(Actualisé avec confirmation et précisions)
par Elaine Lies, Yoshifumi Takemoto et Linda Sieg
TOKYO, 28 août (Reuters) - Le Premier ministre japonais, en poste depuis 2012, a annoncé vendredi sa démission pour des raisons de santé, mettant fin ainsi au plus long mandat à la tête de la troisième puissance économique mondiale, au cours duquel il a cherché à relancer la croissance et renforcer la sécurité du pays.
"Je ne peux pas être Premier ministre si je ne peux pas prendre les meilleures décisions pour le peuple. J'ai décidé de démissionner de mon poste", a déclaré Shinzo Abe, âgé de 65 ans, lors d'une conférence de presse à Tokyo.
Shinzo Abe lutte depuis plusieurs années contre une colite ulcéreuse, une maladie chronique.
Présentant ses excuses au peuple japonais pour n'avoir pas pu aller au bout de son mandat s'achevant en septembre 2021, Shinzo Abe a précisé qu'il resterait à son poste jusqu'à la nomination de son remplaçant.
Il a ajouté qu'il ne lui revenait pas de choisir son successeur alors que des candidats se bousculent pour prendre la tête du Parti libéral démocrate (PLD), dont il est issu et devenir de facto Premier ministre.
Cette démission lance en effet la compétition pour prendre la direction du PLD, dont le vainqueur deviendra le nouveau Premier ministre pour le reste du mandat de Shinzo Abe.
Selon la NHK, l'ancien ministre des Affaires étrangères Fumio Kishida vise ce poste, tout comme l'ancien ministre de la Défense Shigeru Ishiba.
Le successeur de Shinzo Abe devrait probablement poursuivre la politique économique de son prédécesseur alors que le pays fait face à l'épidémie de coronavirus.
"Le tableau d'ensemble reste inchangé. En termes de politique économique et budgétaire, l'accent reste mis sur la reflation", a déclaré Jesper Koll, conseiller chez WisdomTree Investments, un gérant d'actifs.
BAISSE DE POPULARITÉ
Shinzo Abe, un conservateur, est revenu au pouvoir en décembre 2012 pour un second mandat en tant que Premier ministre, avec un programme de relance fondé sur une politique économique qualifiée d'"abénomique", un mélange de politique monétaire très accommodante, de relances budgétaires et de réformes.
Lundi, il a dépassé le record du plus long mandat consécutif détenu par son grand-oncle Eisaku Sato, il y a un demi-siècle.
Sa démission intervient également dans un contexte géopolitique marqué par des incertitudes, avec notamment la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et les élections américaines du 3 novembre.
Critiqué pour sa gestion de l'épidémie de coronavirus, Shinzo Abe a également vu sa cote de popularité fléchir, bien que le pays n'ait pas enregistré les niveaux de contamination et de décès observés ailleurs dans le monde.
Au deuxième trimestre, le Japon a accusé sa plus forte récession économique du fait notamment de la pandémie qui a affecté le commerce de détail et les exportations.
Sous le mandat de Shinzo Abe, le Japon a renforcé ses capacités de défense militaire après des années de baisse, tenant ainsi sa promesse faite aux électeurs.
Son gouvernement a aussi modifié la constitution pour permettre aux troupes japonaises de combattre à l'étranger, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais Shinzo Abe s'est avéré incapable de réviser l'article 9 de la constitution, rédigée après-guerre par les Etats-Unis et qui consacre le caractère pacifiste du pays.
(Avec Kiyoshi Takenaka et Ritsuko Ando, version française Kate Entringer et Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)
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