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L'Iran accélère sur l'uranium en marge de la guerre à Gaza, avant la présidentielle US
information fournie par Reuters 17/11/2023 à 07:00

Les
Etats-Unis et leurs alliés ne disposent plus que d'un champ
d'action restreint pour freiner les avancées du programme
nucléaire de l'Iran, alors que les pourparlers sont depuis
longtemps dans une impasse et que des sanctions plus strictes
contre Téhéran pourraient enflammer des tensions régionales déjà
vives avec la guerre à Gaza.
    A un an de l'élection présidentielle américaine de novembre
2024, qui limite la marge de manoeuvre de Washington, quatre
diplomates en fonction et trois anciens diplomates ont dressé un
tableau sombre des efforts destinés à contrôler le programme
nucléaire iranien, dont un nouveau rapport de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA) a souligné les
avancées constantes.
    D'après l'un des deux rapports confidentiels de l'AIEA cette
semaine que Reuters a pu consulter, l'Iran dispose d'une
quantité suffisante d'uranium enrichi à 60% - soit un seuil
proche du grade militaire - pour fabriquer trois bombes. Les
puissances occidentales estiment qu'un tel seuil n'est pas
destiné à un usage civil.
    Le stock iranien d'uranium continue de croître, indique le
rapport de l'agence onusienne, alors même que Téhéran a toujours
nié vouloir se doter de l'arme nucléaire.
    Après l'échec des pourparlers indirects entre les Etats-Unis
et l'Iran destinés à ramener les deux pays dans l'accord
international de 2015, remis en cause par l'ex-président
américain Donald Trump en 2018, l'actuel locataire de la Maison
blanche, Joe Biden, ne dispose désormais même plus de la
possibilité de sceller une "entente" informelle avec Téhéran, du
fait du conflit à Gaza, qui a alimenté les tensions.
    Washington soutient son allié Israël dans la guerre qu'il
livre dans l'enclave palestinienne face au Hamas, lequel dispose
de l'appui de Téhéran.
    
    "PARALYSIE"
    "Il y a une sorte de paralysie, en particulier parmi les
Américains (...) parce qu'ils ne veulent pas ajouter de l'huile
sur le feu", a déclaré un diplomate européen de haut rang,
s'exprimant sous couvert d'anonymat.
    D'éventuelles négociations destinées à parvenir à une
"entente" avec l'Iran, pour qu'il limite ses travaux nucléaires,
impliqueraient des concessions de la part de Washington, comme
un allègement des lourdes sanctions contre Téhéran.
    Cela paraît inconcevable depuis l'attaque lancée par le
Hamas en Israël le 7 octobre et l'offensive dans la bande de
Gaza menée en réponse par l'armée israélienne. En marge du
conflit, des groupes armés alignés sur l'Iran ont lancé, selon
le Pentagone, des dizaines d'attaques de drones et de missiles
contre des positions de l'armée américaine en Irak et en Syrie.
    En parallèle, le contexte aux Etats-Unis limite la marge de
manoeuvre de l'administration de Joe Biden, qui brigue une
réélection en novembre prochain et devrait de nouveau être
opposé à Donald Trump, lequel pourrait se servir d'une
quelconque entente avec l'Iran pour la présenter comme une
faiblesse de son rival.
    "Dans l'environnement actuel, il n'est tout simplement pas
faisable sur le plan politique de chercher un arrangement avec
l'Iran sur la question nucléaire", a commenté Robert Einhorn, un
ancien représentant du département d'Etat américain.
    "Le débat politique ne va pas se situer autour de
négociations avec l'Iran, mais sur l'affrontement avec l'Iran",
a-t-il déclaré.
    Après le déclenchement de la guerre à Gaza, les Etats-Unis
ont déployé deux porte-avions et des renforts aériens en
Méditerranée orientale, en partie pour envoyer un avertissement
à l'Iran.
    Des représentants américains répètent toutefois que
Washington ne veut pas une escalade du conflit et appellent les
mouvements armés proches de Téhéran à ne pas s'en mêler.
    
    ENTRAVES À LA SURVEILLANCE DE L'AIEA
    Les Etats-Unis et leurs trois alliés européens signataires
de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien - France,
Grande-Bretagne et Allemagne - vont se focaliser sur la réunion
du conseil des gouverneurs de l'AIEA, prévue la semaine
prochaine, alors que les deux rapports transmis cette semaine
par l'agence onusienne font état de progrès constants de Téhéran
dans son programme nucléaire et d'entraves à la surveillance de
l'AIEA.
    Un accord conclu en mars dernier pour réinstaller sur des
sites nucléaires iraniens des équipements de surveillance, dont
des caméras, enlevés l'an dernier à la demande de Téhéran, n'a
été que partiellement respecté.
    L'AIEA a aussi été exaspérée par le retrait en septembre par
l'Iran des autorisations accordées à certains de ses inspecteurs
les plus expérimentés, empêchant de facto ceux-ci de travailler
dans le pays.
    En réaction, les puissances occidentales ont alors menacé
d'adopter une résolution contraignante pour ordonner à l'Iran de
revenir sur sa décision, l'une des sanctions les plus strictes
dont dispose le conseil des gouverneurs de l'AIEA.
    Quatre diplomates ont dit penser qu'une telle résolution
était désormais peu probable, citant la nécessité d'éviter une
escalade diplomatique et nucléaire avec Téhéran en marge du
conflit entre Israël et le Hamas, qui focalise l'attention.
    S'exprimant sous couvert d'anonymat, ces diplomates ont
déclaré qu'il était davantage vraisemblable que soit adoptée une
mesure moins spectaculaire, comme un communiqué non-contraignant
qui menacerait l'Iran d'une action plus forte lors de la réunion
suivante du conseil de l'AIEA, en mars prochain.
    "Nous ne pouvons pas avoir de résolution", a déclaré le haut
diplomate européen. "Si nous venions à adopter une résolution
(...), cela pourrait pousser (les Iraniens) à bout", a-t-il
ajouté, citant un uranium enrichi à 90%, soit le grade
militaire.
    Deux diplomates ont estimé que rien ne pourrait être fait
dans les prochains mois à part soutenir les efforts du directeur
de l'AIEA, Rafael Grossi, pour renforcer la surveillance du
programme nucléaire iranien. Rafael Grossi cherche à faire
rétablir d'ici la fin de l'année l'autorisation de ses
inspecteurs à travailler en Iran.
    "Il est trop prématuré de dire si l'Iran va devenir un Etat
nucléaire ou s'il va rester un Etat-seuil comme maintenant", a
déclaré un diplomate. "Mais pour le moment il va continuer
d'enrichir (de l'uranium)".

 (Reportage John Irish à Paris, Francois Murphy à Vienne et
Arshad Mohammed à Washington; rédigé par Jean Terzian, édité par
Bertrand Boucey)

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