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La liste des difficultés s’allonge : un repli tactique des positions s’impose
information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 07/11/2025 à 14:09

(Crédits: Adobe Stock)

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Le 7 novembre 2025

Les marchés nous ont appris à faire preuve d'humilité en matière de prévision boursière. Les éléments qui font la tendance sont à ce point complexes et contradictoires, que le bon sens n'est pas toujours suffisant pour appréhender l'évolution des cours au jour le jour. Au cours de ces derniers mois, nous avons été confrontés à une multitude d'alertes toutes aussi préoccupantes les unes que les autres, sans que celles-ci ne détournent les marchés de leur irrésistible course en avant. Le jeu bien connu à Wall Street du « bad news is a good news » a très bien fonctionné. A chaque fois que la croissance piquait du nez, ou que le marché du travail se dégradait, les investisseurs s'en sont remis à la Fed pour sauver la situation. Depuis le printemps dernier, aucun des coups de gueule de Trump n'a fait dévier la trajectoire. Pas plus que les événements géopolitiques survenus en Ukraine ou au Moyen-Orient. L'instabilité croissante du climat politique en France est, elle aussi, passée sur le CAC 40 comme la pluie sur les plumes d'un canard.

Laskine

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Depuis quelques jours, la musique n'est plus tout à fait la même. Les signaux sont suffisamment sérieux pour justifier la mise en place d'un repli tactique sur l'ensemble des positions des portefeuilles. Le premier sujet de préoccupation concerne la soutenabilité de la croissance des profits des valeurs technologiques. La question n'est plus de savoir si l'IA est promise à un bel avenir : les gains de productivité et les perspectives d'innovation auxquels elle donne accès ne font plus débat. Ce qui préoccupe, ce sont les moyens considérables que les grands acteurs du secteur sont obligés de mobiliser pour financer leur développement. Les dépenses d'investissement des « Big techs » américaines absorbent près de deux tiers des cash-flows. Les besoins de financement de l'IA sont tels que OpenAI, la société qui développe ChatGPT, serait sur le point de demander à l'Etat fédéral de garantir ses emprunts. Notamment ceux nécessaires à la couverture des quelque 1 000 milliards de dollars de dépenses promises pour les cinq années à venir. Les analystes craignent qu'en cas de difficultés, les plus grands du secteur qui financent OpenIA pourraient à leur tour en subir les conséquences. Une situation difficilement acceptable de la part de sociétés qui se négocient sur le Nasdaq à plus de 30 fois les profits.

La Bourse à deux vitesses, avec d'un côté les valeurs technologiques qui ont fait état d'un bond de 26,5% de leurs profits au cours du troisième trimestre, et de l'autre les sociétés appartenant aux secteurs les plus traditionnels devant se contenter de taux de progression inférieurs à 10%, voire négatifs, fragilise l'ensemble de la cote. Les marchés s'inquiètent aussi des importantes destructions d'emplois aux Etats-Unis (le niveau le plus élevé en 22 ans au cours du mois dernier), ce qui ne peut que peser sur la croissance. Une partie de ces pertes d'emplois est notamment aggravée par le « shutdown » qui atteint un niveau record de 36 jours de paralysie de l'ensemble des services publics.

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Ces difficultés concernent les Etats-Unis, mais elles atteignent l'Europe, où les performances des entreprises n'égalent pas celles de leurs concurrentes d'outre-Atlantique. Les déceptions sur les résultats ont été plus importantes qu'à l'accoutumée. Elles s'expliquent par un taux de croissance des économies bien inférieur à celui des Etats-Unis, ainsi que par la baisse du billet vert qui pèse sur la compétitivité des produits européens et conduit à des effets de change négatifs. Cette semaine, le Nasdaq a connu deux séances de baisse de près de 2%. A Paris, les replis ont été moins violents, mais depuis le 28 octobre, l'indice CAC 40 a connu sept séances de baisse et une seule de hausse à 0,08% !

Dans ce contexte, nous avons procédé cette semaine à plusieurs arbitrages. Les principales réductions de positions ont été réalisées sur la sélection d'ETF Monde. Cette dernière a très bien profité de nos efforts de diversification à l'international, mais elle risque de voir son avance fondre en raison de la correction intervenue sur toutes les places mondiales. Ce jeudi, nous avons donc préféré prendre de larges profits sur nos trackers Amundi indexés sur le CAC 40, l'Eurostoxx 50, le S&P 500 et le Nasdaq. Les fortes positions prises sur l'iShares MSCI World n'ont pas été modifiées, pour la simple raison qu'un rebond technique peut être envisagé après les fortes baisses de ces derniers jours. Les mêmes prises de bénéfices ont été réalisées dans la sélection de fonds ISR sur laquelle nous réalisons habituellement peu de mouvements. Comme le montrent les graphiques de performances ci-joints, ces deux sélections continuent de réaliser un beau parcours, surtout celle consacrée aux ETF Monde, avec une avance significative de 12,7% depuis le début de l'année, supérieure à tous les indices européens et même au S&P 500 une fois la performance convertie en euros.

Sur les portefeuilles de gestion d'actions en direct, la tâche est plus ardue pour plusieurs raisons. La première tient à l'affectio societatis, qui nous lie aux sociétés que nous avons minutieusement sélectionnées et que nous avons du mal à vendre sans état d'âme lorsque les affaires tournent moins bien. Cet attachement - ou biais cognitif pour les forts en thème - est bien connu des boursiers. L'autre explication de la plus grande inertie des portefeuilles d'actions en direct tient au fait que les marchés réagissent de plus en plus au jour le jour, alors que nous sommes conditionnés à gérer dans une optique de moyen terme. L'extrême volatilité des cours nous incite à relativiser les baisses, et à vendre trop tard lorsque la dégradation s'inscrit dans la durée. Nous avons ainsi beaucoup hésité avant de réduire les positions sur certaines de nos valeurs de référence, comme Schneider Electric, BNP Paribas ou ASML. Il a, en revanche, été plus facile d'alléger sur des lignes plus spéculatives, comme la biotech Medincell ou Exosens, spécialisé dans les systèmes de détection militaire et industriel. Le portefeuille Défensif, qui conserve un gain de 5,7% depuis le début de l'année, a moins souffert que l'Offensif plus exposé aux fluctuations du marché, avec une performance annuelle revenue à moins de 2%.

Quelle stratégie pour la fin de l'année ? Au cours de ces derniers mois la vigueur du marché était telle que toutes les baisses, notamment à Wall Street, étaient presque immédiatement compensées par des achats d'opportunité, il s'agit du fameux Buy the dip, dont nous avons fait mention la semaine dernière. Aujourd'hui, les difficultés que nous avons mentionnées en introduction nécessitent le maintien d'une orientation plus défensive des portefeuilles. Les positions ont déjà été bien réduites. Il pourrait s'avérer nécessaire de procéder à d'autres ajustements, mais il n'y a pas lieu de trop découvrir les portefeuilles. La fin probable du « shutdown » dans un proche avenir, une remontée de la probabilité de voir la Fed baisser ses taux directeurs une nouvelle fois en décembre ou la publication en décalé des résultats trimestriels de Nvidia, pourraient constituer autant de bons prétextes pour inciter les opérateurs à vouloir finir l'année en beauté. Dans les semaines à venir, toute la question sera de chercher à distinguer les tendances de fond réellement capables de porter un rebond durable, de l'exploitation du moindre événement destinée à garnir le panier de fin d'année des professionnels de la gestion ayant grandement besoin de rassurer la clientèle.

Bonne lecture et bon week-end à tous,

Roland Laskine

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