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Industrie 4.0, c'est bien, effets volumes et gains de productivité, c'est mieux : la belle histoire de PVL - Groupe Plastivaloire
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 11/05/2017 à 10:42

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

On peut penser que la finance de marché voit le monde par le petit bout de la lorgnette : on a tendance de fait à regarder d'abord le cours de Bourse d'une société, puis son bénéfice par action, et diviser ensuite l'un par l'autre pour obtenir enfin le PER de la société, et le considérer avec la plus grande attention. Le reste, les fondamentaux, c'est-à-dire le métier et les produits, la notoriété, le positionnement stratégique, les marges, la solidité du bilan, la génération de cash, et, surtout, la qualité du travail, et des gens qui œuvrent dans cette société, etc…, etc… bref, tout ce qui procède du monde réel, vient quelquefois après. Cette façon de fonctionner à un nom : la dictature du court-terme.

Ce fameux PER étant, comme chacun sait, l'aune à laquelle on mesure la valorisation, est d'autant plus élevé qu'il se situe au-dessus du PER de marché. Il est une moyenne des PER des sociétés cotées, qui est historiquement (c'est-à-dire en moyenne aussi, et sur longue période, soit presque depuis l'invention des Bourses de valeurs, il y a un certain temps déjà) de 15 fois, environ.

En toute logique, un PER élevé est justifié par une croissance attendue du bénéfice par action plus forte que la croissance moyenne, et/ou par les qualités exceptionnelles, et supérieures, des affaires en question : on trouve ce genre de PER (que l'on n'ose plus qualifier de stratosphérique) dans certains secteurs de la cote, comme le luxe, vraisemblablement parce que c'est rare (cf Hermes : 35,5x ; LVMH : 22,9x), ou encore chez les géants de l'internet (cf Amazon : 79x ; Alphabet-Google : 31,5x ; Facebook : 39x ; Netflix : 207x !), qui ont, semble-t-il, remplacé les mines d'or (ou de diamants) dans l'inconscient collectif.

Inversement, et avec une logique toute aussi imparable, le marché applique des PER relativement faibles aux valeurs plus banales, notamment à nombre de valeurs industrielles : les constructeurs automobiles sont valorisés 7x en moyenne, leurs fournisseurs équipementiers 11x, etc… Ce qui peut toutefois, après réflexion, paraître curieux. Après tout, c'est dans l'industrie que se fait la vraie création de richesses, avec des machines bien au point qui dégagent des rendements élevés quand les volumes sont là, et parce que l'on peut commencer avec quelques machines seulement, et développer ses capacités et son parc d'équipements au fur et à mesure que ses marchés grandissent (ou que ses concurrents faiblissent).

C'est un univers où, de plus, les opportunités ne manquent pas : on invente sans cesse de nouveaux produits, et le progrès technique, stimulé par la concurrence, ne s'arrête jamais. On assiste même de temps en temps à de vraies révolutions (industrielles), ce qui est exactement ce qui arrive en ce moment :

  • Les usines s'automatisent beaucoup depuis quelques, et on y utilise plus de robots, et, d'autant que beaucoup de " cobots " , ces robots, servent les opérateurs de production sans pour autant prendre leur place. Un mouvement de fonds qui se fait même en France, un pays où, pourtant, les robots sont habituellement assez mal vus, si l'on en juge les usines reconfigurées de bout en bout chez Peugeot, Safran, Airbus-Stelia, etc…
  • Les machines sont d'autant mieux robotisées qu'elles sont munies de capteurs variés de plus en plus précis et, surtout, connectées à un système d'information qui les pilote. L'usine devient digitale, et c'est peut-être dans ce domaine, plus que dans l'électroménager (le grille-pain connecté et autres innovations "disruptives") que l'IoT, le nouvel Eldorado de la techno, a le plus de sens : il génère les données de production en temps réel qui permettent de mieux régler les processus, de faire de la maintenance prédictive etc.., et de toujours mieux utiliser les capacités in fine. C'est tout l'enjeu des plates-formes informatiques pour l'industrie 4.0, telles que MindSphere chez Siemens, Predix chez GE, ou encore 3DExperience chez Dassault Systèmes, qui se répandent rapidement en ce moment.

L'industrie change donc, et elle change vite. Ne pas s'y intéresser quand on est investisseur, soi-disant parce qu'il y a mieux à faire ailleurs (dans la Banque, le Luxe, la Bio Tech, les Netcos, la Distribution, et ainsi de suite) relève éventuellement de l'erreur de méthode.

Il y a mieux encore : les affaires sont plutôt bonnes en ce moment, et meilleures qu'elles n'ont été depuis longtemps. Ceci notamment dans l'aéronautique, avec Airbus qui a dix ans de chiffre d'affaires en commandes, et va livrer cette année encore plus d'avions qu'en 2016, et dans l'automobile, où les immatriculations progressent de +8% en Europe au premier trimestre 2017. Deux gros secteurs qui s'appuient sur un tissu industriel dense, et qui font donc travailler beaucoup d'entreprises, lesquelles affichent pour la plupart de très bonnes performances économiques.

Un exemple ? PVL - Groupe Plastivaloire : ce groupe familial qui, comme son nom l'indique, opère dans la plasturgie, et travaille principalement pour les constructeurs automobiles, pour lesquels il fabrique des pièces "décorées" avant tout : panneaux de portes, des tableaux de bords, des faces avant, etc… a publié récemment un chiffre d'affaires en progression de +13% sur son premier trimestre 2016-2017. Une croissance purement organique, d'autant plus remarquable que la base de comparaison est élevée : l'activité avait progressé de +18%, toujours en organique, sur l'exercice précédent clôturé fin septembre 2016, grâce à une belle percée commerciale chez les constructeurs automobiles allemands "premium", et par la reprise générale des ventes d'automobiles en Europe.

Un exercice durant lequel la marge opérationnelle est aussi passée de 6,2 à 8%, soit un gain important, dû principalement, selon la direction, aux gains de productivité et à une meilleure utilisation des capacités.

De fait, l'effet volume, autrement dit le levier opérationnel joue à plein chez PVL, c'est le moins que l'on puisse dire : sur les trois derniers exercices, PVL a augmenté son chiffre d'affaires de +40% environ, ce qui est bien, et plus que doublé son résultat opérationnel, ce qui est encore mieux. Et si l'on regarde la performance sur les quatre derniers exercices, c'est-à-dire en partant du point (très) bas de l'exercice 2012-2013, celle-ci est encore plus impressionnante : le chiffre d'affaires gagne près de +50% en quatre ans, et le résultat opérationnel est multiplié par un facteur 12 !

Ce que le marché, dans son immense sagesse, n'a pas manqué d'acter, puisque le cours de Bourse de PVL a été multiplié par plus de 4 en trois ans. Avec une vraie revalorisation à la clé : le PER de la société est passé de 7x à 10x, et le multiple de chiffre d'affaires (une autre mesure importante de la valorisation d'une société), de 0,1x à 0,8x. Une hausse impressionnante.

Après ce parcours météorique, le cours devenant un peu lourd à 175€, le nominal de l'action vient d'être divisé par 8, "pour améliorer la liquidité, et rendre l'action plus accessible aux actionnaires individuels".

C'est beau, l'industrie !

J. Lieury
Analyste Senior
Olier Etudes & Recherche www.olier-etudes-recherche.fr
Membre du Cercle des Analystes Indépendants

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