une note.
Les analystes de JPMorgan soulignent également la vulnérabilité des fabricants suisses de montres, la Suisse devant faire face à des droits de douane américains de 31%, soit plus que les 20% imposés aux pays de l'Union européenne (UE).
De son côté, le courtier Bernstein a revu à la baisse lundi ses estimations de ventes pour 2025 pour le secteur du luxe, disant prévoir désormais une baisse de 2%, contre une croissance de 5% précédemment anticipée.
VOLATILITÉ
Dans ce contexte incertain, les dirigeants des entreprises seront particulièrement attendus sur leur évaluation de la situation et leurs perspectives.
"Les entreprises seront probablement honnêtes et diront que le monde est très incertain. Elles pourront faire une sorte d'analyse de scénario et l'exposer aux investisseurs", note Guy Stear, analyste chez Amundi Investment Institute.
Déjà très élevée lors des publications de résultats, la volatilité pourrait encore être plus importante pour cette saison.
Selon Angelo Meda, responsable des actions et gestionnaire de portefeuille chez Banor SIM, une grande partie des mauvaises nouvelles pourraient déjà être intégrées dans les cours pour certains secteurs, ce qui pourrait empêcher d'autres chutes importantes.
"Il faut donc se préparer à des surprises, comme une action d'une entreprise dont les résultats sont médiocres, mais qui remonte ensuite", prévient-il.
(Reportage Lucy Raitano, avec la contribution d'Ozan Ergenay à Gdanzk, Danilo Masoni à Milan, Mimosa Spencer à Paris, Helen Reid à Londres et Elisa Anzolin à Milan ; version française Diana Mandia, édité par Blandine Hénault)
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