
(Crédits photo : BCE - )
Par Claudia Fontanive-Wyss, Gérante, Vontobel. Mondher Bettaieb-Loriot, Responsable obligations d'entreprises, Vontobel.
La Banque centrale européenne (BCE) dispose aujourd'hui d'une occasion unique de relever ses taux d'intérêt d'un niveau sans précédent de 75 points de base.
Les données sur l'inflation dans la zone euro sont très élevées et l'estimation de l'indice des prix à la consommation (IPC) en glissement annuel (YoY) pour le mois d'août a atteint 9,1 %. La BCE doit veiller à ce que les anticipations d'inflation ne se désancrent pas trop. Plus elle attend, plus il sera difficile de les faire baisser à l'avenir. C'est d'autant plus vrai que la BCE tarde à relever ses taux par rapport aux autres grandes banques centrales. Elle n'a pas réussi à relever ses taux en juin, puis elle a surpris en juillet avec une hausse de 50 pb.
Pourquoi maintenant ?
Les données économiques récentes sont relativement solides. L'indice PMI (Purchasing Managers Index) des services de la zone euro reste supérieur à 50, celui de l'industrie manufacturière est légèrement inférieur au seuil de 49,8, tandis que les projections de croissance économique sont orientées à la baisse. Le taux de chômage de la zone euro est modéré avec 6,6 % - un niveau inférieur à celui de Covid-19 et ceux de la crise de 2008. Il est important de noter que la BCE a abandonné ses prévisions précédentes et que les hausses de taux se feront au fur et à mesure des réunions.
Comment les effets de la hausse seront-ils atténués ?
Lors de la dernière réunion de la BCE, Christine Lagarde a introduit l'instrument de protection de la transmission (TPI) qui vise à assurer le mécanisme de transmission de la politique monétaire et à éviter la fragmentation. Cet instrument, bien qu'il soit assez vague, protégerait en particulier les niveaux de spreads périphériques d'atteindre des niveaux insoutenables. Les facteurs d'atténuation devraient relever davantage de la fiscalité européenne et/ou nationale. La réunion d'urgence des ministres de l'énergie de l'UE ce vendredi pourrait contribuer à freiner les prix de l'électricité, car ils prévoient de décorréler les prix de l'électricité de ceux du gaz et de plafonner les prix. En Allemagne, un allégement fiscal est intervenu sous la forme d'un troisième plan d'aide de 65 milliards d'euros, destiné à aider les ménages et les entreprises à faire face à la flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires.
Quels sont les prix pratiqués ?
Le marché prévoit une hausse de 75 pb pour la réunion de demain, ce qui a été renforcé par les commentaires hawkish de plusieurs membres de la BCE ces derniers jours. Seul Philip Lane a semblé émettre quelques réserves, plaidant pour une approche plus mesurée. L'idée d'une hausse de 75 points de base serait la bienvenue, car les données plaident en faveur d'une action immédiate, mais la possibilité d'une hausse de 50 points de base n'est pas non plus à exclure.
Une grande partie des risques liés à la hausse des prix, au ralentissement des prévisions de croissance et à l'attitude hawkish des banques centrales sont désormais pris en compte dans les crédits européens, et les rendements des obligations d'entreprises semblent attrayants. Un léger fléchissement pourrait se produire plus tard dans l'année, lorsque les révisions de bénéfices seront revues à la baisse, mais à ce stade, il existe un potentiel de stabilisation des spreads de crédit, idéalement soutenu par une décision durable et prospective de la BCE.
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