
Des drapeaux de l'Union européenne à Bruxelles, le 18 décembre 2024 ( AFP / NICOLAS TUCAT )
La Commission européenne a proposé mardi d'assouplir ses règles pour renvoyer les demandeurs d'asile, répondant à une demande répétée des Etats membres de durcir sa politique migratoire.
Cette proposition inquiète les ONG de protection de migrants et certains élus.
Actuellement, la loi européenne prévoit que des demandeurs d'asile puissent être renvoyés vers des pays dont ils ne sont pas originaires mais que les Etats membres considèrent comme "sûrs".
Il faut cependant qu'il y ait un "lien" suffisant entre la personne concernée et ce pays tiers: qu'un membre de sa famille y réside, que le demandeur d'asile ait déjà travaillé dans ce pays etc.
Ce que l'UE propose, c'est de pouvoir éliminer cette obligation de "lien", permettant de fait d'accélérer les renvois.
- "Cruel et inutile" -
"Cela signifie qu'un migrant pourrait être envoyé dans un pays tiers avec lequel il n'a aucun lien et pourrait se retrouver en situation de vulnérabilité, voire de maltraitance", alerte l'eurodéputée centriste Fabienne Keller dans un communiqué, qualifiant la proposition de "problématique".
Elle pourrait aussi très bien être "illégale", selon Meron Knikman du International Rescue Committee. "Il serait cruel et inutile d'envoyer des personnes dans un pays qu'elles connaissent à peine ou dans lequel elles n'ont jamais mis les pieds", déplore-t-elle auprès de l'AFP.
Les ONG estiment que les gouvernements européens seront aussi exposés à un chantage par ces pays tiers, qui pourraient exiger une ribambelle de contreparties politiques et financières pour accueillir ces demandeurs d'asile.
La Commission réfute toutes ces critiques, assurant que les pays dans lesquels ils seront renvoyés devront avant tout respecter les droits fondamentaux. Et que cette proposition a pour principal objectif d'accélérer le traitement des demandes d'asile.
"Il s'agit vraiment de donner davantage de flexibilité aux Etats membres" de l'Union européenne, a affirmé un porte-parole de la Commission, Markus Lammert.
Pour entrer en vigueur, cette proposition devra être approuvée par le Parlement européen et les Etats membres.
- Pression des Etats membres -
Or Bruxelles est justement sous pression des Etats membres pour durcir sa politique migratoire, face à la poussée de la droite et de l'extrême droite à travers le continent.
La Commission avance méthodiquement sur ce dossier.
Mi-mars, elle avait déjà dévoilé de premières mesures pour accélérer les expulsions d'étrangers en situation irrégulière.
L'exécutif européen avait notamment proposé un cadre légal à la création de centres pour migrants en dehors de ses frontières, les fameux "hubs de retour".
Avant d'établir en avril une liste de pays qu'elle juge "sûrs" (dont la Tunisie, le Maroc ou l'Inde) limitant de fait les possibilités d'asile pour leurs ressortissants.
Les appels à un durcissement de la politique migratoire européenne interviennent alors même que le nombre de passages clandestins aux frontières de l'Union a considérablement diminué.
En 2024, il a atteint le niveau le plus bas depuis 2021, lorsque les flux migratoires étaient encore perturbés par le Covid, selon les données de l'agence européenne Frontex.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer