
(Crédits photo : Adobe Stock - )
La valorisation des valeurs IA atteint des niveaux stratosphériques. Approchons-nous de valorisations de bulle financière ? Où le marché a-t-il raison d'anticiper une croissance majeure de ce secteur économique ?
Nous recommandons depuis début 2023 d'investir dans les valeurs IA. Ce conseil a été plus que fructueux. Mais un arbre ne monte pas jusqu'au ciel. L'histoire financière montre que les révolutions technologiques majeures se terminent souvent par une bulle spéculative sur les actions concernées.
Le dernier exemple le plus marquant est celui de la bulle internet en 2000. Greenspan avait alors parlé d'exubérance irrationnelle. Le Nasdaq avait monté de près de 400% entre septembre 1998 et mars 2000. Il a alors plongé fortement à la suite des attentats du 11 septembre reperdant tous ses gains pour stagner ensuite durant plusieurs années.
Bulle internet du Nasdaq entre 1998 et 2000

Source : Bloomberg LLP. Bloomberg n'est pas responsable de cette analyse.
Sommes-nous au bord d'une telle explosion d'une bulle spéculative ?
Quelles valeurs intégrons-nous dans la bulle IA ? NVidia est clairement la clé de l'écosystème IA comme Cisco l'a été pour la révolution internet. Broadcom est son équivalent dans l'écosystème Apple mais semble avoir accumulé un retard technologique. La chaine de production NVidia inclut ASML Holding (photocopieur de puces), Taiwan Semi-Conducteur (impression des puces), Microsoft (intégration puce dans système d'exploitation Microsoft Windows 11 et 12 via un pont avec Linux), Meta (création d'avatars virtuels), etc…
On a un écosystème concurrent autour d'Apple via Broadcom. Il se recoupe avec Microsoft via Taiwan Semi Conductors, mais reste très différent puisque NVidia n'est pas compatible avec Apple, étant concurrent de Broadcom pour les cartes graphiques. On voit là tout le risque de l'environnement fermé d'Apple.
Un troisième écosystème est lié à Google Android. A priori, l'IA aura plus de problème à s'imposer car les puces ne sont pas assez puissantes. On peut alors voir un terme d'obsolescence technique des smartphones par rapport à des smart computers. Ceci se reflète dans la sous-performance relative de Google.
Quel impact du l'IA sur l'économie réelle ?
L'IA est un peu comme l'invention de la machine à vapeur au temps de la première révolution industrielle. Celle-ci avait remplacé la force physique des animaux par les machines. L'IA a la capacité à remplacer la force intellectuelle par celle des ordinateurs. C'est le fondement d'une nouvelle révolution industrielle. Elle va remplacer beaucoup de tâches répétitives des cols blancs par des applications type Chat GPT.
Mais l'IA offre beaucoup d'autres gains de productivité majeure. Elle offre un saut quantique dans la puissance de calcul des ordinateurs. Celle-ci stagnait depuis près de 20 ans dominée par un géant endormi, Intel. Elles reposent sur une digitalisation du monde réel, comme internet a digitalisé le commerce et l'information. L'IA permet à terme d'étendre à l'ensemble du monde réel sa réplication dans une matrix digitale virtuelle.
Les applications sont alors très larges. Meta peut ainsi à terme permettre de créer des avatars des utilisateurs. Ils pourront ainsi jouer dans un monde virtuel. Mais surtout, ils pourront alors tester par exemple des vêtements sur leur propre avatar. Ces vêtements seront ainsi digitalisés et modifiables dans toutes leurs dimensions. On pourra ensuite lancer une chaine de production qui créera le vêtement virtuel dans un monde réel. C'est un peu l'approche TEMU qui a fait tant de ravages dans l'industrie textile renversant des géants comme GAP et tant d'autres. Cette convergence entre le monde réel et son miroir digital demande des puissances de calcul considérable. Il faut être capable de recalculer des millions de pixel en un temps record. C'est exactement le focus des cartes graphiques pour les jeux vidéo tels que les avait développés NVidia.
Un autre axe majeur de croissance viendra de la possibilité de basculer la puissance de calcul des ordinateurs Office et Apple des puces historiques type Intel vers la puissance NVidia et Broadcom. C'est à terme une menace pour les centre de cloud computing type Amazon qui faisaient miroiter des puissances de calcul considérables au prix d'un grand risque sur la confidentialité. On peut penser que la puissance créatrice des développeurs sera ainsi bien plus optimisée.
De fait, de nombreux algorithmes sont puissants non pas par leur complexité de programmation, mais pour leur capacité à structurer, analyser et exploiter l'ensemble des données existantes via une approche « big data ». Ceci est a fortiori vrai en finance. L'ensemble des informations financières du monde réel est analysable via les données comptables, financières, analytiques des entreprises. Une plateforme comme Bloomberg permet d'accéder à toutes ces données pour un prix relativement modique si on le rapporte à l'universalité des données fournies. On peut ainsi pense que les métiers financiers et de gestion d'actifs vont être particulièrement affectés par l'IA.
Mais on peut élargir cette anticipation à l'ensemble des données. Ainsi, la medtech va être prodigieusement impactée par ces nouvelles capacité de calculs. Elles permettront d'analyser non seulement le génome, mais aussi d'adapter les traitements à des génomes spécifiques. On va passer ainsi du grand public à une médecine « prêt à porter » adaptée à chaque individu.
Comment ne pas penser que cette révolution IA n'impactera pas aussi le marché des téléphones portables. Google avait réussi avec Android à casser la prééminence du Microsoft de Bill Gates en imposant un système d'exploitation alternatif. Le génie de Microsoft a été d'adapter son Windows 11 à NVidia en créant des passerelles entre la carte graphique et la puissance de calcul. On peut se demander si Google saura gagner cette course technologique.
On peut donc déjà affirmer que NVidia est en train de renverser la table technologique et de créer une nouvelle infrastructure technologique. Sa valorisation boursière a atteint un plus haut de 3.3 tn USD le 8 juin contre un plus bas de 400 Mds USD fin 2022. Nvidia se place ainsi parmi des titans comme Apple et Microsoft avant de consolider sur les derniers jours.
Capitalisation boursière de Nvidia depuis 2019

Source : Bloomberg LLP. Bloomberg n'est pas responsable de cette analyse.
Comment gérer un portefeuille et profiter de l'IA ?
Il est clair que l'IA est le thème d'investissement majeur de performance d'un portefeuille depuis début 2023. On peut cependant penser qu'il y aura à un moment donné des bulles de valorisation comme on l'a vu sur internet. Le « hype » (thème à la mode) de l'IA va forcément créer à terme une exubérance irrationnelle du marché dans sa dimension « lémurienne ». Avons-nous atteint cette zone rouge, nous n'en sommes pas certains.
Quoiqu'il en soit, même si le début de la chaine de production IA est déjà peut être sur valorisée, cela n'est certainement pas le cas de toute la chaine high tech. Comme expliqué ci-dessus, la révolution NVidia est une révolution qui impacte tout l'éco système. À terme, ce sont tous les utilisateurs qui souhaiteront basculer des puces « dinosauriennes » Intel et Android vers des Ferrari NVidia et peut être Broadcom. C'est donc tout le parc des ordinateurs, téléphones portables et station de travail qui est ainsi concerné.
Cette Nvidiaisation de la puissance de calcul va alors impacter l'ensemble de la chaine de production, du brevet jusqu'à l'ordinateur final. ASML Holding produit les photocopieurs » puce et est devenue la plus grande capitalisation européenne (autour de 386 Mds EUR). Taiwan Semi-Conducteur produit les puces et est rentré dans le top 10 des actions mondiales (765 Mds USD de capitalisation). On peut citer d'autres noms inconnus du grand public comme Active Micro Device, Quanta computer, Lasertec, etc…
Sommes-nous dans une bulle financière IA ?
La question à plus de 10 Tn USD est jauger de la valorisation des big techs à commencer par la bande des trois valeurs titan que sont Nvidia, Apple et Microsoft (autour de 3 tn USD de capitalisation boursière chacune). Bien des allocations d'actifs se sont focalisées sur des valeurs value plus faciles à valoriser. Mais c'était là une erreur majeure. A fortiori si on prend en compte la crise du CAC du fait des élections. On a ainsi un écart de près de 21% entre la performance 2024 du CAC (+1%) et celle du Nasdaq (+22%) ! ou encore le MSCI Monde (+14%).
À l'intérieur du Nasdaq, on a aussi des différences majeures entre NVidia (+154% !) et la sphère IA qui ont explosé à la hausse et le reste des valeurs technologiques. Tesla (-25%), ou même Apple (+9%) ont eu des performances 2024 beaucoup plus raisonnables. C'est là une différence majeure avec la bulle internet de 2000. L'action Cisco, le Nvidia de l'époque, avait entrainé à sa suite beaucoup plus de valeurs qui se sont brutalement effondré en 2000 pour ne remonter qu'à partir de 2003.
Il fort probable que la révolution IA se terminera par une bulle semblable. Mais notre opinion est que nous ne sommes pas encore à ce stade. Au contraire, nous avons eu un élargissement récent de nos signaux d'achats big tech à commencer par Apple, Microsoft, Amazon et même Tesla qui semble avoir trouvé son plancher actuariel
Quelle stratégie d'investissement ?
Nous restons sur pondéré sur la big tech en particulier américaine via le Nasdaq ou des fonds assurance vie comme JP Morgan US Technology (très proche du Nasdaq) voire Fidelity Global Technology (moins lié aux valeurs IA). Nous réduisons notre exposition au premier cercle des valeurs IA (autour de Nvidia, Taiwan Semi-Conducteurs, Broadcom, ASML Holding, ). Nous élargissons le portefeuille à des valeurs global tech qui bénéficieront forcément de la révolution IA mais qui sont loin de la performance et des valorisations du premier cercle. Ainsi, notre recommandation d'achat sur Apple s'est avérée correcte. La surmédiatisation des risques de sanctions européennes contre Apple nous renforce dans notre conviction. Pour Tesla, on est peut être proche d'un tel retournement vu les négociations en cours sur les véhicules électriques entre l'UE et la Chine.
Conclusion :
La révolution IA est en route. Rien ne pourra l'arrêter. Elle va restructurer l'ensemble de l'économie mondiale aussi bien aux niveaux des services (finance, droit), de la distribution (avatars) et de la production (circuits courts producteurs/consommateurs).
On peut même penser que les guerres géopolitiques actuelles (Chine/Taiwan, Russie/UE) en sont une dimension. Même la révolution sociologique et politique actuelle peuy être analysés à la lumière de cette grande révolution schumpétérienne. Nous sommes à l'aurore d'un nouveau cycle de Kondratieff qui va détruire une grande partie de la richesse mondiale pour la transférer vers les porteurs de lumière qui sauront comprendre et surfer cette nouvelle vague de l'histoire.
Les implications financières de ces analyses sont déjà bien amorcées. Il faut savoir dés à présent apprendre les nouveaux paradigmes du marché pour capitaliser sur cet enrichissement majeur pour ceux qui auront compris cette nouvelle page de notre histoire.
Evariste Quant Research est un cabinet indépendant d'analyse et de recherche financière basée sur des solutions d'Intelligence Artificielle appliquées à la gestion d'actifs.
Disclaimer.
Cette analyse financière n'est pas un conseil en investissement. Evariste Quant Research et leurs clients peuvent détenir des titres mentionnés dans cette analyse.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer