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L’Impact du réchauffement climatique sur les marchés financiers
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 23/03/2017 à 09:35

Jean-Luc Buchalet
Jean-Luc Buchalet

Jean-Luc Buchalet

Pythagore Consult

PDG

L'Organisation Mondiale de la Météorologie a tiré la sonnette d'alarme ce mardi 21 mars. Dans son rapport, elle déclare 2016 comme étant l'année la plus chaude jamais enregistrée par l'Homme. Les scientifiques s'inquiètent, d'autant que 2017 devrait également subir les conséquences du réchauffement climatique. Face à l'urgence de la situation, l'économie mondiale se retrouve partagée entre d'importants investissements à réaliser et la rentabilité proposée par les énergies fossiles.

Le monde du pétrole et des énergies fossiles est en pleine mutation. Dans le contexte nouveau d'effondrement des prix du pétrole après des années à plus de 100 dollars le baril, le pic pétrolier est repoussé sine die . Dans les années 1970, les géologues pensaient avoir seulement quarante ans de production pétrolière devant eux avant l'épuisement des réserves. En réalité, nous avons sous terre plusieurs décennies d'or noir facilement disponible. Le trop-plein n'est pas près de se résorber. L'abondance d'une énergie fossile très bon marché avec un prix du pétrole compris entre 50 et 60 dollars le baril constitue une forme de malédiction qui ne va pas faciliter la transition énergétique vers une économie « décarbonée ». La tentation est forte de céder aux sirènes des combustibles fossiles, responsables de 80 % des émissions mondiales de CO 2 . Même si les énergies vertes alternatives deviennent de plus en plus compétitives et progressent fortement, leur production reste toujours marginale. Les énergies renouvelables (hors hydroélectricité) ne représenteront que 10% du total en 2035 contre 2.5% aujourd'hui. Le charbon a encore de beaux jours devant lui et devrait peser encore un quart du mix énergétique en 2035, comme aujourd'hui ! Dans le même temps, la consommation d'énergie devrait encore croitre de 26%.

Malgré l'essor incontestable de ces énergies alternatives grâce aux progrès techniques continus, le chemin à parcourir pour décarbonner la planète reste donc immense. Pour conserver des chances de ne pas dépasser le seuil des 2° C d'augmentation d'ici 2050, le stock de CO 2 dans l'atmosphère devrait rester dans une fourchette comprise entre 860 à 1 180 milliards de tonnes. Or les réserves fossiles du globe représentent trois à quatre fois ce montant, voire cinq fois si l'on intègre les pétroles et gaz non conventionnels. Face à l'urgence climatique, une conclusion s'impose : s'abstenir d'extraire et de brûler la plus grande partie de ces réserves fossiles. Selon une étude menée par Christophe McGlade et Paul Etkins, de l'University College of London, 35 % des réserves de pétrole, 52 % de gaz et 88 % de charbon devront rester sous terre si l'on veut éviter le réchauffement. Il faudrait que nos émissions baissent dès à présent et soient ramenées au tiers de leur valeur actuelle en 2050, deviennent nulles en 2080 et négatives (stockage du CO 2 ) à la fin du siècle, d'après les calculs de Jean-Marc Jancovici (ingénieur spécialisé dans le conseil en énergie-climat).

Réduire les émissions de CO 2 aura un effet récessionniste puissant, au moins à court terme, car cela reviendrait à stopper une partie de l'économie. Les pays émergents sont dans la totale incapacité de respecter les décisions de La COP21, sous peine de voir leur économie ralentir trop brutalement. Ils vont continuer allégrement de se comporter en « voyageur clandestin ». La hausse de la température induite, si les États-Unis et la Chine se contentent d'honorer leur accord de novembre 2014, serait de 3,8°C d'ici 2100. Aujourd'hui, une quarantaine de pays ont introduit des mécanismes de tarification du carbone, qui couvrent 12 % des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Ces instruments ont montré leur totale inefficacité, à cause d'un prix de la tonne du CO 2 trop bas pour pouvoir décourager l'exploitation des énergies fossiles. Seul un changement profond de notre modèle de développement pourrait sauver la planète d'un réchauffement supérieur à 1,5 % mais il induirait un recul de la croissance économique de l'ordre de -0.20 % par an d'ici 2050. Le calcul du coût de l'impact économique de l'inaction face au réchauffement climatique relève de l'exercice impossible. Selon la Revue scientifique Nature , nous aboutirions à une baisse globale du PIB de 23% d'ici 2100, ce qui donne une estimation de ralentissement économique de -0.31% par an. La décision d'agir est d'autant plus difficile à prendre que l'impact du réchauffement climatique ne se fera sentir que très faiblement dans les premières années et s'accélérera de façon exponentielle par la suite, au fur et à mesure que l'on se rapprochera de 2100.

Les pays du Nord se sont engagés lors de la COP21 à donner aux pays pauvres 100 milliards de dollars par an pour lutter contre le réchauffement climatique, soit l'équivalent de 0,1 % de la richesse mondiale, une goutte d'eau dans l'océan de l'inaction. En Europe, c'est de l'ordre de 14 000 milliards d'euros sur 20 ans qui devraient être investis, soit 75% du PIB européen de 2016 (3.75% du PIB par an), pour nous « décarboner » [1] . On voit l'immensité du travail à entreprendre pour l'ensemble de la planète, qui représente une somme vingt fois supérieure au premier plan Juncker ! D'ici 2100, la perte en capital due au réchauffement climatique est évaluée à 10% sur les actifs financiers. Face à ce constat, la gouvernance mondiale actuelle a-t-elle les moyens de changer notre modèle de société ? La présidence de Donald Trump ne change-t-elle pas complètement la donne ? Pour le moment, il n'existe aucune autorité supranationale susceptible de mettre en œuvre et de faire respecter l'approche classique adoptée lors de la COP21 pour gérer ce bien commun qu'est le climat.

L’Impact du réchauffement climatique sur les marchés financiers

L’Impact du réchauffement climatique sur les marchés financiers


[1] Jean-Marc Jancovici, « 100 milliards, ce n'est presque rien », Les Echos , 17 mai 2016, p. 17.

2 commentaires

  • 23 mars 11:31

    En revanche je ne miserai pas sur les producteurs d'énergie établis (EDF, Engie...) qui auront du mal à atirer des investisseurs. Difficile de dégager des marge lorsqu'il faut racheter l'éléctricité verte à un prix artificiellement élevé tout en devant maintenir leurs investissements dans des unités de production pour garantir la continuité électrique en cas de pic et vendre son surplus électrique à vil prix du fait de l'abondance de l'offre le reste du temps.


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